Chroniques

Les Breastfeeders

Sunny Duval, ex-Breastfeeder, critique La Ville Engloutie

  • Bonsound
  • 2024

Collaboration spéciale

Note : 8,5

En tant qu’ancien membre du groupe et fan ayant attendu treize longues années pour cette nouvelle galette, je me dois d’écrire ma propre critique de La ville engloutie. Sans exagérer, ce sont treize années à me faire demander mensuellement «hé les Breasts, vous faites quoi ces temps-ci? » et questions similaires. Autoréponse : « J’ai quitté en 2012. » Ces mêmes années à demander moi-même des nouvelles aux différents membres et/ou envoyer des messages de stimulation créative. N’y croyant plus trop, j’ai fini par arrêter.

Fast forward la cassette jusqu’à maintenant et hop, d’une ville engloutie émergent ces mêmes Breastfeeders, bien en vie.

Cryogénisés ou conservés dans l’alcool quelque temps, on l’ignore, mais intacts et en grande forme.

Avec une différence : Suzie McLelove a été remplacée par sa sœur sonore et spirituelle, Karine Isabelle, dans l’entourage des copains depuis (presque) toujours. Aux énergie et style semblables et uniques à la fois. Ses deux pièces sont excellentes, celle en espagnol est résolument un énorme tube.

Un album à l’interprétation superbe d’un bout à l’autre.

Sur les beats de Maxime Hébert pour taper du pied jusqu’à demain. Avec un son plus rond, mais nullement moins présente, la basse du célèbre Joe Gagné (sa mère l’appelle encore Jocelyn je crois) peut sembler à première écoute plus calme. Ce qui est déjà plus énergique que la plupart des bassistes.

Exit les traces de guitare surf à la Sunny Duval (ahem), le guitariste David Deïas est un as. À gauche, à droite, partout, ses sons, ses attaques et riffs sont justes et mortels. Avec un peu du sang de Johnny Thunders et d’autres idoles glam rock sur les mains, une touche qui ajoute beaucoup. Il fait même apparaître une 12 cordes électrique, momentanément.

Monsieur Brien, leader de la bande, est un rubis plus poli que jadis, mais toujours un rubis. Et toujours aussi fort à la guitare rythmique. Sa voix est plus contrôlée, légèrement plus posée et… mature. Une claque sur la gueule dans un gant de velours côtelé.

Et y’a Johnny Maldoror. Si vous n’êtes pas familiers avec ses fonctions basiques, Johnny est co-parolier des superbes textes et responsable du « tchic tchic tchic » de la tambourine qui découpe le rythme et complète la batterie. Il remplit encore ces fonctions à merveille ici. Sachez seulement que c’est sur scène qu’il prend (et perd, alternativement) tout son sens. Et vous découpera en petites rondelles par cette même tambourine.

On reste clairement en territoire Breastfeeders. Un savant mélange de toutes les influences puisées dans les diverses décennies et surtout dans le rock garage sixties, pour créer leur propre son, dès les premières rencontres. La ville engloutie est le quatrième tome de cette œuvre. On reconnaît bien certains « breastfeederismes » (harmonies vocales, suites d’accords, thèmes) au fil des pièces de l’album, excellent témoin d’un groupe qui a peaufiné et raffiné son art. Moins brut, saturé et précipité que Les matins de grands soirs par exemple, la production respecte les idéaux du rock garage, en lui enlevant une pointe de saleté technique tout en lui ajoutant de la précision nette. Presque hi-fi, bébé! Plusieurs effets spéciaux et additions géniales, percussions, claviers. Les mixes de Mark Lawson sont parfaits. Tout est clair, on sait très bien à qui et à quoi on a affaire.

Suzie enveloppe de soie ce cadeau rock’n’roll en chantant la magnifique Aujourd’hui ou demain.

J’aurais pas fait mieux. Chapeau les cocos!

Pièces favorites : Les pieds chez toi, Vivre et exister, Los sueños que ya no se sueñan más, J’entends les tambours. La pièce-titre instrumentale est bonne, par contre avec un côté Velvet Underground moins à sa place parmi leur répertoire. Pour la continuité et un enchaînement sans pause, je l’aurais placée à la toute fin. Ou lancée séparément. Ou enlevée (désolé). Mention spéciale à Les rêves qu’on ne rêve plus. Comme si le groupe avait ajouté une corde Neil Young psychédélique à son arc! Certainement une pièce maitresse de l’album, dont les arrangements prouvent l’indéniable évolution musicale des Breastfeeders.

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.

Bloqueur de publicité détecté!

On a remarqué que vous utilisez un bloqueur de publicité. La publicité est un revenu important pour un média indépendant comme nous et nous permet de vous offrir du contenu gratuit de qualité. Est-ce que vous pouvez le désactiver? Ce serait bien apprécié!

- Merci, l'équipe du Canal Auditif