Festival en chanson de Petite-Vallée 2018 : quitter la tête pleine de souvenir et le coeur gonflé à bloc
Après un début de périple tout à fait plaisant, mon aventure gaspésienne se poursuivait avec des légendes, des histoires de voyage et des baleines.
Avant de continuer, je veux prendre le temps de saluer l’équipe du festival. Je sais, je sais, ça a l’air licheux. Faut comprendre qu’à force de couvrir des événements, on tisse naturellement des liens d’amitié avec ces gens qui travaillent par passion tout comme nous. Compte tenu des événements, ce que j’ai pu vivre et observer en fin de semaine m’a franchement ému. Ça redonne foi en l’humanité. Il y a dans cette communauté une solidarité peu commune. Ce courage, et parfois même de l’entêtement, de la part des organisateurs me dépasse. Je peux parler de ceux que je côtoie, Allan Coté et Marc-Antoine Dufresne sont des exemples à suivre. Fin de la parenthèse emo. Parlons musique.
Martin Léon
Ça fait un bail que Martin Léon n’a rien fait paraître. Il s’amenait avec une proposition différente, présentant le récit de voyage entourant la création de Les Atomes. Avec une présentation de style Les Grands Explorateurs, il nous a raconté des bad trips dans la jungle, des rencontres humaines chargées d’émotion, de la découverte à la tonne et surtout son cheminement personnel à travers ça. C’était comme aller voir un ami qui était en voyage qui est beaucoup trop prêt pour te raconter son périple. C’était très intéressant, sauf si on s’attendait à avoir un spectacle de chansons. Quelques pièces peuplaient sporadiquement la présentation, mais en version acoustique et dépouillée puisqu’il était en solo. Honnêtement, la musique était le bout le moins captivant de la présentation. Certains fans sont sortis du spectacle avec une déception visible au visage. J’en suis sorti en ayant envie d’aller faire un tour au Laos. Chacun ses combats.
Damien Robitaille
La pluie tombait à siaux, mais l’immense chapiteau de Grande-Vallée nous tenait heureusement au sec. Même chose du côté de Robitaille qui nous a candidement raconté que la pluie semble le suivre partout où il joue ces derniers temps. Au sec, il s’est fait aller les ritournelles humoristiques dont Omniprésent, Mot de passe et Homme autonome. Il a jeté un léger froid avec une blague de feu pour Tout feu tout flamme… à force d’oser, on finit par se brûler. Mais il s’est rattrapé de belles manières avec Plein d’amour. Un spectacle sympathique où le franco-ontarien avait un plaisir manifeste, tout comme la foule qui dansait abondamment.
Yann Perreau
D’ailleurs, les déhanchements se sont poursuivis après l’entrée de Yann Perreau sur les épaules d’un musicien en déambulatoire à travers la salle. Se promenant allègrement à travers son répertoire, il a livré les chansons avec la twist électro rock de son dernier album. Pour certaines chansons, ça fonctionne très bien même si on s’ennuie un peu du chien de La vie n’est pas qu’une salope et sa mélodie de guitare intoxicante. Il y a des approches musicales qui changent, mais son appartenance au mouvement indépendantiste lui, n’a pas blêmi. Il dédie la chanson Faut pas se fier aux apparences à Justin Trudeau. Il nous a envoyé d’autres chansons bien-aimées de son répertoire, dont Le bruit des bottes et Conduis-moi.
Jean-Pierre Ferland
La dernière soirée de Petite-Vallée nous réservait une légende : Jean-Pierre Ferland en chair et en os. Avant de nous y rendre, on se fait sortir en bateau par le frère d’Allan Coté qui nous transporte à distance appréciable de la côte. Pendant que le soleil faisait son beau, un rorqual a trouvé que c’était une bonne idée de nous faire un spectacle à quelques pas de notre embarcation. C’était comme Mon ami Willy, sauf qu’elle n’a pas volé par-dessus nous. Et puis, on n’a pas nagé avec elle. Finalement, ce n’était rien comme Mon ami Willy hormis le moment d’émotion vibrante qui l’accompagnait. (Je vous parlais plus haut de la communauté incroyable, vous vous rappelez?)
J’étais donc tout sourire en arrivant au spectacle de Jean-Pierre Ferland. Celui-ci s’est étonnamment estompé. Aller voir Ferland quand t’as un peu des idées de gauche, c’est l’équivalent d’aller passer du temps avec ton oncle qui est fin, mais qui commence souvent ses phrases avec des tournures du genre : je suis pas raciste, mais… je pense que les femmes et les hommes devraient être égaux, mais… et toutes ces tournures qui laissent perplexes. Attention, Ferland est d’une autre génération et ce sont des changements qui prennent du temps. Il hors de question de lui lancer des tomates ici. Mais parfois, j’avais l’impression d’être à un show de Peter Macleod.
Bref, mononcle JP nous balance par la gueule des classiques à n’en plus finir : Le chat du café des artistes, Quand on aime on a toujours 20 ans et Une chance qu’on s’a. Seul bémol, il a invité Étienne Cotton, un ancien de La Voix, pour interpréter Ma gueule. Il nous en fait une version javellisée, franchement décevante. Honnêtement, c’est Ferland qu’on veut. Même son de cloche du côté de sa compagne qui est aussi sa choriste. Cette dernière chante faux à plusieurs occasions et n’a pas le coffre pour prendre la place d’une Ginette Reno. C’est dommage. Je comprends bien qu’on veut impliquer les gens qu’on aime dans le spectacle… mais ayez donc la sagesse de faire appel à des gens qui sauront remplir les chaussures qui sont à remplir.
Malgré les petits accrocs, c’était tout de même un spectacle qui nous donnait la chance de voir Jean-Pierre Ferland en bonne forme et toujours le sourire aux lèvres à interpréter ses grands succès.
Dany Placard
Notre dernier concert sur la péninsule gaspésienne s’annonçait prometteur avec Dany Placard. En pleine forme, le musicien nous a livré surtout des pièces de ses deux derniers, Full Face et Santa Maria. Visiblement bien heureux d’être sur place, Placard et ses trois musiciens ont livré un spectacle bien tissé. Sleeping Bag, Full Face, Aussi, Graisse de bine, ça frappait toujours dans le mile. Rajoutez un rappel avec Chanson populaire et Confucius et le tour est joué.
Merci Petite-Vallée pour cette autre édition réussie. Pas de doutes, t’es plus forte que le feu. On se revoit l’an prochain.