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Festival en chanson de Petite-Vallée 2022 : La Petite-école en chanson, le Shed à Léon, les chansonneurs et Déferlante autochtone

C’est un premier retour qui se fait sous le signe des concerts thématiques pour ce début de l’édition 2022 du Festival en chanson de Petite-Vallée.

C’est instantané. Quand je suis arrivé en haut de la côte de Petite-Vallée et qu’en bas, le chapiteau de la Vieille Forge occupait la longue pointe entourée de la mer, mon niveau de stress est subitement tombé. C’est fou à quel point la mer a cette capacité de nous ramener à la petitesse de notre existence et à l’importance des moments de rencontres. Et des rencontres chaleureuses, il y en a eu depuis le début du festival. Retour sur une aventure musicale, mais avant tout humaine.

Crédit : Alexandre Cotton

La Petite-école de la chanson

Deux mesures. C’est le temps que ç’a pris avant que mes yeux se remplissent d’eau devant le mur d’enfants qui chantaient Ça va d’Émile Bilodeau. Le concept du spectacle est assez simple : pendant l’année scolaire, les élèves de différentes écoles de la péninsule gaspésienne travaillent des pièces des artistes passeurs de l’édition, pour l’occasion Émile Bilodeau et Paul Piché, et puis les chantent devant parents et amis. C’est toujours un moment fort en émotion. Pour les jeunes, pour les parents, pour les bénévoles, pour Mathilde Côté, leur chef de chœur, pour les artistes et puis… ben pour nous qui assistons, même comme quidams.

Crédit : Alexandre Cotton

Imaginez quand 200 enfants entonnent un medley d’Heureux d’un printemps et J’en ai plein mon cass. Honnêtement, c’était très puissant. D’ailleurs, le concert a visiblement touché les deux artistes-passeurs de l’édition. Émile Bilodeau est monté sur scène pour jouer La métamorphose, mais son premier geste a été de tourner le dos au public et prendre le temps de parler directement aux enfants pour leur exprimer sa gratitude. Par la suite, il s’est adressé à la foule, mais avait peine à contenir ses émotions. Je pense que la prise de conscience de la portée de ses créations lui est apparue de manière plus concrète. Puis, c’était au tour de Paul Piché de remercier le groupe avant de lancer J’appelle avec eux.

Ça fait une grosse première soirée.

Le Shed à Léon

Chaque année, le duo Dans l’Shed prend le Shed à Léon et en profite pour inviter les artistes de l’édition à venir interpréter une chanson qui sera diffusée par la suite sur la Fabrique culturelle. Avant de m’y rendre, j’ai croisé Mathieu McKenzie, membre de Maten et propriétaire avec son père, Florent Vollant, du studio Makusham à Mani-Utenam. Celui-ci était justement en chemin vers le Shed.

Crédit : Alexandre Cotton

Je me suis donc dirigé vers l’endroit où Maten, Scott-Pien Picard et Émile Bilodeau allait donner une prestation. Il faut savoir qu’Émile Bilodeau est devenu au cours des dernières années un grand ami de la communauté innu de Mani-Utenam. Il a tissé des liens avec les musiciens qui y sont et il faut aussi comprendre que la communauté est un peu le Nashville de la musique autochtone. Bref, tout ça pour dire qu’on a eu trois chansons incroyables livrées par les artistes. Particulièrement, cette reprise d’une chanson ancestrale crée pour célébrer la chasse au caribou fructueuse. Les spectacteurs réunis ont embarqué avec Maten pour chanter et battre la mesure. Après le concert, j’ai croisé Dans l’Shed qui ne revenait toujours pas de ce qui s’était passé. Surveillez la Fabrique culturelle pour comprendre le moment incroyable qu’on a vécu ensemble.

