Le MTELUS et l’arrivée tardive du printemps accueillaient une fois de plus en plein sol montréalais l’autrice-compositrice Feist, vendredi soir.

Photos par Coline Beulin

Une chose sautait aux yeux en arrivant sur les lieux : il y avait foule. Un grand nombre de personnes étaient venues assister à cette nouvelle tournée de l’autrice-compositrice pour entendre les chansons de son dernier album Multitudes, sorti en avril passé. Un concert qu’elle donna en formule hybride, parce que – oui – il faut préciser que le spectacle fut séparé en deux volets. Les 30 premières minutes ont été dédiées à un format totalement acoustique, Feist seule à la guitare, mais pas nécessairement de façon traditionnelle.

En toute intimité

Au milieu du parterre, une plateforme circulaire avait été installée. Un petit podium qui permit de créer une proximité entre la chanteuse et son public — une combinaison tout à fait gagnante — puisqu’un véritable dialogue s’est installé rapidement entre les gens et elle. Aucune pudeur : on proclame l’anniversaire de tel ou telle dans la foule, on l’invite à un BBQ. De toute évidence, un lien s’est tissé au fil des années entre l’interprète et ses fans, ce qui lui donne la confiance nécessaire pour se placer de façon plutôt vulnérable dans ce type de performance, où elle est totalement encerclée par l’auditoire. Rivée quelques pieds plus hauts que nous, la chanteuse a commencé par une version épurée du morceau Century (Pleasure, 2017), pour ensuite puiser dans tout le reste de son catalogue.

Sa voix porte, il y a une douceur qui en émane, mais également une puissance qui prend le dessus sur la salle. Muets, tout le monde au parterre (étant donné que le balcon était fermé, sauf pour les médias, à la demande de l’artiste) prête attentivement oreille, mais il participe aussi activement au concert. En effet, car Feist cherche concrètement à ce qu’il y ait un contact avec eux – et ce de plusieurs manières.

Multiplications de mise en scène

Pendant que l’artiste chante Forever Before, composition que l’on retrouve sur Multitudes, une énorme toile de projection se tient sur la scène principale, derrière elle. On y voit ce que le caméraman de son équipe filme à travers la foule. Il se faufile à travers chaque personne, documente leur visage et leur pied. Les yeux sont rivés vers la musicienne ou les lèvres miment les paroles de chansons. Lorsque la caméraman tourne la caméra vers Feist, un effet de multiplications de sa silhouette se forme sur le grand écran. Visuellement saisissant, on comprend encore que l’artiste désire une communion.

Tout de même, on se demande comment le reste du band sera incorporé. Feist, après avoir achevé The Bad In Each Other et un poème scandé de son cru, descend de la plateforme afin d’embarquer finalement sur la scène principale. On entend graduellement l’ajout de textures sonores, de synthétiseurs. Puis un moment, le rideau tombe. Littéralement. La toile tombe au sol pour révéler le groupe au grand complet. Plus de 3 synthétiseurs accompagnent les multi-instrumentalistes qui valseront aussi entre la batterie, le violon et même la clarinette.

On traverse ce deuxième volet pluggé avec des morceaux provenant d’albums précédents comme The Reminder (2007), album qui révéla son plus grand succès, 1234. Du moins, une version où le tempo est au ralenti et où il y a eu plusieurs modifications. J’ai une  petite impression que la foule demeure incertaine de cette nouvelle version, mais bon, les « lalalala» sont lancés à cœur joie tout de même. Ensuite, retour de la performeuse dans le public. Elle arbore un tissu de style « écran vert » qui projette à nouveau l’effet de multiplications et sous lequel elle formera une petite tente avec quelques fans. Des chansons comme I Feel It All, Sealion et Let It Die, de son premier album, continuent de défiler pour le reste du concert.

Bref, un concert à la couleur de l’artiste. Il va de soi que la mise en scène eut un rôle important lors de cette soirée, tout comme la présence du public. Feist demeure intrinsèquement une performeuse dans l’âme et continuera certainement de surprendre. 

Crédit photo: Coline Beulin