Toc Toc Toc : Entrevue avec la légende de l’humour Claude Crest
J’étais très nerveux en attente dans ma rencontre Zoom avec monsieur Claude Crest. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de parler à quelqu’un qui a côtoyé la Poune de si proche!
TW : Ceci est à mi-chemin entre la fiction et le journalisme. Faites vos recherches comme qu’on dit…
Soudainement, Monsieur Claude Crest, dans toute sa splendeur, apparaît devant moi, grâce à la magie de la « tablette de sa femme ». Malgré ses 91 ans, la légende du burlesque n’a rien perdu de sa rapidité d’esprit. Lorsque je lui explique, qu’à mon grand désarroi j’ai manqué la première de son documentaire puisque j’animais le même soir les préliminaires des Francouvertes. Il me demande instinctivement si Oscar Thiffault fait partie de la cuvée 2022. Malheureusement, la réponse est non puisqu’il est trop établi. Il semble toujours aussi optimiste : « Il devait y avoir du beau talent. » Je le rassure, c’est en effet le cas.
Avec une petite crème de menthe blanche, malgré qu’il n’est pas encore midi, mais comme qu’on dit : il est toujours midi quelque part, monsieur Crest a répondu généreusement à mes questions. D’ailleurs, c’en était une : pourquoi la crème de menthe blanche plutôt que la verte ? « C’est plus classe… pis si quelqu’un veut venir me sacrer un poing sur la gueule, je le vois venir! Dans un spectacle, c’est comme ça qu’on savait si on avait un bon gag. Quelqu’un se levait pour venir te sacrer une mornifle. » Les oscars lui ont même donné espoir du retour des belles années des cabarets!
Reprendre du service
« C’est un talk-show pareil comme ce que je faisais dans les années 70 et 80 qui s’appelait Toc Toc Toc. Ce n’est pas compliqué, moi j’arrive pis je dis : toc toc toc et là, le public crie : qui est là? Le monde a du fun. Des fois je fais juste ça pendant toute l’émission. Pendant une demie-heure et après je rentrais me coucher. » Si l’émission aujourd’hui a sombré dans l’amnésie collective de notre époque, on oublie souvent Claude Crest avait réussi un grand exploit de rassembler les grands télédiffuseurs de l’époque : Télé-Métropole, Télévision Quatre-Saisons et Radio-Canada qui passait l’émission au même moment. Du jamais vu dans l’histoire de la télévision québécoise.
Redonner à la jeunesse
C’est pour donner du rayonnement à des artistes émergents que monsieur Crest a accepté de reprendre Toc Toc Toc le temps d’une soirée. « Je ne les connaissais pas. Je les ai rencontrés, attends minute, je me suis fait un p’tit papier. Larynx, lui je l’aime bien, il n’a pas la langue dans sa poche. Il est venu les oreilles rouges, mais les jeunes astheure, ç’a tous les cheveux longs. Faudrait qu’il se coupe ça. Ce que j’ai aimé de ces jeunes-là, c’est que c’est de la musique pour les jeunes, mais on dirait qu’ils s’inspirent de dans le temps. Vanille elle chante bien, j’ai bien aimé ça. Il y en a une, elle a le même nom que ma grand-mère : Léona. C’est beau ça. Il y avait aussi Arielle Soucy, je pense que je n’ai jamais entendu une aussi belle voix de ma ca***e de vie. Elle chante mieux que la Poune! » Tous ces jeunes artistes viendront présenter des pièces, parfois en solo, parfois même en duo. Une chose est sûre, monsieur Crest semble avoir été charmé par la bande.
En bon mentor, Claude Crest redonne à la jeunesse, même s’il est trop humble pour l’admettre tout de go. « Ce n’est pas à moi de le dire ça. Dans la vie, on vient vieux vite, ce n’est pas long vieillir. Il y en a qui ont 26 ans et qu’ils ont de l’air d’en avoir 74. Je trouve ça le fun qu’à mon âge, je viens d’avoir 91 ans, ce n’est pas mes vrais cheveux, il rit… (votre humble serviteur riait à gorge déployée, je dois l’admettre), ce n’est pas mes vraies dents non plus, mais, c’est ma vraie moustache! Tout ça pour dire, ça me permet de rester jeune! »
Des jeunes bien entourés
On parle souvent des grandes histoires d’horreur du milieu musical. Encore récemment, Philémon Cimon en avait long à dire sur le métier d’éditeur. J’ai voulu m’assurer avec monsieur Crest que Larynx, Vanille, Léona et Arielle Soucy étaient bien entourés chez Bonbonbon. On sait tous que Claude (si je puis me permettre) a connu des déboires qui se poursuivent avec Pierre Harrisson, son gérant qu’il qualifie de trou d’c** et s’emporte : « C’est un vieux guibou, un sépulcre blanchi, Judas Iscariote! Tout ça pour dire que les jeunes de Bonbonbon, ils aiment la musique, ils veulent mettre de l’avant les jeunes artistes. Ça parait dans le beau set-up qu’ils ont fait, je n’en revenais pas! »
L’impression que le meilleur est encore à venir
Si monsieur Crest garde une place spéciale pour la grande époque des cabarets dans son cœur, il semble qu’à 91 ans, il est encore plus en forme que jamais. Alors que Claude Blanchard, Manda Parent ne sont plus et que son bon ami Paolo Noël vit des moments difficiles, on dirait que monsieur Crest a repris de la vigueur au cours de la dernière année. Et ce, même s’il a attrapé la COVID : « Je l’ai attrapé il y a un an environ. Eille, m’a te dire, ils m’ont rentré un long tube dans gorge, je n’étais pas habitué à ça. Ce qui m’a sauvé, c’est la p’tite infirmière qui m’a mis un peu de crème de menthe dans mon soluté. »
Pour vous procurer des billets pour Toc Toc Toc, c’est par ici!
Un gros merci à Maxime Gervais qui m’a fait le plaisir d’arriver en Claude Crest et qui m’a fait rire aux larmes.
*Cet article a été rédigé en collaboration avec Le Ministère et Bonbonbon.