Coup de coeur francophone 2018 : Antoine Corriveau, Ponctuation et Forever Pavot
Coup de cœur francophone tire à sa fin, mais on n’est pas tout à fait rendu encore. Hier soir, je me suis trimballé sous la pluie entre le Club Soda pour Antoine Corriveau et le Ausgang pour Forever Pavot et Ponctuation.
La lumière qui brille au fond de la nuit
C’est dans une ambiance feutrée que nous a accueillis Antoine Corriveau dans un Club Soda très peu rempli, mais pour une bonne raison. Les places étaient limitées pour ce concert à la conception sonore et visuelle audacieuse. Il faut dire aussi que c’était le lancement officiel de Feu de forêt, le nouvel EP d’Antoine Corriveau et la première sortie francophone de Secret City Records (Patrick Watson, The Barr Brothers, Leif Vollebekk). Ce n’est pas rien. Et ça en dit long sur le respect du milieu pour les compositions et les textes d’Antoine Corriveau.
Toujours est-il que ce Feu de forêt était appuyé par les projections de Mathilde Corbeil qui n’a pas cherché à en faire trop. Non. Elle a su bien appuyer la musique avec des desseins, souvent abstraits, qui se construisaient de ligne en ligne, sans jamais voler le show. C’est donc la musique de Corriveau qui était au centre du concert. Et pour l’occasion, il était bien entouré : les collaborateurs de longue date Marianne Houle, Stéphane Bergeron (Karkwa) et Marc-André Landry étaient fidèles au poste. S’ajoutaient Pietro Amato au cor français et Simon Angell (Thus Owls) à la guitare. Disons qu’on peut être plus mal pris qu’avec ces musiciens talentueux.
Cette belle bande n’a pas hésité à nous en mettre plein la gueule avec des versions rock des chansons de Corriveau. La version quasi punk de La ville d’où on vient était déstabilisante et délicieuse à la fois. Même chose pour Croix blanche qui rentrait au poste ou encore Juste un peu qui avait une bonne dose de puissance derrière elle. Il y a eu un petit moment cahoteux dans l’ensemble par contre. Rendez-vous était interprétée un peu différemment et le fait de retomber au 2/3 de la chanson l’essoufflait un peu. La transition suivante était aussi ardue. Un tout petit accrochage a eu lieu dans Le Nouveau vocabulaire, mais a rapidement été maîtrisé et tout ça a coulé comme si rien n’était arrivé. Il nous avait averti que c’était un soir d’expérimentation et ce sont des pépins facilement pardonnables.
C’était un spectacle magnifique porté de façon de maître par Antoine Corriveau qui démontre encore une fois son talent indéniable. Du beau travail!
Psyche mon vendredi
J’avais ensuite rendez-vous avec Ponctuation et Forever Pavot au Ausgang. Les premiers avaient déjà commencé depuis plusieurs minutes quand j’ai quitté le froid au profit de la chaleur de la salle de spectacle. Encore une fois, ces quelques chansons étaient aussi mélodieuses que rock que psychédélique. C’était tout à fait réussi et le quatuor mené par Guillaume Chiasson n’y allait pas de main morte pour dispenser les riffs efficaces.
Puis, c’était Forever Pavot qui prenait la scène. Quel excellent show rock! Tout d’abord, ils font la meilleure utilisation de la flûte traversière depuis belle lurette. Ensuite, les musiciens ont un plaisir contagieux sur scène. Tout repose entre les mains de l’impressionnant batteur qui s’est permis de tenir ses collègues en suspend quelques fois. Par moment, la troupe se fait lourde, presque doom métal et à d’autres moments, c’est léger comme whippet.
Parmi les moments marquants, La soupe à la grolle, un autre mot pour dire corbeau a donné lieu à des imitations d’oiseaux de la part du groupe et de la salle. On se croirait à la clinique vétérinaire ou dans un film d’Hitchcock… c’est selon. En rappel, la formation nous a joué le générique de Tintin en version complètement folle. J’aimerais que la série l’adopte. Le rappel a duré une bonne demi-heure de jam et il était clair que les musiciens étaient rendus à improviser. Sur des motifs de base répétés peut-être, mais il y avait une grande écoute et surtout des sourires échangés à profusions.
Je suis moi-même parti du Ausgang avec un énorme sourire dans le visage. Un très bon vendredi de Coup de cœur francophone. On remet ça ce soir avec Marjo au Quai des brumes.