Crédit : Alexya Crôteau-Grégoire

Les chansonneurs

Les chansonniers de l’édition 2022 donnaient leur dernier concert ensemble. Les émotions étaient au rendez-vous et on pouvait percevoir l’amitié qui lie ces huit musiciens qui suivent un parcours ensemble depuis 6 semaines. Le premier groupe rassemblait Laurence Castera, Melba, Nathan Vanheuverzwijn et Mariko. Le quatuor plutôt pop a fait embarquer la foule dans leurs chansons qui donnent envie de taper des mains et du pied. Notons que Melba s’est particulièrement distinguée avec quelques déhanchements qui ont fait réagir la foule. C’était le fun aussi d’entendre ce que Nathan Vangeuverzwijn avait à proposer en solo puisqu’on le connaît surtout comme accompagnateur d’artistes comme Émile Bilodeau. C’était bien plaisant.

Crédit : Alexandre Cotton

Même son de cloche pour le deuxième quatuor formé d’Étienne Dufresne, Dave Harmo, Jeanne Laforest et Charlotte Brousseau. Si le premier quatuor donne plus dans la pop, celui-ci était plus éclectique passant de la pop-rock aux paroles pleines d’esprit de Dufresne au country-rock de Dave Harmo au folk plutôt traditionnel de Charlotte Brousseau, alors que Jeanne Laforest propose quelque chose de particulièrement innovateur. Je ne sais pas trop comment classer cette dernière encore et les deux chansons en guise d’échantillons étaient intéressantes, mais j’ai encore soif d’en entendre plus pour savoir où elle se situe. Je peux dire que Fatiguée (je crois que c’est le titre, mais ce n’est vraiment pas un fait à prendre pour du cash) est une pièce aussi audacieuse qu’impressionnante à voir exécuter. Je ne crois pas que je connais d’artistes qui font quelque chose de semblable en ce moment au Québec.

Les jeunes artistes étaient accompagnés par les solides Manuel Gasse, Lana Carbonneau et Jean-Sébastien « TiBass » Fournier. Ça promet pour le futur de ces huit auteur.e.s.-compositeur.rice.s-interprètes qui ont offert un excellent concert.

Crédit : Alexandre Cotton

Déferlante autochtone

Mathieu McKenzie m’avait promis plus tôt que je danserais et il n’avait pas tort du tout. Deux fois, j’ai rejoint le makusham. Sur scène était rassemblé une brochette impressionnante de musiciens autochtones : Maten (de Mani-Utenam), Ninan (Matimekush-Lac John, près de Shefferville), Pascal Ottawa (Manawan), Scott-Pien Picard (Mani-Utenam), Bryan André (Mani-Utenam) ainsi que le « Carlos Santana autochtone » Ivan Boivin-Flamand (Manawan). Le tout sous la supervision de Kim Fontaine, directeur musical du festival Innu Nikamu et la mise en scène de Denis Bouchard.

Comme vous pouvez le deviner avec le talent qui était sur scène, la soirée a levé sur un moyen-temps! Donnant la lumière à chacun des artistes, la soirée était une sorte de rotation incessante de prestations. Et pendant qu’un faisait son show à l’avant, les autres étaient assis sur les côtés pour participer aux chœurs. C’était musicalement puissant. À regarder Ivan Boivin-Flamand aller, on se demande comment ça se fait qu’il n’ait pas encore eu sa propre scène au Festival international de Jazz de Montréal. On a assisté un moment particulièrement enlevant de guitares entre Pascal Ottawa et le jeune guitariste alors qu’ils s’échangeaient les licks de solos.

Crédit : Alexya Crôteau-Grégoire

Nous avons eu aussi deux makusham où la foule s’est levée pour former le serpentin en dansant, des chansons pop efficaces de Scott-Pien Picard, la présence scénique impressionnante de Bryan André qui n’est visiblement pas à son premier BBQ et des moments touchants. Maten et Ninan ont aussi offert une bonne dose d’énergie avec leurs proposition en chœur. Le tout s’est terminé dans un Tshinanu de Kashtin chanté à tue-tête par la foule alors qu’Émile Bilodeau avait été invité sur scène par la bande pour jouer du tambour. Quelle soirée. Je vous souhaite que la Déferlante passe par chez vous, ça fouette comme un ouragan.

Crédit photo: Couverture : Alexya Crôteau-Grégoire

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