Chroniques

Comment s’initier à l’OSM : Entrevue avec la violoniste Marianne Dugal

Tu as 34 ans et moins, tu aimerais aller voir un spectacle de l’Orchestre symphonique de Montréal, mais tu ne sais pas par quoi commencer? Ça tombe bien! On a parlé avec le second violon-solo, Marianne Dugal, pour démystifier tout ça.

* Cet article a été écrit en collaboration avec l’OSM

Quand je lui demande d’entrée de jeu pourquoi un jeune adulte devrait s’intéresser à l’OSM, Marianne Dugal me répond tout de go : « C’est une grosse question! » Elle n’a pas tort. Quand on est un néophyte en termes de musique classique, ça peut faire peur. Mais ça ne devrait pas.

Pourquoi aller à l’OSM?

L’un des premiers éléments de réponse que m’offre Marianne Dugal à ma question de départ est que l’OSM est « une institution phare, non seulement au Québec, mais au Canada. C’est le véhicule d’un pan de la culture qui n’est pas assez connu qui est très accessible et jamais routinier. L’offre est renouvelée. La musique classique, tout le monde aime ça, mais pas tout le monde le sait. » Elle compare le fait d’aller voir une symphonie à la maison symphonique versus l’écouter chez soi avec des écouteurs à assister à une partie de hockey au Centre Bell versus chez soi sur son téléviseur. L’ambiance joue pour beaucoup dans l’appréciation.

Pour encourager les jeunes adultes à venir voir leurs spectacles, l’Orchestre symphonique de Montréal propose un programme qui s’adresse aux 34 ans et moins. Ce dernier propose des billets à 34$ dans les sections de la mezzanine, du chœur et du balcon. Si on préfère s’installer dans les autres sections, le programme propose 34% de réduction sur le prix du billet à l’unité, jusqu’à un maximum de 34$. Il faut impérativement avoir 34 ans au moment du concert. Il est possible que certains spectacles soient exclus du programme, mais comme le mentionne Marianne Dugal, il suffit « de profiter de ceux qui sont à 34$ et après ça, une fois qu’on est conquis, et qu’on dépasse l’âge de 34 ans, on paie ce que ça coûte. Ça coûte pas mal moins cher que d’aller à un concert de Madonna, ça, c’est sûr! »

Est-ce qu’il y a des codes à respecter en allant voir l’OSM?

Malgré tous ces programmes et l’accessibilité de l’offre de l’OSM que met de l’avant Madame Dugal, elle est consciente malgré tout que c’est quelque chose qui peut faire peur. « On pense que c’est un médium de têtes blanches, un médium de l’élite ou de la haute société, mais pas du tout. Mais ça, on ne le sait pas tant qu’on ne l’essaie pas », explique-t-elle. Elle ajoute : « C’est un mythe que c’est un environnement guindé, que ce n’est pas accessible. Quelqu’un peut être dans ses cotons ouatés, ses gougounes et passer devant la maison symphonique et dire : « Je vais aller à un concert », et c’est correct. Il n’y en a pas de problème. Lui, il vient s’asseoir, il écoute la musique, il aime ou il n’aime pas ça. »

Donc, il n’y a pas de codes vestimentaires à respecter pour aller voir un spectacle de l’OSM. Évidemment, rien ni personne n’empêchera un spectateur de mettre ses plus beaux habits, mais si ce n’est pas le cas, les portiers ne renverront personne à la maison. En ce qui a trait aux autres codes, notamment les applaudissements, quand faut-il applaudir à l’OSM? « Il y en a qui disent que c’est inacceptable d’applaudir entre les mouvements, mais il y a des chefs qui sont contents, qui se détournent et qui saluent », explique la musicienne. L’idéal, c’est d’écouter ce qui se passe autour de soi, et quand ça applaudit, on applaudit. Si personne n’applaudit, on n’applaudit pas. Pour le reste, il faut simplement suivre le courant, regarder autour de nous et être dans le moment présent. C’est comme aller au musée. « Le décorum vient de soi-même : on ne crie pas dans un musée, on marche tranquillement, on regarde les affaires, on s’assoit, on ne fait pas slurp avec notre paille et notre café mocaccino », compare-t-elle.

La programmation de l’OSM : Par où commencer?

Il ne faut pas oublier que l’OSM propose un programme diversifié qui s’adresse à tous. On peut autant y retrouver des pièces qui ont plusieurs centaines d’années que des pièces plus récentes. Même la formation de l’orchestre change d’un spectacle à l’autre : parfois, on y ajoute un chœur, parfois les musiciens sont en plus petit groupe ou en grand groupe, comme l’énumère la violoniste. Elle ajoute : « C’est un médium qui dure quand même depuis tellement longtemps. Donc, à mon avis, c’est un gage de sa qualité culturelle. C’est que ça ne s’est jamais essoufflé à travers les âges, les orchestres. Je pense que c’est pour ça que c’est à essayer. »

Parfois, les noms des compositeurs peuvent rebuter les néophytes, mais comme le mentionne Marianne Dugal, « souvent, les concerts ont un titre, genre Le violon romantique ou Voyage dans les symphonies scandinaves. » On n’a qu’à en trouver un qui nous parle directement. De plus, le site internet regorge d’informations qui peuvent donner le goût de cliquer sur « Acheter vos billets », dont des descriptions conviviales et même des extraits de la musique qui sera présentée.

