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Coup de coeur francophone: deuxième partie

logo0Ma deuxième moitié de Coup de cœur francophone commençait par un arrêt au Cabaret du Mile-End, question de revisiter les lieux une dernière fois avant que le verrou soit mis dans la porte. La première partie était assurée par Martin Lizotte qui est venu présenter les pièces de son album Pianolitudes paru en janvier dernier. Son jeu émouvant a vite fait de ravir les spectateurs présents. Le jeu d’éclairage était sobre et contribuait à plonger le public dans un état de contemplation et d’ouverture. Seul petit écueil, un effet de machine à fumée un peu douteux au début d’une chanson… plus loufoque qu’autre chose.

Stéphanie Lapointe a ensuite pris la scène pour présenter les pièces de son album Les amours parallèles. Chose particulière, Lapointe a louangé les auteurs qui lui ont prêté des mots pour cet album de Philémon Cimon à Stéphane Lafleur. Rares sont les interprètes qui montrent tant de reconnaissance. Le premier l’a d’ailleurs accompagné sur scène pour deux pièces dont Je veux de la lumière tirée de L’été. Elle a aussi invité sur scène Albin de la Simone qui est venu jouer À quoi tiré de son album précédent. Bref, la jeune femme était encore une fois attachante et possède une belle présence sur scène.

Pendant ce temps, Stéphane assistait au doublé Sylvie Paquette/Antoine Corriveau: «La première était accompagnée de Rick Haworth aux guitares et de l’excellent Benoît Rocheleau (percussions, claviers, xylophone). L’auteure-compositrice-interprète a pigé dans plusieurs de ses albums. Pas de doute, la dame a du kilométrage et son assurance sur scène était aveuglante; se permettant même quelques boutades sur son propre travail qu’elle qualifiait elle-même d’anonyme et sombre… sourire aux lèvres, bien entendu! Ces remarques ont eu un effet délassant sur le public.»

«De son côté, Antoine Corriveau venait nous présenter en format live les chansons de ce superbe album, Les Ombres Longues. Sept musiciens sur scène incluant violoncelle, claviers, percussions et surtout une relecture absolument exquise de ces pièces douces-amères. Sur scène, les versions de Un par un, Le temps des coupes à blanc (un trio de voix totalement émouvant), le folk rock quasi abrasif de Printemps, printemps ont soulevé cette prestation à un niveau artistique inégalé. Antoine Corriveau commence à jouer dans la cour des grands de la chanson québécoise. Si Les Ombres Longues est un grand disque, la performance offerte était tout simplement un grand cru.»

Pendant que Stéphane se rassasiait au concert de Corriveau, je me suis dirigé vers Simon Kingsbury et Navet Confit qui prenaient le contrôle de l’Esco. Le premier est venu présenter quelques nouvelles pièces ainsi que celles parues sur son maxi homonyme paru il y a trois ans déjà. Kingsbury a toujours un petit côté folk, mais le rock semble avoir fait son chemin dans ses compositions. C’était une performance colorée de distorsion et franchement, ça va très bien avec sa barbe. Sonner Faux était particulièrement réussie et a charmé la foule présente dans le bar de la rue St-Denis.

Puis Navet Confit est venu nous planter la chanson Mannequin de magasin dans la tête. Encore, aujourd’hui alors que j’écris, je suis assailli par la ritournelle qu’il a répétée pas moins de cinq fois… sacré Navet! Le grand jeune homme était accompagné du solide Carl-Éric Hudon et de la puissante piocheuse Lydia Champagne. Il a gracié le public de plusieurs de ses succès dont: Une Boîte dans une boîte, Louis-José Houde, Ça n’existe pas, mais surtout cet incroyable fa dièse tenu pendant plusieurs minutes au début de Ça n’existe pas en tout début de spectacle. Franchement, si vous ne connaissez pas Navet Confit, il est bien temps de s’y attarder.

