Festival International de Jazz 2019 – Jeremy Dutcher
Hier se déroulait le concert de Jeremy Dutcher dans un Club Soda qui affichait complet. Pour décrire succinctement la proposition artistique du ténor et musicologue, celui-ci offre une musique d’inspiration classique à laquelle il mélange des airs traditionnels de la nation Wolastoqiyik (Malécites) dont il est issu.
Pour être tout à fait honnête, je m’attendais à quelque chose de très cérémonieux, emprunt de l’histoire chargée des Premières Nations. Eh bien, j’avais à moitié raison ! Si, pendant les chansons, on est complètement captivé et happé par la musique et en particulier le chant magistral de Jeremy Dutcher, entre les pièces, l’artiste est tout sourire, se permet de raconter des blagues avec le public tout en expliquant l’origine d’une pièce ou encore l’histoire de sa communauté. On sent une vraie fierté et un vrai bonheur pour l’artiste de nous faire partager sa culture et ses origines ! Certaines personnes du public lui lancent même des encouragements dans sa langue natale pour son plus grand ravissement.
Musicalement parlant, c’est tout bonnement parfait ! Si on adhère à la proposition du chanteur, et je pense que c’est le cas du Club Soda au complet ce soir-là, alors on est plus que conquis. En formation simple, on peut compter sur la présence de Blanche Israel au violoncelle et Gregory Harrison à la batterie tandis que le chanteur s’accompagne la plupart du temps au piano. Mais bon ce soir, il faut aussi considérer que la voix du chanteur est un instrument à part entière. En effet, celui-ci montre toute l’étendue de son talent avec sa voix puissante et aussi claire que le verre d’une bouteille jetée à la mer et qui, à l’intérieur, contient toute la ferveur d’un peuple. En particulier lorsque l’artiste interprétera une chanson, seul en scène, et a capella, seulement accompagné par un instrument rythmique qui s’apparente à des maracas.
Pour finir, lors de sa dernière pièce avant le rappel (demandé à cor et à cri évidemment), le chanteur va utiliser le public comme un véritable instrument. Scindée en deux, la foule entonnera un « ô » en harmonie tandis que le chanteur se laissera aller à une interprétation magistrale et quittera la scène en toute discrétion laissant le public s’approprier ce dernier moment.
Au final, une belle bulle temporelle qui nous emporte vers différents horizons et nous re-dépose délicatement à la fin du concert! MONSIEUR Jeremy Dutcher j’ai envie de dire!
Par ailleurs, on vous invite à visualiser notre retour en photos des soirées du 3 et 4 juillet.