Star au Sénégal, l’artiste multifacette Élage Diouf bat au rythme du Québec depuis 1996. Au bout de ses doigts agiles et puissants, la percussion transpose sa respiration au djembé. Hier au Théâtre Outremont, l’auteur, compositeur et interprète a conquis une fratrie familière à sa générosité, à son répertoire québeco-wolof, cumul de trois albums, dont le dernier Wutiko, œuvre de pleine béatitude. Entretien avec un être inspiré par la planète musique.

Paru en 2022, la trajectoire de Wutiko (traduire par la quête d’une vie) a traversé l’orbite des Prix de musique folk canadienne dans la catégorie « Album traditions du monde ». Les pièces reflètent sans contredit la pleine aisance d’Élage Diouf qu’il a puisé dans des registres d’ici et d’ailleurs, main dans la main avec ses complices la violoncelliste Jorane, Ousmane Gangué et Ousmane Traoré et Carlos Placeres. Des fusions, amalgames d’identité pour l’artiste qui aborde des sujets le prenant aux tripes. Le souvenir de Nelson Mandela, la fragilité du fil entre la vie et la mort, et la toute-puissance de l’équipe de football du Sénégal. Et ce goût pour l’existence terrestre avec la joie comme bouclier.

Wutiko porte un message humain universel : celui de l’acceptation. « Nous sommes tous à la quête de quelque chose, à chercher un idéal.  La raison de nos levers matinaux, le sens de nos vies. On réalise des études, mais le destin peut nous entraîner ailleurs. On apprend et on accepte les réalités… » illustre Élage Diouf.

Constamment porté vers le Sénégal, l’homme y trouve sa matière première. Voyageur au bagage empli de collaborations, son pays originel lui ouvre les bras, offrant des décors de tournages de vidéoclips, mais surtout, un public fidèle pour qui son répertoire compte. Ses hymnes fédèrent la nation lors de joutes de football déterminantes et de rassemblements politiques. « Révolutionnaire tranquille », Élage Diouf croit au pouvoir de la musique pour conscientiser par des messages de sagesse. « Là-bas, on comprend mes paroles en wolof. Mon public sénégalais est mélomane. »

Quant à l’histoire d’amour avec le Québec, l’artiste ayant intégré le groupe mythique Les Colocs dans son ultime mouture ne pourrait s’en esquiver. Cette variété de styles qui se manifeste de l’interprète à son public, jusqu’à les faire sauter hors de leur siège, à la grandeur de la Belle Province. Et au-delà, en Colombie-Britannique où Élage Diouf et ses musiciens virtuoses se rendront en mars. Je rêve d’avoir de nouveaux territoires à explorer, en Asie et en Australie. J’ai fait le tour de l’Europe et de l’Amérique du Nord, et aspire toujours à redonner… »

Élage Diouf est en concert ce soir à Gatineau, au Cabaret La Basoche.