Concerts

Festival International de Jazz 2019 – Matt Holubowski et le Quatuor Donato-Bourassa-Lozano-Tanguay

En ce dernier tour de piste de la 40e édition du FIJM (valse aux adieux d’Alain Simard et d’André Ménard, deux grands hommes et cofondateurs du festival), c’est Matt Holubowski qui avait la tâche de peindre le dernier tableau des festivités sur la Scène TD. Sans rien enlever à la performance charismatique et assurée du chanteur, le choix des organisateurs de le mettre en clôture est une humble remise en question.

Des milliers de personnes se sont déplacés pour célébrer, mais plusieurs sont repartis sur leur appétit. Ils étaient nombreux à attendre le feu de joie et les artifices de fin de festival. Même en soulignant au passage les incroyables effets spéciaux qui accompagnaient la très honnête prestation d’Holubowski, c’est vrai qu’il manquait de ce petit oumpf vibrant auquel on aurait pu s’attendre question d’enflammer la place.

Je m’arrête ici, car en mettant de côté cette plus récente déclaration, il est vrai que l’on puisse dire de bien belles choses sur ce que Matt Holubowski est venu offrir hier. Parlant du loup, on se demande où il se cache ces derniers temps. Qu’importe la réponse, sachez qu’il prend du temps loin de tout le brouhaha pour concevoir son prochain album. Paraît-il que ça sera pour 2020. En attendant, on se donne quand même la chance de savourer les bons coups de la soirée.

À divers moments, les impatients ont eu le plaisir d’entendre quelques nouveautés, annonciatrices d’un nouvel opus qui, d’allure générale, semble se diriger dans le même sens que les précédents. Les classiques du chanteur ont également eu leur place, Holubowski naviguant aisément à travers Ogen, Old Man (2015) et Solitudes (2017).  

Son entrée sur scène à travers la fumée annonçait le phare qui scintille à travers la brume. Les effets spéciaux ont permis de rendre d’autant plus invitant, plus cinématique ce qui se déroulait devant nous, créant le désir visuel de partager l’amour de l’artiste pour voyager. C’est d’ailleurs l’un des moteurs de création principaux d’Holubowski.

Entamant la soirée sur la vibrante The King, il a sans doute voulu que l’on s’imagine un moment plus enivrant que l’ensemble de son corpus musical folk sobre et doux, avec quelques percées plus rythmées ici et là. Il y parvenait par moment, empli de vigueur, aidé par un band des plus complets et harmonieux. Dans l’ensemble cependant, c’était difficile d’accrocher un public aussi vaste.

On ne lui demandera pas de changer pour autant, de délaisser cet univers rempli de tendresse et de sagesse, dont il fait bon de s’y laisser envoûter. En le voyant jouer, on réalise qu’il maîtrise l’art de concevoir une atmosphère sereine, qui enveloppe l’âme dans chacune de ses sérénades. C’est pourquoi un spectacle plus intime aurait permis une plus grande appréciation, un moment où on aurait pu connecter avec l’artiste comme s’il jouait dans notre salon.

Céline et Paul sur scène

Invitant Céline Dion et Paul McCartney sur scène, c’est finalement Aliocha et Jason Bajada qui ont répondu à l’appel pour y jouer Over My Shoulder. Composée par les trois hommes, elle s’est affichée comme un moment marquant de la soirée avec son invitante ambiance chaleureuse qui s’écoute bien dans un parc l’été en regardant le soleil se coucher.

Somme toute, cette charmante prestation a sa place dans un tel festival, mais ne devrait pas être le dessert que l’on sert à une foule qui avait faim pour plus de groove.

Quatuor Donato-Bourassa-Lozano-Tanguay

Plus tôt en soirée à l’Astral, le quatuor iconique de jazz local a servi un hommage plus qu’honorable au légendaire jazzman Bill Evans. Avec Lozano au ténor, Tanguay à la batterie, Bourassa au piano et Donato à la basse qui a lui-même joué avec Evans à Montréal en 77, il n’y avait aucune raison de s’ennuyer. Au contraire, leur prestation est l’une des meilleures auxquelles j’ai eu la chance d’assister au festival cette année. C’est avec passion et enchantement que les quatre hommes ont « puisé dans la source riche et fertile » du corpus d’Evans, pianiste qui a marqué les époques de sa notoire empreinte en passant par presque tous les styles du jazz.

Leur complicité s’est fait ressentir du début à la fin, agissant comme de grands enfants à qui on donne un rare et précieux privilège. Cette délectable prestation a fait renaître les souvenirs d’un public majoritairement plus âgé, assis les yeux grands ouverts, s’est épris d’une commune euphorie au son de chacune des symphonies reprises par les monuments montréalais. Les quelques plus jeunes dans la salle se sont fait transmettre les mœurs d’époques passées, éduquées par une exécution sans faille et chaleureuse, absorbant au passage les effluves d’un jazz intemporel.

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