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Cheech and Chong au Théâtre Maisonneuve le 23 septembre 2019 : Étirer le joint

Avec un mélange de sketchs, d’anecdotes et de chansons comiques, Richard « ’Cheech » Marin, 73 ans et Tommy Chong, 81 ans, ont enfilé un show décousu, parfois drôle, mais beaucoup trop court. Show chiche. En 75 minutes, l’affaire était bâclée.

Les deux acteurs sont responsables du film-culte Up in Smoke (Faut trouver le joint dans sa version française) paru en 1978 qui a recueilli 100 millions de dollars au box-office. Film de contre-culture hippie qui soulignait à gros traits des stéréotypes : Cheech et son camion déglingué et Chong à côté de lui qui tire des pétards gros comme des avant-bras, la boucane qui sort des fenêtres comme une cheminée d’usine, les deux ont été « aspiré » par le succès du film, mais n’ont jamais été en mesure de sortir vraiment de ce carcan.

Entre 1972 et 1985, Cheech and Chong, c’est neuf albums humoristiques, huit longs métrages dont plusieurs à petits budgets, plusieurs spectacles de stand-up et un numéro d’anthologie : Dave’s not here. Un classique. Un gars cogne à la porte de son ami en disant : « ouvre, c’est moi Dave ! J’ai le stock. Vite, ouvre-moi, je pense que je suis suivi. » Puis une voix de l’autre côté qui répond : « Dave n’est pas ici. » Et l’autre, exaspéré, lui réplique : « non, c’est moi, Dave, ouvre. Dave’s not here, » retenti d’une voix grave. Ça continue ainsi pendant quelques échanges toujours avec la même réponse, Dave’s not here. C’est avec ça qu’ils ont débuté leur numéro, mais avec une autre tournure, ce qui a ravi le public.

Pas besoin de vous dire qu’à la table de merch, les t-shirts avec l’inscription « Dave’s not here » se vendaient comme des petits pains. Les billets n’étaient pas donnés non plus. Et si la salle n’était pas remplie à ras bord, le son n’était pas au point non plus. La femme de Chong arrive sur scène, robe jaune hyper moulante et très courte, juchée sur des talons hauts, vous savez, le genre de fille qui monte sur les rings de boxe avec une pancarte annonçant le prochain round ? Moins classe que les filles de The Price is Right, mais plastique tout de même, à une chirurgie près d’une barbie.

Hélas, nous avons été affligés de son inutile présence à ce spectacle avec ses trucs genre : avez-vous fumé un joint avant de venir ici ? Quinze minutes vides en contenu, pour finalement voir arriver la sympathique paire de cool guys. Les gars reviennent de loin. En 1987, Marin quitta Chong, lui, l’expatrié de East LA venue à Vancouver à la fin des années 60 pour éviter d’être enrôlé pour la guerre du Vietnam, c’est au Canada que le duo s’est donc formé, Chong est canadien.

Cheech Marin a fait durant ce hiatus plein de choses, acteur dans la série policière Nash Bridges, joué dans sept films du réalisateur Robert Rodriguez dont Machete en 2010, on se souvient de son rôle de prêtre avec un arsenal de fusils… Chong a fait de la tôle quelques mois, mais en 2000, la paire prêta ses voix respectives, mais enregistrées séparément dans un épisode de South Park, Cherokee Hair Tampons et en 2011 dans un épisode des Simpsons où il est question de séparation du duo et Homer prend la place de Chong

Comment décrire cette soirée ? Correct, mais sans plus, pour reprendre l’expression. Un sketch des deux lascars assis dans un véhicule, l’un remet du LSD à l’autre par erreur, comédie de situation, un peu slap stick, un sketch où Chong fait un vieux bluesman (très drôle), un autre où Cheech arrive en Minnie Mouse avec des collants et une guitare sur fond de rock lourd, des anecdotes du passé, la plupart drôles, d’autres qui tombaient à plat… Fallait être sur place pour mieux apprécier les gestuelles et autres faciès qui accompagnent ces sketches, mais l’omniprésence de la femme de Chong a rapidement agacé, on s’en serait bien passé….

Après avoir cabotiné sur quelques-unes de leurs vieilles chansons (un peu comme le font les Denis Drolet) et terminé sur une parlant de la légalisation du cannabis, ils ont quitté la scène, sans rappel, les lumières de la salle se sont vite allumées (s’cusez le jeu de mots)…

On est resté sur notre faim.