Chroniques

Entrevue Cult Of Luna

cult of luna webSi vous êtes un lecteur assidu du Canal Auditif, vous savez que nous sommes un blogue pour mélomanes généralistes, qui laisse une place au métal, mais qui n’en fait pas une spécialité. Certaines têtes d’affiche de l’édition 2016 du festival Heavy Montréal ne seront jamais mentionnées dans nos pages, à moins que ce soit pour décrire quelque chose qui nous déplaît.

Quand je me suis présenté au festival Heavy Montréal, ce n’était donc pas pour l’ensemble de l’offre. Reste qu’il y avait des groupes très intéressants dans la programmation, et nous en avons rencontré quelques-uns.

J’ai rencontré Johannes Persson, guitariste et chanteur de la formation suédoise Cult Of Luna, qui avait enfin joué au Canada à l’automne 2015, et qui offrait deux spectacles en un week-end dans le cadre de Heavy Montréal. Le groupe n’était pas venu en Amérique du Nord depuis avant son album le plus marquant et généralement reconnu comme son chef d’œuvre: Somewhere Along The Highway.

Persson m’a donné l’impression d’être un type heureux de sa situation. Il sait que l’attrait de son groupe est commercialement limité, mais il fait exactement ce qu’il veut de sa vie. Il m’a confié que le festival avait offert à Cult Of Luna le choix entre jouer sur une des scènes principales tôt dans la journée, ou clore le programme sur la petite scène dans les arbres. Le choix pour lui était évident: jouer pour 500 fans attentifs est infiniment mieux que pour 5000 passants désintéressés.

Avant de parler de choses sérieuses, je devais lui poser une question qui s’imposait après ce qu’il avait dévoilé sur ses réseaux sociaux…

LCA: Comme ça, tu es allé voir Céline Dion au Centre Bell il y a deux jours?

JP: J’aime les expériences qui me placent dans un environnement que je ne connais pas. Assister à son spectacle à Montréal, c’est tellement typiquement canadien-français! On dirait une caricature ou un épisode de South Park, non? Ça a commencé comme une blague entre notre gérant et moi, quand il a su que nous serions à Montréal ce jour-là. La blague est devenue sérieuse.

La sitedemo.cauction du spectacle était sans faille, et l’effet que Céline Dion a sur les gens valait la peine d’être vu. Il y avait au moins dix filles pour chaque gars dans l’aréna. La jeune femme blonde à côté de moi a pleuré tout le long. Quoi que je pense de sa musique, l’effet est très réel. C’est aussi loin de mon monde que le serait une célébration religieuse musulmane, mais je peux maintenant dire que je l’ai vécu. À la fin d’une vie, on n’a rien d’autre que ses souvenirs.

LCA: Vous avez été très prolifiques dans les années 2000, mais vos tournées vous amenaient rarement en Amérique du Nord. Vous y êtes maintenant pour la deuxième fois en un an. Qu’est-ce qui explique ça, selon toi?

JP: Nous venons d’un milieu punk où nous tenions à tout faire nous-mêmes. C’est encore essentiellement le cas. Nous nous enregistrons, nous faisons nos pochettes, notre gérant a d’abord été notre ami et il fait notre éclairage… Nous avons toujours insisté pour que le groupe ne devienne jamais notre emploi. Cult Of Luna compte énormément pour nous, mais nous avons tous d’autres emplois pour gagner notre vie et trois d’entre nous avons des enfants. Le groupe est le fruit d’une passion que nous avons, réalisé avec les moyens que nous avons. J’ai vécu les squats, les spectacles dans des immeubles occupés illégalement, tous ces trucs-là. Nos circonstances ont changé, ce qui fait que nous composons moins, mais nous nous améliorons constamment, ce qui nous attire plus d’offres pour aller jouer ailleurs.

LCA: Ici en Amérique du Nord, si loin de la Suède, on entend rarement parler de votre ville d’origine, Umea, à part pour des raisons musicales. Meshuggah vient de là, tout comme vous et Refused. C’est du gros calibre pour une si petite ville. (NDLR Environ 80 000 habitants, c’est similaire à Drummondville.)

JP: J’aimerais que notre maire t’entende! Il dépense tellement d’argent sur des bêtises dans le but de faire rayonner la ville à l’international, mais ne lève pas le petit doigt pour faciliter la sitedemo.cauction de musique. Tout ce qui sort de la ville, c’est notre équipe de hockey – que j’adore, soit dit en passant – et certains groupes. Et ces groupes ont eu du succès malgré Umea, pas grâce à ce qui s’y passe.

LCA: Mais il y a tout de même sûrement une scène intéressante pour sitedemo.cauire des groupes comme ça, non?

JP: Beaucoup de bonne musique est venue d’un très petit nombre de personnes, qui se sont retrouvées dans la scène punk locale dans les années 1990, puis qui se sont diversifiées dans d’autres genres. La scène d’Umea, c’était ces gens-là et ceux de quelques villes voisines, notamment le groupe Breach de la ville de Lulea. Ce groupe mérite d’être beaucoup mieux connu, leur album It’s Me God est aussi important pour moi qu’OK Computer. Mon groupe a joué avec eux dans une école de Lulea, et pour moi à ce moment c’était le sommet du succès. Ça comptait plus que de me retrouver dans un festival comme celui-ci.

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