Mercredi soir,Philippe Brach était à l’honneur et foulait la scène du Lion d’Or qu’il a prise plusieurs fois cette année dans le cadre des Francouvertes. Sa première partie était assurée par BATpoinG, accordéoniste français qui fait dans l’excentrique. Situé entre le rap et la chanson, celui-ci s’amuse avec les mots avec une habileté hors du commun. D’ailleurs son spectacle coule d’un bout à l’autre et il a tôt fait de conquérir le coeur du public qui l’a remercié d’une ovation à la fin de sa partie. Accompagné par Monsieur Jack, il a livré les pièces de Juste une note, disque paru en avril 2013.

Puis, Philippe Brach est entré en manteau de léopard pour interpréter Changer…Et le pire dans tout ça? Brach chante bien (dans le sens conventionnel et star académicien)… aussi bien que Jean-François Brault à tout le moins. Le préféré de Pierre Harel a livré les pièces de La Foire et L’Ordre dans un décor tout spécialement concocté pour sa «rentrée montréalaise». Il y avait donc… deux plantes et une patère sur la scène. Rien de trop beau. Faut bien être au Coup de coeur francophone pour que Brach insère plus d’anglais que jamais dans son spectacle dont une décoiffante reprise de No One Knows de Queens Of The Stone Age. Une autre super soirée signée Brach!

Jeudi, les femmes étaient à l’honneur au Club Soda. Certaines personnes dans le public rencontraient certainement Safia Nolin pour la première fois alors qu’elle ouvrait pour Salomé Leclerc. La jeune auteure-compositrice-interprète avait des airs de Dallas Green (en féminin, il va sans dire) au tout début de City & Colour (avant qu’il devienne plate). Accompagnée de Rick Haworth à la guitare, elle a livré ses textes franchement touchants. D’ailleurs la foule semblait elle aussi tomber sous le charme la jeune femme. Elle a d’ailleurs fait un beau petit discours sur Noël avant de lancer la belle Noël partout. Est-ce qu’on a hâte à son premier album? OUI!!!

Puis Salomé Leclerc a pris la scène avec l’assurance d’une lionne. Les pièces de 27 fois l’aurore ont pris une tournure plus rock sur scène tout comme la voix légèrement enrouée de la jeune femme. Avec des petits airs de PJ Harvey, elle a livré Arlon, Vers le sud, Ne reviens pas et même une reprise très réussie de Vingt Ans de Léo Ferré. Sans compter une «vieille nouvelle» chanson, Sur moi la glace qu’elle a bien fait de ne pas jeter. Espérons que l’excellente pièce se retrouvera sur le prochain album. Bref, la jeune femme était envoûtante.

Pendant que je tombais en amour avec Salomé Leclerc, Stéphane était au concert de Philippe B et Ludovic Alarie: «C’est ce dernier qui officiait en première partie et le jeune musicien, âgé de vingt ans seulement, s’en est admirablement bien sorti. En format trio, convoyé par les forts compétents Adèle Trottier-Rivard (percussions, voix) et Warren C. Spicer, guitariste et membre de Plants And Animals, le compositeur nous présentait l’essentiel de son premier solo en français. Ce qui a frappé, aux premières notes de cette prestation, est sans aucun doute la dextérité et la cohésion parfaite du trio; une exécution irréprochable de ce folk duveteux/aérien. En contrepartie, Alarie est un interlocuteur timide et l’interaction avec le public était légèrement déficiente. Qu’à cela ne tienne, à un si jeune âge, bien des musiciens rêveraient d’avoir le talent de Ludovic Alarie

