Chroniques

Entrevue avec Celina Wolfe, une artiste vulnérable

L’autrice-compositrice-interprète montréalaise Celina Wolfe lance aujourd’hui (27 janvier 2023) son premier album en carrière. Le Canal Auditif a profité de l’occasion pour s’entretenir avec la musicienne.

* Cette entrevue a été réalisée en collaboration avec Artifice

L’histoire d’amour entre Celina Wolfe et la musique commence à l’enfance. Lorsqu’elle avait à peu près cinq ans, son père lui a fait écouter du Jimi Hendrix. Ce fut le coup de foudre instantané. « J’ai trouvé ça tellement intéressant, les bruits… si tu écoutes du Jimi Hendrix à 5 ans, c’est un peu weird, c’est vraiment différent de la musique pop. Ça m’a vraiment donné envie de créer un son intéressant comme ça. » Puis, à huit ans, elle découvre l’album Back to Basics de Christina Aguilera, et plus particulièrement la pièce Ain’t No Other Man. « Ça a changé ma vie! », s’exclame la musicienne au téléphone. « Je faisais semblant d’être elle dans ma chambre. Je chantais Ain’t No Other Man tout le temps. J’adorais cette chanson. Je savais que je voulais être elle », ajoute-t-elle.

Apprendre de tout, tout le temps

Ces anecdotes ne sont pas fortuites. Lorsque je demande à Celina Wolfe comment elle a appris la musique, elle qui n’a pas de formation, elle me répond tout de go : « Honnêtement, j’ai écouté beaucoup de Christina Aguilera », avant d’éclater de rire. Elle m’explique ensuite que c’est en écoutant des albums qu’elle a compris les rouages des chansons. « J’écoutais comment ils écrivaient la musique. J’écoutais la structure. Je comprenais qu’il y avait la même structure dans toutes les chansons, et j’ai appris à écrire des chansons de cette façon », explique l’autrice-compositrice-interprète. Puis, à l’âge de 13 ans, elle commence à jouer de la guitare par elle-même en regardant sur internet. Finalement, elle suit quelques cours de chant pour se perfectionner à l’âge de 23 ans.

De l’âge de 17 à 21 ans, on peut la voir en tant que frontwoman du groupe The Empty Yellers. À la séparation du groupe, elle décide de se lancer en solo. Cette expérience lui a permis d’apprendre beaucoup, notamment à « être vulnérable » et à « donner tout mon cœur dans un spectacle », mentionne l’artiste montréalaise. Cette vulnérabilité, elle en fait son cheval de bataille musical. Au départ, elle se dit plus influencée par des artistes rock et country comme Chris Stapleton. Lorsqu’elle rencontre Ken Presse (The Franklin Electric) en 2019, il lui propose d’essayer de faire des chansons en formule piano-voix. C’est un autre coup de foudre pour Celina Wolfe. Elle y trouve son compte en termes de vulnérabilité. Dans ses temps libres, elle continue d’écouter de la musique country, ce qui nourrit d’une certaine manière son attirance pour la vulnérabilité artistique.

Celina, « c’est mon introduction au monde »

À l’aube de présenter son premier album en carrière, titré Celina, Celina Wolfe est plus qu’excitée de se présenter au monde. Pour elle, lancer cet album, « c’est comme si je te donnais une poignée de main, je m’introduis à tout le monde », vulgarise-t-elle. Et comme elle s’inspire de ses expériences personnelles, c’est vraiment comme une petite fenêtre ouverte sur sa vie. « Pour moi, le plus important, c’est d’avoir un produit très honnête qui donne la chance à l’auditeur de me connaître personnellement », justifie-t-elle. Par exemple, le morceau Birthday Candles lui est venu pour une amie qui traversait une passe plus difficile.

Plusieurs collaborations parsèment l’opus Celina. On compte notamment la présence de Maïa Davies sur Birthday Candles. Grâce à cette collaboration, Celina Wolfe a pris davantage confiance en ses moyens, en ses idées et elle s’est donné le droit d’écrire des chansons plus féminines et féministes. Comme énoncé ci-haut, Ken Presse a joué un rôle considérable dans son album. Tout d’abord, il l’a co-écrit et co-réalisé avec elle. Ils ont ensemble co-écrit la pièce Coming Right Back, la première écrite pour l’album. Suite à ça, la maison de disque Artifice s’est intéressée à elle et lui ont proposé de créer un album. Ils lui ont ainsi fourni les moyens de ses ambitions. Ken Presse lui a aussi permis de rencontrer Luke Sheets. Ce dernier a co-écrit et co-réalisé quelques pièces de l’opus. Rapidement, il devient « un ami proche et un mentor dans ma vie », témoigne Wolfe.

Apprendre à se faire confiance, une pièce à la fois

Le fait d’enregistrer cet album a permis à Celina Wolfe d’avoir davantage confiance en ses moyens. « Quand j’ai commencé à écrire cet album, je n’étais pas aussi confiante, je ne croyais pas autant en moi », avoue la musicienne. « J’étais un peu choquée que tout le monde travaille pour cet album. Tous ces musiciens, tous ces gens en studio, leur but, c’est que mon album soit le meilleur possible. Ça, je devais trouver la confiance pour croire que c’était même possible. Que toutes ces personnes voulaient travailler sur cet album. Que j’avais le talent pour faire ça. Je devais juste croire en moi-même que j’avais le talent, et ça a pris tout l’album. Maintenant, je crois en moi-même et j’écoute l’album et je me sens tellement confiante, tellement fière. […] Mais avant, je doutais de moi-même, […] tous les jours que j’allais au studio, je me disais : […] Ça va être horrible, je ne suis pas capable, je fais des erreurs, je suis tellement mauvaise… je ne sais pas ce qui est arrivé, mais je ne pense plus la même chose », continue-t-elle.

D’ailleurs, cette confiance trouvée lui permet de se lancer dans des projets qu’il n’y a pas si longtemps elle aurait refusés, comme la traduction en français d’une de ses chansons. « Avant, ça m’aurait fait tellement peur, j’aurais dit : « non non non, no way ! », maintenant je suis plus en mode : « Hell yes, let’s go! » Je suis très excitée pour ça », explique l’artiste dont la langue maternelle est l’anglais. Une autre source de fierté pour l’autrice-compositrice-interprète est d’avoir mis la main à la pâte dans chacune des étapes de Celina. « J’ai été impliquée dans tous les aspects de l’album, la production, l’écriture, les photos, le marketing. Dans tous les aspects, j’ai une partie de mon cœur et de mon esprit dans ça », énumère-t-elle.

L’album Celina de Celina Wolfe est disponible dès maintenant.

Crédit photo: @vincenttakesthecake

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