Le jeune chanteur donnait un concert gratuit à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal, à Montréal. Une courte performance qui lui a valu une ovation.

Avant de commencer, il est important pour moi de remercier la personne qui m’a ouvert les yeux à cet artiste. Je ne serais pas ici, ce soir, à vous écrire sans la charité musicale de nul autre que de Mado Lamotte. C’était ce 24 décembre dernier, alors que nous commencions notre réveillon, elle était à la charge de la chaîne d’ICI Musique. La minute que j’ai entendu Tout est accessoire! de cet Alphonse Bisaillon, je suis tombé en amour.

Comme chez lui

Un mois plus tard, c’est dans cette petite salle aux projecteurs orangés que c’est donné le concert d’Alphonse Bisaillon. C’est vêtu d’une robe de chambre, de chaussettes noires et d’une tuque de poil à la canadienne que l’artiste s’est présenté. Tenant une pipe de bois, nous avons le droit à un « Salut! » bien franc de celui-ci. Assis, seul à son piano à queue, il s’est lancé dans sa première chanson de la soirée, Station balnéaire. À le voir dans cette mise en scène, nous nous sentions comme l’intrus, comme si nous étions chez lui, dans sa bulle, aucune gêne, aucune question; nous étions invités dans sa musicalité.

Il a continué avec Comme des joueuses de tennis. Puis nous avons eu droit à une petite montée de lait de l’artiste visant la chanteuse Lynda Lemay et sa chanson Alphonse, chanson qui critique le prénom. Pour se venger, il a lancé une reprise personnelle intitulée Lynda. Il n’y avait là rien de sérieux, bien sûr, tout était fait avec bonne humeur. Cela dit, il serait bien partant faire la première partie lors du spectacle de celle-ci à Sherbrooke!

Du nouveau

Bisaillon s’est alors ouvert à nous en jouant deux nouvelles chansons qu’il est présentement en train d’enregistrer. L’une d’elles, intitulée Blouse blanche, était puissante avec des émotions fortes ou du moins c’est ce que nous avons pu ressentir lors de cette première écoute. Bien hâte de redécouvrir le texte de la chanson une fois qu’elle sera disponible.

Puis, est arrivée une courte pause afin de laisser les membres du public écrire des critiques envers le spectacle sur des Post-its de couleurs. Des collants de marque Hello Kitty ont même été mis à la disposition des gens qui pouvaient écrire leur mécontentement face à un aspect du concert. Ce moment surréel a pourtant été initié par l’artiste lui-même. Quelques-uns de ces messages semi-constructifs ont été lus à voix haute devant le public par la suite, présentant ainsi le caractère charismatique du chanteur, sa facilité à la parole, à l’improvisation et au contact avec le public.

La communion

Au grand bonheur de la salle, Bisaillon s’est mis à jouer Pour aimer. En plein milieu de la chanson, il a invité le public à se rendre derrière le piano afin de former une chorale. La même initiative s’est poursuivie lors de la dernière chanson de la soirée : Tout est accessoire!. Elle était jouée différemment de la version originale disco. Cette fois-ci, au piano, elle se donnait des airs de polka. Ça chantait, certains dansaient, d’autres faisaient du lipsync sur les paroles de la chanson. C’était beau à voir. Je dois dire qu’il y avait vraiment quelque chose de communautaire ce soir, il y avait un charme partagé par tous dans la salle.

Cette divine Mado a su comment j’allais commencer mon année musicale, l’interpellation d’Alphonse Bisaillon fut un cadeau. Ce concert ne manquait certes pas d’audace, mais s’il était possible, j’y retournerais demain. Malgré certaines harmonies dramatiques, l’artiste ne lâche jamais son côté désinvolte. Alphonse Bisaillon est, je pense, un pas en avant pour la musique québécoise mélangeant ainsi le meilleur du passé avec son idée du présent.

Crédit photo: Rosalie Roberge