FIJM 2017 : Pink Martini, Ravi Coltrane et Anderson .Paak & The Free Nationals
Dernière journée du Festival International de Jazz de Montréal! Déjà! Hugo Tremblay nous fait un dernier récit de ses aventures musicales.
Pink Martini comme un rayon de soleil
Pour commencer cette dernière journée du FIJM couverte de nuages bien gris, Pink Martini a parsemé de leur musique colorée la salle Wilfrid-Pelletier saturée jusqu’au plafond de têtes blanches. Le spectacle de près de deux heures faisait brièvement oublier la température maussade, avec leurs pièces dansantes et joyeuses chantées dans autant de langues que tu peux apprendre en une vie (français, anglais, portugais, arménien, turc, arabe, allemand, name it). Leur musique en général assez pastichée, mais les onze musiciens derrière sont assez solides merci. Les interventions étaient aussi excellentes, avec entre autres une petite touche d’humour à quelques endroits dans le spectacle qui a bien décontracté l’audience (tout ça a même fini en chenille géante qui déambulait autour des bancs du parterre). Vraiment, ça faisait un assez bon spectacle d’après-midi.
Est-ce que Ravi nous a ravi?
En sortant de la Place des Arts, le ciel était presque exempt de nuages, il faisait chaud et le Urban Science Brass Band jouait le hook de Mask Off à tue-tête. L’été était donc officiellement revenu, et je suis allé célébrer ça avec Ravi Coltrane qui jouait devant un Gesù plein à rebords avec The Void. Le groupe était composé du saxophoniste accompagné d’un batteur, d’un bassiste, d’un pianiste, d’un tromboniste et d’un trompettiste. Le groupe nous a joué beaucoup de compositions ainsi que certaines interprétations, toutes mises à leur sauce, évidemment. Tous les musiciens de Ravi sont très bons, mais pas excellents. Tout le monde jouait bien ensemble, ils étaient solides, certains solos étaient bons, les autres étaient corrects. Les compositions sont souvent intéressantes, non sans réminiscence des styles plus traditionnels de jazz, avec des harmonies complexes et un beau contrepoint entre les trois cuivres… Mais elles n’étaient pas plus qu’intéressantes. Je veux dire pas là qu’il n’y avait pas de touche significative d’originalité dans la chose.
Tout ça donnait un concert somme toute assez fade. Rien n’était mauvais, au contraire. Mais surtout rien n’était mémorable. Loin de moi l’idée de comparer le fils au père, mais il est clair que la seule cause de la plénitude de la salle, ce soir-là, est le fameux nom de famille du saxophoniste.
Anderson .Paak, du solide
S’en est suivi le concert de clôture du festival, qui se tenait sur la scène principale, amorcée par Busty and the Bass. Les Montréalais ont bien réchauffé la foule pendant une vingtaine de minutes pour les très attendus Anderson .Paak & The Free Nationals (très, comme dans la phrase « la place des festivals est pleine à craquer »). La gigantesque foule était en délire pour accueillir le groupe de hip-hop bien jazzy, et ledit groupe a rendu la marchandise. Le chanteur et rapper est aussi le batteur du groupe quand une batterie acoustique est de mise, et il est un assez bon batteur à part de ça (pour le style), et ce même en rappant. Tous ses musiciens sont aussi solides, faisant en sorte que leurs meilleures pièces sur scène sont celles moins connues, qui sont moins basées sur le travail du DJ. Le groupe a commencé par certains succès, où le chanteur était libre de sauter où il voulait. Évidemment, cela avait tout pour plaire au public cible de l’évènement gratuit. Le reste du concert alternait entre des pièces plus performatives, plus jazz, et d’autres plus hip-hop, plus automatisées. Le public était beaucoup plus criard quand les gros rythmes trap arrivaient, mais le concert était bien meilleur et bien plus original quand les musiciens jouaient à la place du Macbook du DJ.
C’était exactement ce à quoi on s’attendait, c’est-à-dire un excellent concert pour faire fêter un peu les festivaliers. Bon, très peu des gens présents sont allés voir un seul autre spectacle que celui-ci, mais c’est quand même ça. Le concert était un peu court par contre (autour d’une heure dix)… Je suppose que c’est dû à l’organisation du festival, mais ils auraient pu leur laisser un peu plus de temps. D’une façon ou d’une autre, ça a bien fini le festival. Cette année en a été une forte, avec d’excellents noms dans d’excellentes conditions. On a hâte à l’année prochaine si c’est pour rester comme ça!
P.S. Petite mention spéciale à l’excellent claviériste de The Free Nationals qui a touché le fond dans mon estime après avoir utilisé quatre fois (peut-être plus) The Lick. Ron, si tu lis ceci, arrête. C’est mort.