28 octobre 2017
Samedi dernier, Byron Westbrook ouvrait la dernière soirée du festival sur le thème des ondes libres avec quatre compositions, débutant par Surface Variants I (2017), nouvelle création développée à partir du système modulaire Buchla 200, une merveille de la synthèse analogique. La trame oscillante à la palette sonore claire et épurée était suivie de trois pièces tirées de son dernier album Body Consonance, sortit il y a deux semaines sur Hands in the Dark Records. Ritual Geometry/Sympathetic Bodies bouillonnait de fréquences analogiques jusqu’à ce qu’un segment plus planant progresse à travers ses effets de filtrage, pour ensuite retrouver une certaine rythmique dans le dernier segment. La vitesse d’oscillation de Dance in Free Fall était beaucoup plus rapide et dynamique, se déplaçant en arpèges frénétiques au-dessus d’une onde plus linéaire. Fireworks Choreography retournait à la trame progressive, mettant en place une ligne de basse autour de laquelle se développaient des accords, accentuant les vitesses d’oscillation jusqu’à ce que la finale particulièrement intense donne un frisson de satisfaction auditive.
Patrick Saint-Denis honorait parfaitement le thème de la soirée avec Wave, une performance qui fait halluciner des sons dans l’espace. Équipés de deux capteurs placés sur ses avant-bras, l’activité électrique des muscles et les mouvements des bras lui permettaient de manipuler la matière première comme si elle était en suspension devant lui. Le résultat sonore s’apparentait d’abord au theremin, avec un jeu entre les gestes chorégraphiés et les vitesses d’oscillation et de lecture des ondes générées. Le deuxième segment nous projetait dans le futur avec la voix de Saint-Denis captée au microphone, découpant la phrase « so this is only a sound » et la manipulant comme de l’air scratch. La performance est captivante, l’instrument est ingénieux et ça donne envie d’en avoir un pour explorer toutes ses possibilités.
J’avais assisté à la présentation de Vacuum Phase Transition : an Exploration of Metastability par France Jobin en août dernier, assis en indien au parterre du Métropolis. L’expérience avait été presque méditative, bien que la salle ne soit pas tout à fait adaptée à ce genre de résonance, mais l’orchestre de haut-parleurs installé à l’Usine C était au rendez-vous après l’entracte avec F Orbital, nouvelle création de Jobin, une trame atmosphérique immersive qui nous fait sentir en état d’apesanteur.
Tristan Perich concluait la soirée et la programmation officielle du festival avec une présentation live de son dernier album Noise Patterns (2016). Divisée en six parties, l’œuvre utilise les limites de la résolution 1-bit à partir du bruit blanc, avec une approche minimaliste et expérimentale qui met la matière première en avant-plan. Après avoir écouté l’album, l’expérience live est tout aussi satisfaisante, quoique tout aussi exigeante pour les oreilles.