Metò: la seconde nature d’Olivier Côté-Méthot
Alors que son père tombe gravement malade en 2019 et qu’il doit prendre soin de lui jusqu’à son départ, Metò décide de projeter sa réalité en mélodieuses et romantiques épiphanies.
Depuis sa chambre de l’appartement qu’il partageait avec son papa et le sous-sol d’un ami, Olivier Côté-Méthot assemble un éventail sonore pour produire son premier EP, Alstroemeria, dévoilé le 5 février dernier.
Comme quoi, lorsqu’on laisse le temps faire son œuvre, les blessures du passé peuvent se transformer en quelque chose de mieux.
Le Canal Auditif s’est entretenu avec l’auteur-compositeur-interprète, producteur et multi-instrumentiste Metò pour discuter de ce nouveau projet.
Le passé
Tout de suite, l’histoire d’Olivier émeut. Ses compositions folk dévotionnelles à la Bon Iver, Ben Howard ou Patrick Watson contribuent à faire monter à la fois les larmes, mais aussi l’étonnement. C’est sa première sortie? Pour vrai? La qualité des arrangements et du son de Metò est impressionnante.
Olivier Côté-Méthot a seulement un quart de siècle. Il est né au Saguenay, mais réside dans le quartier Limoilou à Québec depuis un bon bout de temps. Diplômé de Sciences politiques et actuellement à la maîtrise en Relations internationales au programme d’HEI de l’Université Laval, possédant aussi une technique en travail social, on peut dire qu’on a affaire à un touche-à-tout. Et un excellent, à part de ça!
Metò, c’est son premier «projet», malgré qu’il ait toujours fait de la musique dans l’ombre du reste. « Mais là, ça fait presque deux ans que je m’assume comme artiste en fait », m’explique-t-il à l’autre bout du téléphone. Pour marquer une étape psychologique, Olivier choisit d’y apposer un nom. « Au début, j’pensais pas que ça allait devenir Metò. Je ne savais pas non plus quelles chansons y’allait avoir. »
C’est un rêve qu’il avait toujours caressé de développer un projet musical, que ce soit un EP, un album ; peu lui importait, car « il n’avait aucune ambition ». Olivier s’est lancé dans Metò tête première et avec modestie. « Je me suis dit qu’à travers tout ce que je vivais de malheureux, de plate, que je devais me laisser aller là-dedans, pour laisser parler mon coeur à travers mes textes et mes compositions ».
« Lorsque mon père est tombé malade et puis qu’on a su qu’il était en phase terminal, on ne savait pas combien de temps il lui restait… Ça a été une belle remise en question et ça m’a permis de revenir à l’essentiel, à ce que j’aimais faire dans la vie puis ce que j’avais envie de faire. Et comme ce que j’aime, c’est composer, j’ai eu envie de me lancer à 100% ».
Contrairement à ce qu’on peut en déduire, la musique ne fut pas un échappatoire pour Olivier, mais bien un exutoire. « Je vivais la musique à travers ce que je vivais avec mon père. Ça se suivait. J’étais toujours inspiré », insiste-t-il. Malgré le contexte sombre du deuil et de la maladie, Olivier n’a pas pondu un EP «sur» le deuil. « J’ai voulu mettre l’emphase sur la lumière et l’espoir au travers ces épreuves. »
Certes, Metò adresse le deuil sur la pièce Breath for My Peace, mais Alstroemeria lui permet d’aborder plusieurs autres thèmes, toujours aussi personnels. « Je n’avais pas vraiment de filtre », avoue-t-il.
Dans Arvida, il parle avec nostalgie de la région de son enfance : « C’est un endroit que je revisite constamment dans mes rêves, c’est une grosse partie de moi le Saguenay ». Turquoise parle de sa mère, tandis que Gan Eden « est une espèce de chanson d’amour ».
Le présent
À plusieurs reprises durant l’entrevue, Olivier souligne à quel point il a de la chance d’avoir été si bien entouré pendant comme après Alstroemeria. « Mes amis les plus proches sont aussi les gens qui ont été le plus impliqués dans le projet, que ce soit au niveau de la création, de la production, de la réalisation ou du visuel du EP » , admet-t-il.
Olivier a raison d’être fier de lui, de son talent et de celui de ses acolytes, de là où il se trouve actuellement. D’autant plus parce que tout a été auto-produit de manière indépendante. Sans subvention. Nada.
« Tous les sous sont sortis de mon petit porte-feuilles qui essaie de faire de son mieux! J’ai fait avec ce que j’avais et je crois que le résultat est plus que satisfaisant. […] Les gens sont souvent bluffés, car ils me demandent dans quel gros studio j’ai enregistré mon stock. »
La reconnaissance, il en jouit également outre-mer grâce au label français Groover Obsessions, avec qui Metò vient d’être signé en gérance. Aussi, en partenariat avec le label montréalais Bonbonbon (Vanille, Totalement Sublime), Olivier apprend l’envers du décor de l’industrie musicale. «Grâce à eux deux, je me sens supporté, j’apprends et ça me donne confiance. Je regarde un an plus tard où j’en suis avec mon EP puis je suis très confiant pour la suite des choses, j’ai plein de projets en tête. »
Le futur
Alors, quelle est la suite des choses, pour Metò? « Nécessairement, il y a beaucoup de flou (rires)! Ce que je sais, de mon côté, c’est qu’avec la pandémie — ça fait quand même 4-5 mois que le EP est fini — une fois le gros rush fini, je suis retombé à vouloir faire autre chose. Ça faisait quasiment trois mois que je n’avais pas composé parce que j’étais trop dans la finition du EP. J’ai en tête l’ambition de faire un album plus complet — et plus complexe aussi », avoue Olivier.
« J’avais peur de pas être capable d’avoir la création aussi facile que ça l’a été l’an passé, étant donné la situation. » Pas besoin d’avoir peur, Olivier a déjà six chansons en banque.
Metò tient aujourd’hui un magnifique EP entre ses mains et on attend la suite avec impatience.
Écoutez Alstroemeria sur toutes les plateformes de téléchargement.
*Cette entrevue a été réalisée en partenariat avec Groover.
Crédit photo: Courtoisie