«Par la suite, le pince sans rire Philippe B faisait son apparition avec ses cinq accompagnateurs: deux choristes féminines et trois messieurs aux cuivres et aux vents. Le songwriter a pigé dans le répertoire de ses deux parutions, Variations Fantômes et Ornithologie, la nuit. Pour ceux qui connaissent bien Mark Oliver Everett, alias Eels, (surtout l’album Live At Town Hall), Philippe B nous a offert une prestation magnifiquement arrangée, somptueuse et conviviale à la fois. Un silence respectueux balayait le public présent littéralement scotché aux chansons de l’artiste. Bonus? Philippe B nous a gratifiés en rappel d’une chanson de Gainsbourg titré Les feuilles mortes. Bref, un spectacle aussi émouvant que désopilant de la part de Philippe B

De mon côté, j’étais de retour au Divan Orange pour attraper les prestations de Cou Coupé et Les Hôtesses d’Hilaire. Le premier est un groupe réuni autour de Jacques Bertrand Jr et comptant Marc Leduc, Navet Confit et Lydia Champagne, entre autres, parmi ses membres. La formation a joué longuement envoyant les pièces de Chansons d’ascenseur, d’escalier et de chute libre ainsi que quelques pièces de Jacques Bertrand Jr en solo. Un spectacle haut en couleur!

Puis, Les Hôtesses d’Hilaire comptaient sur la moitié de l’Acadie entassée entre les murs du Divan Orange. Les rockeurs au cœur tendre nous ont envoyé avec une fougue incroyable les pièces de Party de ruisseau paru un peu plus tôt cette année. Ajoutant au mix une ou deux chansons de The Doors, la bande à Serge Brideau a mis le feu au Divan Orange. Au point, où le SPVM a visité les lieux… parce que vous savez sur Le Plateau, il y a une loi «pas de bruit» après 23h00. Ce qui est complètement absurde, particulièrement sur l’artère St-Laurent. Espérons que le maire Luc Ferrandez verra la lumière au bout du tunnel et changera cette législation absolument ridicule et que le «légendaire» SPVM commencera à faire usage de cette chose qu’on appelle simplement le discernement. Ça n’a certainement pas empêché le groupe de donner une généreuse prestation et de chanter pendant plus d’une heure.

Samedi soir, c’était Les Soeurs Boulay, récemment décorées d’un disque d’or qui venaient mettre fin à la tournée Le poids des confettis sur la scène qui les a couronnées gagnantes des Francouvertes en 2012. D’ailleurs les deux jeunes femmes ont mentionné l’importance de se retrouver au Lion d’Or pour terminer ce périple rocambolesque. Elles ont ouvert avec Cul-de-sac et instantanément, la foule chantait en chœur et cela jusqu’aux toutes dernières notes. Même les enfants sur place semblaient connaître toutes les paroles! Celles-ci étaient accompagnées par Gabriel Graton et Laurence Lafond-Beaulne (Milk & Bone). Elles rayonnaient sur scène. Mélanie Boulay avec un sourire permanent collé dans le visage alors que sa soeur Stéphanie avait des airs de Phoebe Buffay avec sa robe fleurie et ses boucles dorées… quoiqu’elle joue franchement mieux de la guitare. Le duo a offert aussi deux reprises: Les chats sauvages de Marjo en version touchante à mort et Our House de Crosby Stills & Nash.

Puis, c’était la dernière soirée rock à l’Esco. Les Incendiaires ouvraient le bal avec leur pop-rock ressemblant à Indochine. La formation a envoyé les pièces d’Unica paru en décembre dernier. Puis, ce fut PONI qui prit la scène pour livrer les lourdes pièces de leur album paru un peu plus tôt cette année. À coup de gros riffs, de basses lourdes et de cymbales qui éclatent dans tous les sens, le quatuor nous a donné un show énergique. Parmi les bons moments: La marée, L’aiguille et Zénith. D’ailleurs l’assemblage des voix de Nicolas Gosselin et Nicolas Beaudoin est particulièrement réussi.

Et voilà pour cette édition nouvelle édition du Coup de coeur francophone. Encore une fois, la programmation était de haut niveau, mettant de l’avant autant des gros noms que des artistes de la relève. On a eu ben du fun. À l’année prochaine!

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