Concerts

Festival Diapason : Virginie B, Ghostly Kisses et Patrick Watson

C’est lors d’une soirée où l’humidité aura collé à nos peaux, comme la musique à nos tympans, que s’est lancée l’édition 2021 du festival Diapason. Présenté à Sainte-Rose sur diverses scènes extérieures, l’événement qui s’étale jusqu’à dimanche mérite d’être louangé d’emblée par la richesse de sa programmation. Pour ma part, en cette première foulée, c’est aux concerts de Virginie B, de Ghostly Kisses et de Patrick Watson auxquels j’ai eu la chance d’assister. Je vous en fais le compte-rendu dans les lignes qui suivent.

Virginie B

C’est avec une énergie contagieuse que Virginie B a lancé les festivités de cette soirée en jouant dans le vaste stationnement d’un centre communautaire. Plus qu’heureuse d’être en première partie de The Brooks, la musicienne, accompagnée de ses 4 acolytes, auront joué quelques chansons dont seulement une, The Love, est actuellement disponible. Pour le reste, dont un coup de cœur intitulé Alpine, on peut dire que ces nouvelles compositions aux sonorités groovy, jazzy et pop planantes sont plus que prometteuses et s’inscrivent dans une lignée similaire à cette plus récente sortie.

Crédit : Camille Gladu-Drouin

Dès les premiers instants, Virginie invite tout un chacun à fermer les yeux afin de nous plonger dans une atmosphère des plus enivrantes. Ça aura été un pari réussi alors que tout le reste de la soirée m’aura semblé être un rêve éveillé.

Somme toute, son court spectacle a mis le feu dans la place en faisant danser le public au son de ce bel univers où s’allient de bons riffs de guitare, une basse groovy, une batterie qui fait balancer les têtes et des textures de synthétiseurs ingénieusement disposées pour se perdre en abondance dans la légèreté des mélodies. Ajoutons à tout cela une mention spéciale à l’utilisation parcimonieuse de la réverbération dans sa voix. Un tout qui se conjugue avec les mots réussite et satisfaction.

Ghostly Kisses

Plus tôt cette semaine, j’ai su que les performances de Ghostly Kisses et de Patrick Watson se dérouleraient en pleine forêt, dans une intimité des plus immersives où une simple poignée de spectateurs allaient pouvoir se gaver de ce nectar onirique. À mon arrivée sur place, alors que deux sièges en première rangée étaient toujours libres, j’ai tout de suite senti la fébrilité s’installer en moi, comme si quelque chose de grandiose était sur le point de se passer. Ce sentiment qui m’a habité n’aura été que l’écho de ce qui est venu par la suite: un mélange symbiotique entre la douceur d’une brise et la ferveur d’un vent violent, un concert d’artistes « bibittes » dans un lieu où les bibittes elles-mêmes s’en sont donné à coeur joie.

Campé à l’avant, une petite scène avec une faible luminosité et des canons à fumée pour nous bercer tranquillement dans l’irréel alors que la noirceur était à ce moment bien installée. Dès les premiers retentissements de la voix de Margaux Sauvé, brillamment accompagnée par le pianiste Louis-Étienne Santais, c’est comme si on se laissait flotter sur une vague qui n’aura cessé de caresser les spectateurs jusqu’à leur départ. On sentait au travers de leurs échanges de regards une cohésion inexplicable, puis de grandioses vibrations dans la justesse de chacune de leurs chansons.

Crédit : Émilie Pelletier

Pour eux qui en étaient à leur premier concert depuis cette chère pandémie, il était tout à fait singulier pour eux de retrouver un public pour les écouter. Touchant plusieurs cordes sensibles, leurs compositions majoritairement anglophones ont fait place à des moments mémorables où la mélancolie jouait le rôle d’un puits sans fond pour la paix intérieure.

Dans la lenteur de ces instants, on aura pu contempler l’immense talent des deux musiciens. En quelques chansons seulement, dont les coups de coeur Empty Note et la superbe reprise de J’ai demandé à la lune de l’iconique groupe Indochine, j’aurai compris, et ce sans effort, pourquoi Ghostly Kisses se tapisse sur de plus en plus de lèvres.

Patrick Watson

Ce métier que je chéris depuis plus de deux ans maintenant m’a fait voir et surtout ressentir des choses auxquelles même les têtes les plus imaginatives n’auraient pu cerner quelque part en ce monde. Je crois qu’hier, alors que le temps semblait s’être suspendu, mon esprit de mélomane a réalisé la chance qu’il avait de pouvoir se fondre ainsi dans ce monde d’artistes que j’appelle humblement des virtuoses. Le personnage, l’humain et le musicien hors pair qu’est Patrick Watson est l’un de ceux-ci.

Crédit : Émilie Pelletier

À s’en donner la chair de poule, sa présence unique sur scène aura envoûté le public visiblement prêt à se faire transpercer par son univers unique qui peine à être décrit en mots. Seul sur scène, il est parvenu à capter notre attention en nous faisant tour à tour rire et pleurer de joie, le tout à s’en donner des yeux aussi pétillants que les quelques étoiles qui peuplaient le ciel lorsqu’il a joué des monuments comme Sit Down Beside Me, Lighthouse, Slip into Your Skin ou encore Big Bird in a Small Cage. Mon coup de cœur de ce spectacle demeure néanmoins Je te laisserai des mots, alors que l’on pouvait si bien entendre son accent caresser le français et son piano nous catapulter dans l’ailleurs. À relever également sa prestation de A Mermaid in Lisbon, l’une de ses plus récentes sorties.

On sent chez lui une connaissance pointilleuse et complexe de textures aux allures intergalactiques et océaniques. À la barre de son piano et de ses nombreuses machines, il a offert un concert qui semblait tout droit sorti de l’espace, une exploration sonore qui donnait parfois l’impression de se retrouver dans un aquarium géant. On peut dire que ce moment qui a fait rêver des grands espaces aura sans l’ombre d’un doute comblé le public présent qui l’aura vu fermer les lumières pour jouer dans le noir, se lever et jouer dans la foule une chanson à la guitare alors qu’il peine à en jouer. Et c’est sans compter sur de nombreuses improvisations ici et là qui ont démontré toute l’étendue de sa sensibilité ingénieuse.

Crédit photo: Couverture : Camille Gladu-Drouin

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