Simon Daniel : un premier album pour le « Nightcrawler »
La semaine prochaine, Simon Daniel lancera Nightcrawler, son premier album. Nous nous sommes entretenus avec lui pour parler du chemin parcouru dans les dernières années.
La première fois que j’ai croisé Simon Daniel, c’était aux Francouvertes en 2016, alors qu’il avait atteint les demi-finales. « C’était la première fois que je jouais à Montréal et le 5 ou 6e show que je faisais en band. » À l’époque, le rock progressif tenait une place de choix et les cuivres étaient bien présents. Mais pour ce nouvel album, Simon Daniel s’est rapproché de ses influences : Radiohead, Grizzly Bear et Patrick Watson.
À l’époque lorsqu’il a enregistré l’EP Jaune en 2015, c’était la première fois qu’il entendait ses chansons interprétées par un groupe complet. « Sébastien Michaud (Les Païens), c’était un de mes héros d’adolescence et c’est lui qui a réalisé mon EP. Il m’a offert de faire des cuivres, j’ai dit fuck yeah! » C’était un temps où il n’avait pas encore de regard critique et ne prenait pas nécessairement toujours le temps de réfléchir à ses choix. Après tout, c’est normal d’essayer des choses et d’improviser un peu.
Après des vitrines remportées lors de la Francofête, il a pris son erre d’aller rapidement : « Ça été crazy. 3 jours après le lancement de l’EP, j’ai basically tout gagné les vitrines à Francofête. J’avais donc beaucoup de vitrines en Europe. C’était un peu intense. Je devais avoir un show de 60 minutes, mais j’avais juste le matériel d’un EP. »
Mais ce n’est pas non plus ce matériel qu’on retrouve sur Nightcrawler. Des fois, il est préférable de faire confiance à son instinct et c’est exactement ce que Simon Daniel a fait. « J’étais supposé rentrer en studio en octobre passé et je le feelais juste pas. Puis, j’ai écrit la chanson Nightcrawler et ç’a été un déclic. J’ai aussi commencé à écrire au piano plutôt qu’à la guitare et j’ai aussi ajouté des synthés pis des drum machines. » Le Néo-Brunswickois a écrit les chansons en juin dernier et a rencontré Pilou (Pier-Philippe Côté) pas très longtemps après. Cette rencontre a été un élément déclencheur pour se lancer dans l’enregistrement en studio.
« La majorité de l’album, c’est moi et Pilou. C’est un multi-instrumentiste et on s’est permis d’explorer et d’essayer des choses en studio. » Simon Daniel explique que l’influence de Pilou se fait sentir un peu partout sur l’album. En fait, sans lui, le son de Nightcrawler ne serait pas le même. Et surtout, en duo, ils se sont permis d’expérimenter et d’explorer des nouvelles avenues musicales à partir des démos enregistrés dans son studio maison. Il y a aussi Thomas Champagne et Alexis Aubin-Marchand qui sont arrivés avec des tonnes de synthétiseurs pour venir enrober les chansons.
Simon Daniel fait partir de ces musiciens qui sont entièrement indépendants. C’est lui qui tient sa destinée entre ses mains et qui choisit comment présenter son projet. Il n’est pas seul, il a l’appui et le conseil de Carol Doucet, une figure de proue dans l’industrie de la musique au Nouveau-Brunswick. Cette indépendance, ça veut dire aussi qu’il se lance en quelque sorte dans le vide : « Je le sais pas comment les gens vont recevoir mon album. Je ne le sais pas si ça va me permettre de tourner, je n’ai vraiment aucune idée. Et c’est aussi excitant! Je ne suis pas blasé par rapport à ça. » Au rythme où vont les choses pour Simon Daniel à date depuis ses débuts, ça promet.
On le sait, faire de la musique ce n’est pas toujours évident. Encore moins quand on est installé en dehors des grands centres. Simon Daniel fait face à ce genre de défi puisqu’une partie de son groupe est à Montréal et l’autre à Moncton. Ce n’est pas toujours la chose la plus simple pour répéter. « Il n’y a pas tant de gens à Moncton qui sont capables et qui sont bons… et disponibles pour jouer de la musique comme je fais. Ça rend parfois les choses un peu plus compliquées. » Mais habiter Moncton c’est aussi une chance : « c’est un super tremplin. Avec RADARTS et surtout le soutien de la communauté, c’est possible de sortir la tête de l’eau et montrer que t’existes. Après, c’est sûr que pour la tournée, on a rapidement fait le tour de la province. Et c’est un bon bout de chemin pour venir au Québec. »
Tous ces beaux défis se dressent sur le chemin de Simon Daniel qui a le regard franc et qui regarde droit devant. Ce n’est plus le même jeune homme qu’on avait rencontré aux Francouvertes. Avec une petite touche de maturité en plus et surtout un lot d’expériences formatrices dans son baluchon, on le sent ancré et prêt à la prochaine étape. Nightcrawler, c’est un premier album qui risque de lui ouvrir de nombreuses portes.
Nightcrawler sera disponible partout le 2 octobre.
Lancements :
4 octobre : Grains de folie — Caraquet
5 octobre : Centre culturel Aberdeen — Moncton
*Cet article a été écrit en collaboration avec Le Grenier Musique.
Crédit photo: Marc-Étienne Mongrain / LePetitRusse