Erika de Casier au Théâtre Fairmount le 26 mars 2024
La chanteuse-compositrice et productrice danoise d’origines portugaises, Erika de Casier, a livré une performance soignée et intime.
C’est en souriant que j’écris ces lignes ce soir et, pour cause, cela faisait longtemps que je n’avais pas assisté à une performance aussi incarnée.
Productrice et musicienne de talent, Erika de Casier a de quoi se réjouir aujourd’hui. Celle qui a autoproduit son premier album Essentials en 2018 a gravi les échelons de l’industrie musicale rapidement. C’est qu’elle maitrise et équilibre les tonalités d’une certaine pop contemporaine et d’un R&B des années 1990 et 2000 parfaitement. Maintenant signée chez la légendaire maison de disque indépendante britannique 4AD (Bauhaus, Pixies, TV on the Radio), la carrière de la musicienne et productrice ne fait que prendre de l’ampleur depuis.
C’est donc en plein cœur du Mile-End, au Théâtre Fairmount, que l’artiste a lancé la tournée nord-américaine de son troisième album, Still, loué par la critique dès sa sortie en février dernier. Pendant plus d’une heure, accompagnée d’un batteur et ami d’enfance, excellent par ailleurs, elle a interprété la quasi-totalité de Still et d’autres pièces de ses albums précédents. La salle, pourtant vaste du Fairmount, était presque comble et la foule très énergique pour un mardi soir de mars. Au plus grand bonheur de l’artiste, les gens connaissaient ses chansons par cœur et répondaient à sa performance avec enthousiaste. Ma crainte que sa voix, très douce et feutrée, ne ressorte pas assez en concert s’est rapidement dissipée dès les premières notes. En fait, la dynamique entre les deux musiciens et les visuels simples, mais bien pensés, étaient parfaitement balancés, représentant avec justesse son esthétique musicale.
À l’instar de sa musique, sa performance contenait ce petit quelque chose qui n’appartient qu’à elle. À la sortie du concert, avec l’amie qui m’accompagnait, nous tentions de trouver les mots justes (sophistiquée, pop minutieuse, douce, maitrise) pour expliquer ce qui nous fascine tant d’Erika de Casier, mais c’est en évoquant le concept d’image de marque en marketing (branding) qu’ici on appellera plutôt recherche artistique et imaginaire visuel que j’ai réalisé que c’était peut-être là que réside sa force : Erika de Casier est un tout. En fait, elle s’incarne parfaitement. Tant ses compositions que sa présence sur scène reflètent une personnalité qui peut sembler timide a priori, mais constitue, en fait, un ensemble soigné et recherché. Rien n’est laissé au hasard dans ses productions et cela parait qu’elle a complété une maitrise en production sonore au Rhythmic Music Conservatory de Copenhague.
C’est donc à travers un son intime et envoûtant que l’artiste a tracé et enveloppé les contours de notre mardi soir. Et, dans un monde où tout bouge à une vitesse effrénée, sa musique agit comme un baume apaisant. Nous en prendrions plus des comme ça.