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Festival Contre-Courant au réservoir Kiamika Jour 1 – Étienne Coppée et Beyries

Alors que la pluie devait nous tomber sur la tête en cette première soirée de Contre-courant, festival se déroulant sur l’eau dans la pittoresque réserve Kiamika, c’est plutôt un torrent de sourires et des larmes de joie qui auront arrosé cette poignée d’humains venus assister aux grandiloquentes performances d’Étienne Coppée et de Beyries. C’est à bord d’un canot que j’ai moi-même pu y être alors que le jour laissait tranquillement place à la nuit, le soleil troqué pour un ciel étoilé. En voici le compte-rendu.

Étienne Coppée

C’est à peine débarqué sur la scène, un quai disposé à quelques mètres de la plage sur laquelle d’autres spectateurs étaient confortablement assis, que le plus récent gagnant des Francouvertes se prêtait au lancer du céleri. Cette action vendue comme lubrifiant social aura été une belle entrée en matière pour celui qui se décrit comme un mélange entre le Spleen de Baudelaire et un golden retriever. Ce dernier n’aurait pu mieux imager ce à quoi nous avons pu goûter : une douce mélancolie frôlant par moment Pierre Lapointe en symbiose avec une candeur excessive.

Habitué d’être accompagné par une horde de choristes, Étienne Coppée s’orchestrait cette fois-ci en solo avec sa guitare acoustique et son clavier pour ce spectacle ô combien chaleureux ! Entamant sa performance avec l’été indien de ta vie, il nous a emmenés dans la douceur de son univers où ses paroles et sa voix claire et mélodieuse plongent les esprits dans un bassin de splendeur. C’était comme être assis confortablement sur son balcon à contempler l’horizon, bordé par le temps qui passe sans qu’on s’en rende compte. Cependant, cette fois-ci, le balcon s’est transformé en une multitude d’embarcations entassées près de lui pour l’écouter nous raconter ses harmonies.

Celui qui a dit chérir ce moment précieux nous a invités à chanter avec lui pour qu’on se sente comme une partie prenante de sa performance et, qu’à son tour, il se sente enveloppé comme s’il n’était pas seul sur scène. Alternant entre les cordes et les touches, les yeux ouverts et fermés, il a démontré qu’il était en mesure de jouer avec sa voix sur plusieurs registres tout en demeurant gracieusement harmonieux. Les chansons Couvre-feu et Pour Ada auront comblé l’ouïe, tout comme cette chanson au clavier fraîchement terminée la veille qui annonce la même fraîcheur que ce que nos oreilles connaissent déjà. Ce « hallelujah » plusieurs fois prononcé pendant Demain il fera beau retentit encore dans mes tympans.

Beyries

En attendant l’arrivée de Beyries, plusieurs en ont profité pour attacher leur embarcation ensemble de sorte que nous soyons à la fois concentrés davantage près de la scène et surtout concentrés sur ce qui était sur le point de s’y passer (sans devoir constamment jouer au kayak musical comme ce fut le cas depuis le tout début). Acclamée dès ses premiers pas foulées, la musicienne était tout sourire. Accompagnée par Sarah Bourdon et Frank Julian, deux choristes au talent incommensurable, ces derniers ont fait part qu’ils avaient travaillés sur de nouveaux arrangements tout spécialement pour cet événement mémorable, qui aura duré et duré de sorte à rêver que leurs voix retentissent toute la nuit. Mentionnant qu’il existe des kms entre le dire et le faire, Beyries a remercié tous ces gens qui ont pu rendre cette magie tangible, ce moment teinté d’onirisme qui nous aura emmenés à l’autre bout du monde à bord de son voilier musical.

Inspirante, touchante et brillamment déployée, cette performance multisensorielle où la nature se sera jointe de la partie, moustiques, chiens et huards à l’appui, aura permis de s’immiscer dans un vaste monde où un amalgame d’émotions aura bercé les âmes. Je pourrais facilement nommer chacune des chansons jouées afin d’en ressortir pointilleusement de nombreux détails. Cependant, je me contenterai ici de faire ressortir des éléments notoires du portrait global afin que ceux qui lisent ces mots s’imprègnent de la richesse du moment au travers de ce qui me semble le plus important à retenir: l’apport harmonieux des choristes, le charme et l’aisance du trio après des heures et des heures de répétitions, quelques moments de silence qui auront permis de s’ancrer davantage, le bruit de l’eau en arrière-plan, la proximité de la scène et des artistes envers les spectateurs, une pause chasse-moustiques bien méritée ainsi qu’un moment où Beyries nous aura transportés en solo avec sa voix et son clavier. Mais surtout, je dis bien surtout, la reprise de To Love Somebody des Bee Gees, sa facilité à naviguer dans l’ensemble de sa discographie et pour finir, un moment a capella plus qu’émouvant pour clore cette soirée qui demeurera figée dans les mémoires.

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