En cette troisième soirée de la 41e édition du FIJM, Basia Bulat et Elisapie ont tour à tour foulé la scène de la Place des Festivals pour combler les sens des déplacés. Ces deux artistes, toutes les deux accompagnées de talentueux musiciens, ont offert une performance qui aura touché de nombreuses cordes.

Retrouvez au bas de l’article la gallerie photo complète d’Alexanne Brisson qui comprend aussi des photos des concerts de Steve Hill et The Brooks.

Basia Bulat

Cette première prestation de la soirée m’aura permis de découvrir une artiste dotée d’une douceur et d’une sensibilité exquise. Sa belle présence sur scène a permis de jouir pleinement de l’énergie dégagée par sa musique. En échangeant à de nombreuses reprises avec le public, elle créait un sentiment de proximité avec ce dernier qui, même lorsque certaines compositions donnaient le goût de valser, se voyait plutôt timide. On peut ainsi dire que l’ambiance était majoritairement concentrée sur scène alors que la foule se voyait plutôt contemplative.

Bien heureuse de pouvoir enfin se réunir avec ses musiciens pour orchestrer un spectacle autour de son plus récent album sorti l’an dernier, soit Are You in Love?, Basia Bulat avait fière allure. Passant de son ukulele, à sa guitare acoustique et à son piano, elle a démontré toute l’étendue de son talent, laissant beaucoup de place à sa voix vibrante et aux quelques moments instrumentaux qui ont peuplé ce jovial concert.

On retient également l’apport indéniable des violons, en plus des percussions galopantes qui faisaient voyager les compositions. Les cordes plus discrètes et les harmonies vocales ont ajouté de la profondeur à sa voix. La performance de Your Girl aura été celle qui m’aura donné un sourire au visage en plus de celle de la chanson homonyme de son 5e opus où elle a demandé à tout un chacun comment on fait pour se savoir amoureux, ralliant l’attention du public avant d’entamer sa superbe composition. Somme toute, ce fut une performance riche et satisfaisante, quoique plutôt linéaire, qui pour ma part, me faisait perdre l’attention par moment.

Elisapie

Toutes les raisons sont bonnes pour louanger la performance onirique et vivante offerte par Elisapie, ses musiciens et les multiples invités qui ont habité la scène lors de ce concert grandiose. Ici, je ne pèserai pas mes mots, car pour moi, tout comme TEKE::TEKE l’avait fait la veille, cette performance est digne des plus marquantes auxquelles j’ai eu la chance d’assister. Je vous explique pourquoi. 

Alors que le spectacle s’entame sur un discours récité en dialecte inuit et en français, un homme se promène sur scène pour propager l’essence de ce qui avait l’allure d’encens. Peu à peu, les musiciens se sont installés alors que Elisapie faisait son entrée sur scène en rayonnant avec son chemisier parsemé de paillettes. Le reste fait partie de l’histoire.

L’univers dans lequel l’élégante chanteuse et grande poète nous a plongés, elle l’a qualifié de «safe space»; un lieu de rencontre et de partage; un lieu d’amour et d’acceptation; un lieu où l’ouverture amène la force et la guérison pour tout être désirant voler en toute légèreté.

Tous les musiciens étaient orientés vers le centre de la scène, évoquant l’image d’être tous assis à table pour manger en famille. L’aspect rassembleur de la prestation aura d’ailleurs été le point culminant de mon appréciation, comme si nous étions tous invités à faire partie de ce moment festif et touchant. Parlant d’invités, Dominique Fils-Aimée a foulé la scène le temps d’une chanson où on a pu entendre une superbe cohésion dans le timbre de leurs voix. Autrement, l’apport des multiples danseurs, l’apparition des Buffalo Hat Singers et des musiciens parmi lesquels figurait notamment Jason Sharp au saxophone et Joe Grass à la guitare ont ajouté de radieuses textures à l’ensemble présenté.

La profondeur des émotions que fait ressentir sa musique est incontestable. Sa composition adressée à sa mère biologique, Una, fut superbement interprétée, en plus des chansons Wolves Don’t Live by the Rules qui parle des pensionnats et d’une autre qui parle de la force des femmes. Ce que l’on retient au final, c’est l’humaine derrière la musique, son regard sur le monde et sa candeur, celle qui au travers de son art, propage l’idée que tout est possible si on écoute, si l’on s’écoute attentivement. 

Ça se poursuit ce soir avec Charlotte Day Wilson et Misc.

Crédit photo: Alexanne Brisson