5 ans, ça se fête : une entrevue avec Teen Seizure
Dans le cadre de la soirée célébrant le 5e anniversaire du Canal Auditif, qui se déroulera au Divan Orange, le vendredi 16 septembre prochain à 19h30, on vous propose une série d’entrevues avec les artistes qui participeront à la soirée. On lance la séquence avec notre collaborateur Charles Laplante, meneur de la solide formation dite «punk», Teen Seizure.
LCA: En 2016, qu’est-ce que ça veut dire être «punk»? Ce n’est manifestement plus la même chose qu’en 1977 ou encore en 1984.
CL: Je pense que le punk est surtout une revendication d’indépendance. Le fameux esprit DIY, par exemple, est l’idée que je me fais de ce qui reste du punk aujourd’hui. C’est un mouvement social d’une époque révolue qui nous a tous laissé un héritage important: l’envie d’énergie, de révolte et d’indépendance. Quand on dit de nous que nous sommes un band punk, on le prend comme un compliment parce qu’aucune période de l’histoire de la musique n’a été plus intéressante à nos yeux. Bien honnêtement, par contre, nous ne revendiquons pas vraiment le fait d’être punk. Notre musique est un hybride de toutes sortes de choses différentes, que ce soit réfléchi ou spontané. Sauf que Rémi a un mohawk. Ça, c’est punk!
LCA: Quelles sont les influences du groupe?
CL: Pas mal tout ce que nous avons écouté de l’adolescence à aujourd’hui. Pascal est définitivement le côté punk old school/garage du band. Il a même l’exacte posture de Johnny Ramone dans la vie de tous les jours. Chris est le plus grand fan de Nirvana, Sonic Youth et les Melvins que j’ai rencontré et il a un million de pédales d’effets. Rémi est un amateur de nuits qui ne finissent plus, mais je n’ai jamais réussi à établir clairement son profil de mélomane. Il est assez polyvalent. De mon côté, j’écoute de tout, mais j’ai un gros «crush» sur le hardcore, le death métal et le shoegaze, mais on n’est clairement pas encore rendu dans ces eaux-là en ce qui concerne notre musique. Finalement, on est tous différents, mais on se complète bien. Un peu comme les Ninja Turtles. Ça nous arrive même, à tour de rôle ou tous en même temps, d’avoir la face verte.
LCA: Qu’est-ce qui te tape le plus sur les nerfs en musique aujourd’hui?
CL: Le fait de toujours voir les mêmes 15 bands d’ici programmé dans des festivals, ça manque vraiment de variations. Je veux voir des bands noise, grindcore et free jazz côtoyer les sitedemo.cauits de masse patentés sur les affiches. Cette ville regorge d’artistes extrêmement talentueux qui n’ont aucune vitrine et aucune tribune. Je ne vais pas faire de name-dropping, mais les labels et les bookers de festivals devraient sortir de leurs cliques et se concentrer davantage sur autre chose que la poutine radiophonique. Sans rien enlever à la talentueuse gang de Galaxie qui joue partout depuis deux ans, il y a plus qu’un band rock dans la province, si tu vois ce que je veux dire! À part ça, y’a plein de choses qui m’énarvent, mais ce serait vraiment trop long.
LCA: Trouves-tu que le marketing prend trop de place autant en musique que dans toutes les sphères de nos vies?
CL: Oui. Je vais sûrement être obligé d’engager quelqu’un pour faire la promo du band un de ces jours puisque je suis terriblement mauvais avec l’aspect autopromotion. En même temps, je m’en tabarnake un peu. On ne jouera jamais à Belle et Bum anyways.
LCA: Quels sont tes gros «kicks» musicaux, ces temps-ci?
CL: L’album Tired Of Tomorrow de Nothing a été la trame sonore de mon été. J’ai aussi écouté beaucoup du vieux White Zombie. On sous-estime vraiment ce band-là, en général. Sinon, je suis retombé dans mes tripes d’ados avec le Cannibal Corpse, période Chris Barnes. Pour moi, c’est comme de bonnes vieilles pantoufles. Côté québécois, je tripe pas mal sur Alex Nevsky. NOT.
LCA: Avec Teen Seizure, à quoi peut-on s’attendre en concert?
CL: D’abord, il faut noter le fait que nous retournons à la formule trio pour le spectacle du Canal, puisque Chris a des obligations avec son band hommage à Nirvana (April Hate). Nous allons probablement jouer surtout notre matériel déjà enregistré, mais compte tenu du fait que l’affiche est très variée, on s’attend à faire un show devant plein de gens qui ne connaissent absolument rien de nous. On n’est pas si méchant, mais amène des bouchons si le feedback et la disto n’est pas trop ta tasse de thé!
LCA: Quels sont les groupes punk locaux qu’il faudrait surveiller?
CL: Montréal: Fuck Toute, Disposer, Facade et Hashed Out sont certainement dans mes favoris.
Québec: Enfants Sauvages. Je n’ai rien entendu encore, mais connaissant les goûts de Steve, Maéva et Rox, c’est sûrement très bon! Sinon, Jet Black. Ce n’est pas un band punk à proprement parler, mais leur indépendance totale est crissement punk.
LCA: Quel est l’avenir pour Teen Seizure?
CL: Faire presser SEIZURE BLOODY SEIZURE, notre prochain album et premier LP, en vinyle. C’est pas mal notre projet commun. Encore faut-il l’enregistrer et le financer. Vu que Rémi me doit 40 piastres, ce n’est pas encore fait. Mais comme mon père me le disait tout le temps: l’important c’est d’avoir des projets!
LCA: Franchement, quelle est ton opinion de LCA?
CL: Je vous ai connus parce que vous avez parlé de notre premier EP en 2013 et j’ai tout de suite aimé votre façon de laisser une liberté totale à vos collabos. J’ai longtemps écrit pour d’autres plateformes et au moment où j’ai eu connaissance de votre existence, j’ai eu envie de m’y remettre. Sans compter qu’il règne un esprit de franche camaraderie au sein de l’équipe. On ne voit pas ça partout.