Belle ambiance au Ministère pour le lancement d’un de mes albums coup de cœur de l’année. L’artiste multidisciplinaire Émilie Laforest présentait son premier album solo après avoir déjà parcouru plusieurs miles dans la scène musicale depuis une dizaine d’années. Cette fois-ci, c’est sur scène qu’elle livra l’entièreté de Mea Silva, ce disque aux influences multiples sortit sous l’étiquette de Simone Records le mois passé.

Impossible d’ignorer le fait que la salle est bourrée d’enfants et que la foule est un parfait échantillon démographique de la population montréalaise : il y a quelque chose de familial et rassurant entre les murs du Ministère. Et — d’instinct — les enfants se ruent en premières rangées dès que l’interprète et ses musicien.nes montent les planches pour amorcer le concert. Enveloppée de blanc, une Émilie Laforest toute fébrile prend place – « Ça fait dix ans que je ne suis pas monté sur scènes ». Et pourtant, quelque chose d’infaillible — d’une noblesse — se déploie lorsque les premières notes sont poussées.

Un puits très profond pose les premières dalles fondatrices de ce que Mea Silva émane à l’aide des mélodies électro-baroques, soutenues par Mathieu Charbonneau qui est rivé derrière un cockpit de matériel. La qualité et les arrangements sont fidèles à l’album, la voix impeccable de Laforest transperce la salle lorsqu’elle atteint un sommet – intouchable. La pièce, Cherche-moi pas, prouve qu’il n’y a aucune barrière chez elle, on tombe subitement dans des influences plus new wave et pop. Mais tout de même, on ne reste jamais bien loin de ses racines classiques qui font aussi partie intégrante de l’album. Mon Souvenir, fait appel à un cœur (composé entre autres par la fille de Laforest) où on assiste de front à des lignes mélodiques rappelant quelque chose de sacré et de théâtral.

Malgré ces codes, Émilie Laforest les dévie tous sur scène ce soir-là. Plusieurs avenues sont empruntées pour créer ce joli objet d’art : celle de la poésie et de la sincérité. Et, manifestement, elles ont fait effet sur nous tous et toutes, comme un début de printemps.