Il est aussi possible de commencer avec des compositeurs dont le nom nous dit quelque chose, comme Mozart, Beethoven ou Bach par exemple. « Moi, je ne connais pas ça, le rap », avoue candidement la violoniste. « Là, je vais peut-être dire n’importe quoi, mais si quelqu’un dit 50 cent, ça, ça me sonne un peu quelque chose. Je n’ai jamais écouté de rap de ma vie.[…] Je me dis que si je voulais m’intéresser au rap et je sais que 50 cent, je l’ai déjà entendu ce nom-là, il doit faire partie de ceux qui sont bons. Peut-être que je me trompe, peut-être que quelqu’un qui aime le rap va me dire que je suis dans le champ, 50 Cent, c’est poche, mais si je ne l’essaie, je ne le saurai pas », compare-t-elle.

Une programmation pop

Pour attirer un nouveau public, l’OSM diversifie son offre. On peut souvent voir des concerts de musique dite pop. Pour la 89e saison, on retrouve les spectacles Riopelle Symphonique; Dominique Fils-Aimé, trilogie symphonique et les concerts d’Harmonium symphonique qui entre dans cette catégorie. Et comme l’indique la musicienne qui fait partie de l’OSM depuis 1999, ces spectacles « marie[nt] deux mondes et [sont] une porte d’entrée plus facile pour quelqu’un qui incidemment aurait un peu peur du contexte symphonique. » Par exemple, l’an dernier, l’OSM a proposé le concert L’OSM au rythme du Hip-Hop. L’objectif intrinsèque était d’amener un public plus jeune à franchir les portes de la Maison symphonique. Peut-on crier victoire? « Moi, je pense que oui, parce que le public que l’on voit pour les concerts pop, c’est tout du nouveau public », s’esclaffe Marianne Dugal.

Elle m’explique par la suite que de sa position, dans la section des violons, elle finit par revoir les mêmes personnes plus ou moins chaque semaine, ou du moins elle reconnaît certains visages dans le public. Avec les concerts pop, c’est constamment un public renouvelé. « C’est un changement, une fraîcheur dans notre horaire de faire des concerts pop. Je suis certaine que l’on atteint nos objectifs, parce que nos salles sont pleines et les gens sortent de là heureux. », ajoute-t-elle en riant. De plus, il est évident que le public de l’OSM se renouvelle, « sinon, ce serait fini depuis des centaines d’années. Les gens qui nous écoutent seraient morts et il n’y aurait jamais de jeunes qui nous suivent », expose la musicienne.

Marianne Dugal a terminé notre entrevue avec cet appel : « Venez! » Et pour nous donner envie de venir, justement, elle a énuméré quelques spectacles qui pourraient plaire aux néophytes de la musique classique.

Les propositions de Marianne Dugal :

  • Tchaïkovski et la force du destin présenté les 8 et 9 février. Pourquoi? C’est la Symphonie no4 de Tchaïkovski, « qui est l’une des plus connues avec un concerto de violon et une ouverture de Giuseppe Verdi qui a écrit que des opéras. »
  • La Cinquième symphonie de Mahler présenté le 9 mars. Pourquoi? Parce que c’est  de « la grande grande grande musique symphonique, à grand déploiement. »
  • Sorcellerie et Jedi : Une soirée avec John Williams présenté les 11 et 12 avril 2023. Pourquoi? Parce que c’est une bonne porte et que c’est un concert de John Williams, le compositeur de Star Wars, E.T. et La Liste de Schlinder. En plus, « tout le monde connait la musique de Star Wars. […] Je regarde le programme, il va y avoir un concerto de tuba de John Williams, mais le reste c’est la musique d’E.T., la musique d’Harry Potter et la musique de Star Wars. Ça, c’en est une porte que tu peux dire : Je suis sûre d’aimer Star Wars ou d’aimer E.T. »
  • Voyage en Orient, De Schéhérazade à Simorgh présenté le 16 avril. Pourquoi? « C’est un grand poème symphonique sur Schérazade. »
  • Bruce Liu interprète le second concerto de Chopin présenté les 19 et 20 avril. Pourquoi? « Bruce Liu a gagné le premier prix du concours Chopin l’année passée. On le sait qu’il est bon, le gars vient de gagner un concours international! »

Pour en savoir plus sur le programme pour les 34 ans et moins, c’est par ici.
Pour découvrir la programmation de la 89e saison de l’OSM, c’est par là.