La « dark synth »
On a aimé Justice et MSTRKRFT pour la basse grondante, le tempo rapide et les sons de laser. Menés par Carpenter Brut, Perturbator et les gars du label français Blood Music sont maintenant à l’avant d’une nouvelle génération de musiciens synthwave, musiciens qui sont souvent arrivés à l’électro par le métal.
Si l’influence du compositeur de musique de film de genre John Carpenter se retrouve encore partout dans cette itération dark de la synthwave, sa théâtralité, son approche agressive et percussive ainsi que son imagerie très pentagramme inversé, elles, sont ancrés dans le métal de Voivod à Craddle of Filth, en passant Nightwish.
La dark synth emprunte aussi à l’industriel pour son côté froid et tranchant, mis de l’avant par l’utilisation du fameux Roland 808 pour les séquences de percussions et autres vieux synthés, comme le SH-101.
C’est au groupe américain Zombi à qui on attribue la paternité de la dark wave, même si la vitalité du style se développe davantage en France et en Europe occidentale. Les États-Unis, eux, ont le EDM, sorte d’enfant bâtard épileptique de l’électro européen, qui lui, est 20 ans en avance sur l’électro américain.
Que Zombi soit considéré comme un pionnier est intéressant parce qu’il s’agit d’un groupe à composition résolument rock, avec des musiciens. On est loin de Perturbator et ses machines. Je souligne, car il y a une dimension performative à la dark wave.
Carpenter Brut se produit d’ailleurs sur scène accompagné d’un batteur et d’un guitariste dans un décor « rétro noir » à la fois très Depeche Mode et cérémonial à la Ghost.
On capotait au début des années 2000 quand Amon Tobin remixait en concert Raining Blood de Slayer, eh bien, avec la dark wave, c’est cette agressivité synthétique qui est mise de l’avant.
L’imagerie empruntée à la dystopie cyberpunk, au métal satanique et au son kitsch des années 80, qui côtoie des trombes de basses mécanisées, sont les éléments de base de la recette de la dark wave, recette qui fait son succès.
La dark wave a une identité forte, mais est juste assez teintée pour plaire à un large spectre de mélomanes : des gamers aux métalleux, sans faire fuir les amateurs de synthwave plus conventionnel. Finalement, c’est très 2018 la dark wave, c’est inclusif.
Mais une fois qu’on a dit ça, monte le son, pis dis-toi que c’est ça leur genre.
Genre : La « dark synth »
Appellations : dark synthwave, dark wave, electro synth, synthcore, slasher synth, horror synth, metal dance, heavy outrun synthwave, cyber-doom-wave
Artistes : Perturbator, Carpenter Brut, Noir Deco, GosT, Lazerhawk, Megadrive, Cluster Buster, Vulta, Hollywood Burns
Origines : Pittsburgh (États-Unis), France, Grande-Bretagne
Influences : John Carpenter, Vangelis, Bauhaus, Depeche Mode, Hans Zimmer, Justice