Les albums de Sufjan Stevens classé du pire au meilleur
En prévision de la sortie de Javelin vendredi, nous avons plongé dans la discographie de l’auteur-compositeur-interprète américain Sufjan Stevens.
Ont participé à ce top : LP Labrèche et Bruno Coulombe.
Nous avons fait le choix d’écarter les deux albums de Noël et les albums collaboratifs puisque nous voulions nous concentrer sur la carrière solo de Sufjan Stevens.
10 – Convocations (2021)
Alors que le monde était en arrêt et que tout le monde avait peur d’attraper la COVID, Sufjan Stevens a aussi perdu son père. Ce deuil et le sentiment d’impuissance face à la situation mondiale lui ont enlevé les mots de la bouche et il a décidé de créer un album en cinq volumes, entièrement instrumental, calqué sur les 5 étapes du deuil. Le concept et touchant, la musique très bien, mais ça demeure un peu new age et quand même abstrait. Disons que son deuil de sa mère sur Carrie & Lowell était plus émotif. Ce n’est pas mauvais, mais ce n’est pas non plus le meilleur de Stevens.
9 – A Sun Came (1999)
Ce premier album de Sufjan Stevens est rempli d’une belle naïveté. Il y a déjà les ingrédients qui feront de lui l’un des meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération, mais il ne les maîtrise pas encore. Il y a un côté très « vieux folk » dans les propositions musicales en raison de son intégration de sonorités de différentes traditions musicales du globe. Déjà, on entend son goût pour les envolées musicales dès la première pièce, We Are What You Say, qui s’emporte. Fait à notre, l’album a été enregistré sur un 4-Track, ce qui est impressionnant lorsqu’on écoute le résultat final qui est riche et puissant.
8 – Enjoy Your Rabbit (2001)
C’est ici que Sufjan Stevens pose les bases de ses explorations futures du côté électronique. On y retrouve déjà des effets de glitch qui seront encore présents sur The Ascension. L’album suit les signes du zodiaque chinois à l’exception de la dernière, The Year of Our Lord qui rappelle que la fois chrétienne de Sufjan Stevens a toujours été mise de l’avant. Il avait même dit que l’album était un peu une argumentation pour prouver l’existence de Dieu. On ne sait pas si on en ressort plus croyant, mais on peut certainement respecter son effort d’évangélisation qui est beaucoup moins drabe que de lire des passages de la bible.
7 – Seven Swans (2004)
Seven Swans est un album particulier dans la mesure où il y a des éléments qui se retrouveront sur Illinoise qui s’y trouve, mais ce n’est pas aussi bien livré que ce qu’il fera par la suite. Parmi les surprises de l’album, il y a All the Trees of the Field Will Clap Their Hands qui emprunte un petit bout mélodique de Landslide de Fleetwood Mac. On est peut-être dans le plus religieux de Sufjan Stevens alors qu’il plonge dans l’histoire d’Abraham et du livre de la révélation.
6 – The Avalanche (2006)
Illinoise était tellement un bon album que même les extras de ces enregistrements se défendent bien. Après le succès de l’autre album, Sufjan Stevens a décidé de se plonger dans le reste des chansons qu’il avait créées. Il voulait à la base faire un album double d’environ 50 chansons. Il avait donc plusieurs compositions en banque! On y retrouve les éléments qu’on aime d’Illinoise (dont une version acoustique de Chicago), mais on comprend aussi pourquoi ces chansons sont restées dans les cartons initialement. C’est bien, mais ce n’est pas le meilleur de Sufjan Stevens.
5 – The Ascension (2020)
Sufjan Stevens revenait en 2020 avec un album plus électro-pop, parfois même dansant ce qui jure avec son matériel du passé. On y retrouve tout de même une bonne dose de mélancolie typique de l’œuvre de l’Américain. Sugar est particulièrement marquante avec son rythme sous-jacent et ses drum machines qui sont en contradictions avec l’instrumentation plutôt légère et aérienne des autres instruments. Ce n’est pas l’album le plus émouvant de Stevens, mais on y trouve tout de même des points d’ancrage. L’album se termine sur une pointe de critique sociale avec America.
4 – Michigan (2003)
Le premier des deux albums qui devaient faire partie du Fifty States Project de Sufjan Stevens. Était-ce vraiment juste du marketing? En tout cas, cet album de 2003 fait partie des grands albums de l’Américain. On y retrouve un clin d’œil à la pièce Come On! Feel the Illinoise! Part 1 : The World’s Columbian Exposition sur All Good Naysayers, Speak Up! Or Forever Hold Your Peace!. Les deux pièces partagent le même motif de piano. Romulus est magnifique et sans le savoir annonçait à quel point Sufjan Stevens allait être touchant quelques années plus tard avec Carrie & Lowell. Oh Detroit, Lift Up Your Weary Head est aussi une pièce qui frappe dans le mile avec son rythme entraînant et ses mélodies efficaces.
3 – Carrie & Lowell (2015)
Il y a plusieurs façons de vivre un deuil. Sufjan Stevens nous ouvre les portes du sien lorsque sa mère est décédée. On y retrouve des pièces magnifiques et touchantes comme Should Have Known Better où il se raccroche au fait que son frère a eu une fille, comme si la vie nouvelle adoucissait la peine de celle qui quitte. Fourth of July joue dans la délicatesse alors que The Only Thing frôle les idées suicidaires sans tomber dans le mélodrame. No Shade in the Shadow of The Cross termine sur les répercussions sur les autres spheres de la vie.
2 – The Age of Adz (2010)
C’est un album baroque que The Age of Adz. Sufjan Stevens a été à fond dans l’utilisation des machines pour créer des pièces qui sont souvent magnifiques. L’envolée bien sentie d’I Want to Be Well où il promet qu’il « ne fuck pas around » avec l’envie d’aller mieux est cathartique, Vesuvius est plus grande que nature, entre autres à cause des voix de Shara Nova qui sont très efficaces. L’impressionnante Impossible Soul qui clô l’album avec ses 25 minutes est aussi une œuvre en soi. Dès Futile Devices, on comprend que Sufjan Stevens sera plus près de ses émotions et le résultat est aussi touchant que magnifique.
1 – Illinois (2005)
La perfection n’existe peut-être pas sur cette terre, mais Illinois est proche en saperlipopette. Cet album est devenu une référence d’excellence pour la pop-rock orchestrale. Chicago est une pièce magnifique et émouvante tout comme John Wayne Gacy, Jr. Même si Sufjan Stevens utilise des histoires pour nous faire part d’émotions personnelles, il réussit à les habiter avec conviction. Casimir Pulaski Day offre aussi de beaux moments de mélodies sur un fond d’émotion probante. Cet album est du pur bonbon.