Une entrevue avec Keith Kouna
Il y a un an, Keith Kouna dévoilait son Voyage d’hiver, un ambitieux projet qui proposait de réadapter le dernier cycle de lieder de Franz Schubert. Après cinq ans de tractations, le projet vivait enfin et la réponse de la critique fût très bonne. Voici que Kouna propose la version scénique de l’album à la Cinquième Salle de la Place-Des-Arts ainsi qu’à la salle Octave Crémazie du Grand Théâtre de Québec. Je l’ai rencontré au studio Bizz entre deux répétitions.
LP: Comment se passent les répétitions?
Keith: Bien. C’est assez condensé. On a répété beaucoup en janvier et là on arrive à la toute fin, il nous reste une semaine. Depuis qu’on est revenu de France, on est essentiellement là-dedans. Il y a eu beaucoup de répétitions de musique, mais aussi de mise en scène. Ce n’est pas fréquent que je me retrouve avec onze musiciens sur scène, c’est rare que je pratique avec tout ce beau monde. De ce temps-ci c’est pas mal le Voyage d’hiver au quotidien.
LP: Est-ce que le passage de la version album à la version scénique a été compliqué?
Keith: Pour moi, pas tant que ça, mais pour mon pianiste, Vincent Gagnon, qui a dû repasser par les 24 pièces pour faire passer ça de 19 à 11 musiciens et s’arranger que ça fonctionne, oui. On a fait cinq semaines de shows en France et l’essentiel de son temps en char a été passé à écrire des partitions. C’est un Jedi, un genre de «geek» de la partition! Ç’a surtout été beaucoup de boulot pour lui, mais aussi pas mal de boulot au niveau de la mise en scène pour trouver le bon ton.
LP: J’imagine que tu ne veux pas que ça devienne trop théâtral ou compliqué?
Keith: Tu ne peux pas. Faut que je chante les pièces live. Je ne peux pas me retrouver à grimper ou à faire des chorégraphies compliquées.
LP: Ce ne sera pas un spectacle des Spice Girls?
Keith: Non, je ne fais pas de chorégraphie en chantant, je ne fais pas non plus de push-ups. C’est surtout de trouver le bon ton. Pis c’est une première fois aussi avec la mise en scène. C’est plus sérieux. Avec Les Goules, on avait des petites mises en scène, mais si ça ne fonctionnait pas, ce n’était pas grave. Et puis là, il y a un chemin clair. On commence à la première chanson et on ne fait pas d’arrêt avant la dernière.
LP: Est-ce que c’est la première fois que tu travailles avec un metteur en scène?
Keith: Oui, c’est de l’adaptation. Ça se passe super bien avec Antoine Laprise. C’est sûr que des fois, il a des idées pis moi ça ne me tente pas de faire ça ou je ne suis pas à l’aise.
LP: Est-ce qu’on va voir le Loup Bleu?
Keith: Non.
Un désarroi total se voit dans mes yeux.
Keith: …ben là peut-être en rappel…
LP: Trouves-tu ça bizarre de te retrouver à faire la Place-Des-Arts et le Grand Théâtre après avoir écumé les petites salles avec Les Goules?
Keith: Ben, au travers du Voyage d’hiver, j’ai fait la musique pour La République du travail de Martin Crimp qui est mis en scène par Christian Lapointe et ça joue en ce moment au Grand Théâtre et puis ça va être présenté à la Place-des-Arts. Donc, j’ai pu me familiariser avec l’environnement, me visualiser en train de chanter sur place.
LP: Comment s’est passé le travail avec Christian Lapointe?
Keith: C’est un gars vraiment brillant avec une attitude relaxe. Ça s’est fait tout seul, même si c’était ma première fois au théâtre.
LP: Avec l’album qui a pris cinq ans à aboutir et maintenant d’avoir un spectacle avec un aspect cérémonial et officiel, as-tu l’impression que c’est l’aboutissement du Voyage d’hiver?
Keith: Oui totalement. Ça fait du bien. On avait déjà l’idée d’en faire un spectacle au moment où l’album est sorti et si je n’étais pas parti six mois en France, probablement qu’on l’aurait fait plus rapidement. Pis ce qui est le fun, c’est que les pièces peuvent aussi être revues à trois ou cinq. Donc, ce n’est pas nécessairement un ultime au revoir.
LP: T’as fait une apparition sur T’as-tu toute? de Benoit Paradis. Comment est-ce arrivé?
Keith: On avait été invité à l’émission Pour un soir seulement. J’avais écrit un petit texte ce soir-là pour sa chanson pis quand est venu le temps pour Ben d’enregistrer son album, il m’a demandé si je voulais venir le refaire en studio.
LP: Mais depuis… as-tu frenché Klô Pelgag? As-tu changé tes bobettes? Pis as-tu acheté le dernier CD de Dany Bédard?
Keith: Je vais changer de bobettes la journée que j’aurai frenché Klô Pelgag, mais l’album de Dany Bédard… c’est sûr que je l’ai acheté… je ne pouvais pas attendre.
LP: Pis la question plate: Les Goules? Un jour, peut-être?
Keith: Si on refait des shows, faudrait qu’il y ait du nouveau stock, mais faire un retour pour jouer nos vieilles tounes… non.
*Keith Kouna sera à la Cinquième Salle de la Place-des-Arts les 6 et 7 février prochain et à la salle Octave Crémazie du Grand Théâtre de Québec les 18 et 19 février prochain.
http://placedesarts.com/spectacles/15056/keith-kouna-le-voyage-d-hiver.fr.html
http://www.grandtheatre.qc.ca/spectacles/keith-kouna-1795.html