The Storyville Mosquito de Kid Koala : en quête d’art total
Du 27 novembre au 8 décembre prochain, Kid Koala présente sa nouvelle oeuvre à la Cinquième salle de la Place des Arts : The Storyville Mosquito.
On était invité la semaine dernière à découvrir en primeur le décor dans lequel The Storyville Mosquito évoluera. Un grand écran trône au centre. Juste en dessous, une ville miniature, avec les façades de magasin, occupe l’espace. On y trouve une salle de spectacle, quelques boutiques et bien sûr, un mini magasin de vinyle. Après tout, on ne peut pas nier que l’homme derrière cet ambitieux projet est DJ.
Derrière ce tout petit décor se trouve la maison de Kid Koala équipée d’un piano, de quelques percussions, de quelques instruments épars et bien sûr… de ses tables tournantes avec tout le nécessaire pour nous envoyer quelques minutes de scratch. De chaque côté de cet ensemble, on retrouve d’autres petits décors qui représentent des lieux comme un café, une maison. Puis, ce géant moustique, un insecte qui joue de la clarinette… parce que la musique n’est jamais loin.
Tout ce beau décor est animé et filmé par 6 caméras qui renvoient sur l’écran les images en temps réel. C’est particulièrement réussi et déjà fluide, même si Éric San nous jure que ce n’est pas encore prêt. Tout roule rondement et soudainement, ça me frappe. Sous ses airs de DJ de fin de soirée, Kid Koala caresserait-il le rêve de l’art total? À cette question, il évite le terme. Il nous parle plutôt de collaborateurs qu’il a rencontrés à différents moments et qu’en réunissant, ont construit un spectacle différent.
De l’art aussi rassembleur que marginal
Il y a quelque chose d’audacieux encore aujourd’hui à faire de la marionnette pour adulte. Les gens ramènent constamment la marionnette à un jeu pour enfant. Durant notre visite, Kid Koala va préciser à de nombreuses reprises qu’il s’agit d’un spectacle pour tous les âges. D’ailleurs, la complexité des marionnettes qui se rapprochent de celles du bunraku : les mains, les jambes et la tête sont indépendantes et capables de bouger pour donner l’illusion de la réalité. Tout en étant des insectes.
C’est audacieux comme projet, surtout en approchant le tout avec une attitude plus près de la musique que du théâtre. Kid Koala a une certaine naïveté et une ouverture à jouer avec le présent qui est trop souvent abandonné au théâtre. Les heures de répètes visent à calculer chacun des pas. Kid Koala est en constante évolution et continue d’appliquer une tradition de ces spectacles de DJ dans les projets de la sorte. Il ne manque pas une occasion de faire une référence à la ville hôtesse pour rejoindre son public. Que ce soit en lançant La bittt à Tibi à Rouyn-Noranda pour mettre le feu à une piste de danse ou prendre les informations pour savoir quels sont les restaurants populaires pour les ajouter dans le décor, il cherche à connecter avec le public à travers les détails.
L’évolution de l’idée
C’est une deuxième aventure de la sorte pour Kid Koala qui a déjà fait du millage avec Nufonia Must Fall Live. Cette fois-ci, Kid Koala veut expliquer l’importance de trouver sa vérité dans l’art et permettre à son expression artistique de surmonter les obstacles qui se dressent dans le chemin de la création. Ce n’est jamais facile de créer et il faut trouver avant tout sa force intérieure qui n’acceptera pas de plier sous le poids des frustrations périodiques. C’est une œuvre qui porte un message beau et pur.
Pendant 70 minutes, sous forme de film muet, on suit l’évolution de ce personnage décidé à jouer de la clarinette coûte que coûte. Parce qu’Eric San a été marqué par les films de Charlie Chaplin et de Buster Keaton. C’est un peu cette façon de raconter qu’il a décidé d’attaquer sur scène en faisant confiance à Patrick Martel pour les marionnettes. Est-ce que ça se termine bien? Votre hypothèse vaut la mienne.
*Cet article a été écrit en partenariat avec la Place des Arts.