Entrevue avec Tim Brady de Bradyworks
Le 9 avril prochain, le montréalais Tim Brady et les membres de son quatuor de guitares électriques Instruments of Happiness seront en concert au Gesù. Cet événement est une cositedemo.cauction de Le Vivier, un organisme qui met de l’avant les musiques nouvelles, et de Bradyworks. Brady possède une approche peu orthodoxe. Il joue de la musique de chambre à la guitare. Disons que le monde de la musique classique est un milieu plutôt conservateur. La venue d’un guitariste qui dit : « hey, check ma guitare, je suis capable de jouer du Bach avec », n’est pas nécessairement la chose la mieux vue : « Ça été difficile et il faut le dire… ça reste difficile. Il y a des orchestres qui aujourd’hui sont plus… polis, mais les orchestres sont des organismes très conservateurs. Pour eux, le soliste c’est un piano ou un violon. J’ai fait quelques concertos, mais je sens qu’il y a encore une grande incompréhension des possibilités. Comme les orchestres sont des organismes très conservateurs, ça les empêche d’évoluer rapidement. Avec la musique nouvelle et nos petits ensembles, nous avons moins de poids sur nos épaules, on peut évoluer plus rapidement et mieux refléter les changements sociaux. »
D’ailleurs, les changements sociaux et la dynamique entre la composition musicale et la société sont au centre des questionnements de Tim Brady. Abordant l’art avec des penchants pour la mimésis d’Aristote et un peu celle de Platon, il est fasciné par la politique et les développements des sociétés. « Il y a toujours un lien entre l’art, la machination de l’art qui permet la création et l’épanouissement et le développement de n’importe quelle société. L’art joue un rôle important dans le développement des sociétés, ce n’est pas la seule chose, il y a les industries, l’éducation, mais l’art a joué un rôle majeur dans le développement de notre civilisation. Il ne faut pas dire : c’est juste de l’art. »
Mais revenons à nos moutons. Tim Brady revient à la maison après une tournée de 8 dates à travers le Canada. Au Gesù, il présentera son concerto pour quatre guitares qui compte sur des pièces de plusieurs compositeurs canadiens. En plus d’une pièce de sa création et d’un « classique » de René Lussier, on trouve des pièces d’Emily Hall, Scott Edward Godin, Gordon Fitzell, Maxime McKinley et Jordan Nobles, qui sont toutes des commandes de Bradyworks. Ce sont toutes des commandes de Bradyworks. Les pièces sont donc taillées sur mesure pour être interprétées dans un contexte de quatuor à cordes… électriques. Chacune d’entre elles amène une ambiance différente et permet d’explorer les capacités de la guitare électrique. Vous pourrez aussi voir Tim Brady à l’œuvre le 9 avril en après-midi au Complexe Desjardins: Instruments of Happiness – 100 guitares électriques fêtent Jimi Hendrix entre 13 h et 15 h.
J’ai aussi demandé à Brady s’il écoutait de la musique et surtout commen
t il l’écoutait. En cette période de profonds changements dans les habitudes d’écoutes, je me demandais ce qu’un musicien muni d’une formation classique possédait comme réflexe. La réponse est surprenante : « J’écoute beaucoup… ben pas beaucoup, je passe quand même la journée à travailler la musique, mais quand cherche de la musique, je fais comme tout le monde et j’utilise You Tube comme ressource. Quand j’ai du temps libre, j’écoute parfois ce qui se passe actuellement dans le rock, jazz, blues. Même si je ne fais plus beaucoup de performances en public, je suis encore un musicien de jazz, donc j’écoute du Miles Davis et d’autres grands du jazz. J’écoute aussi de la musique orchestrale ou de la musique de chambre, je tape des noms de compositeurs que je ne connais pas très bien et j’écoute quelques compositions. Finalement, j’écoute quand même souvent de la musique. »
C’est à ce moment que Tim Brady devait embarquer dans l’avion qui l’amenait à Winnipeg. Le compositeur a été généreux en entrevue. Si vous voulez en découvrir un peu plus sur cet artiste fascinant, c’est au Gesù le 9 avril prochain que ça se passe.