Concerts

Festival International de Jazz 2019 – Joshua Redman Quartet et Alex Lefaivre YUL Quartet

Ce à quoi ont eu droit les auditeurs du Théâtre Maisonneuve hier soir est prodigieux. C’est que le Festival de Jazz accueillait l’un des plus grands saxophonistes de la nouvelle aire en Joshua Redman. Alex Lefaivre et le reste du YUL Quartet ont assuré la mise en haleine, chose qu’ils ont faite sans complexe, en plein contrôle de leurs instruments.

Accompagné de trois hommes qu’il côtoie depuis plus de deux décennies, soit Aaron Goldberg au piano, le bassiste Reuben Rogers et le batteur Gregory Hutchinson, Joshua Redman a montré pourquoi il est le nouveau détenteur du prix Miles Davis, remis annuellement au festival depuis 1994 à un artiste pour rendre hommage à sa renommée internationale, en plus de son corpus et de son influence sur l’avancement du genre qu’il pratique. Il succède ainsi à de grands noms du jazz comme Sonny Rollins et Herbie Hancock.  

Même amplifié de la plus grande modestie devant cette performance de jazz léché et sans faille, il est difficile d’y trouver une quelconque lacune. C’est une frénésie généralisée qui s’est installée dès le départ dans l’ensemble de l’amphithéâtre. Ce sentiment s’est développé autour du besoin de conserver une oreille attentive, alors que la richesse du son était plus qu’enveloppante. Le brûlant désir de s’imprégner de chaque note, de chaque rythme et de chaque transition s’est donc installé sans se poser de question, sans trop de difficulté.  

Joshua Redman et son quartet ont offert un spectacle pour les vrais fans de jazz, ceux qui ne ressentent pas l’angoisse face à l’idée de se fondre pendant deux heures dans une écoute qui en demandait beaucoup. Lorsque le public est assiégé, il faut livrer une prestation encore plus captivante pour maintenir l’attention. Dans leur cas, on peut dire que c’était cinématique. 

On a eu l’impression de se faire courtiser lorsque les membres du quatuor ont orchestré à tour de rôle des solos plus envoûtants les uns que les autres. Le pianiste fut le premier à se lancer dans la danse, suivi du batteur et du bassiste. Tout pour mettre la table à Redman qui, à son tour a orchestré un solo magistral sur un morceau de Charlie Parker. Auteurs du projet Come What May, sorti en mars 2019, le quatuor a notamment joué lors de son passage plusieurs chansons issues de cet album dont Circle of Life, How We Do et Stagger Bear

Il y avait sur scène une atmosphère apaisante qui a conquis le public, toujours dans le respect mutuel de ces grands amis musiciens, mais également dans la résultante de cette grande complicité qui les habite. On sentait une légèreté invitante dans le rythme et une fine justesse dans l’exécution qui a suscité passion et intérêt du début à la fin. 

Une première partie qui en a valu le détour

Bien plus qu’un prélude à ce qui s’en venait, le quartet du bassiste Alex Lefaivre a démontré une belle cohésion sur scène. Alliage de quatre hommes talentueux qui ont formulé une combinaison sonore à la hauteur de leurs capacités. Sans avoir la même prestance que le quartet de Redman, probablement dû au fait qu’ils n’ont pas le même bagage d’expérience, ils ont démontré que leur talent est indéniable et que la portée de leur musique s’échelonnera certes à grande échelle dans les années qui suivront. Jouant au passage leurs compositions en plus d’une adaptation de la chanson thème du film Halloween de John Carpenter, Alex Lefaivre et ses acolytes n’ont pas passé sous le radar.

Par ailleurs, on vous invite à visualiser notre retour en photos des soirées du 3 et 4 juillet.