Safia Nolin retire son œuvre de QUB musique
Safia Nolin, qui avait dénoncé « le harcèlement » des chroniqueurs de Québecor à son endroit la semaine dernière, enlève sa musique de la plateforme du géant médiatique.
Mise en garde : Certains propos dans cet article sont violents et pourraient offenser certain.e.s lecteur.rice.s.
Comme la situation entre Safia Nolin et Québecor est plutôt complexe, Le Canal Auditif te propose un récapitulatif des événements clés.
Le dimanche 20 février 2022, Patrick Bruel était invité à Star Académie. Deux semaines auparavant, c’était Laurence Jalbert qui se trouvait à sa place, dans un numéro dédié à la violence conjugale qu’elle avait vécue. Elle était entourée de 25 survivantes et des Académiciens et Académiciennes. Dans une publication sur Instagram, Safia Nolin a observé ces événements, les qualifiant du « summum de l’hypocrisie. » « Hier, un chanteur accusé d’agression, d’exhibition et de harcèlement sexuel se retrouvait sur la même scène, comme si de rien n’était », souligne-t-elle.
Dans sa publication, on pouvait ensuite voir des captures d’écran de la page Wikipédia de Patrick Bruel, relayant les faits. On y lit que cinq femmes ont accusé l’artiste d’exhibitionnisme, de harcèlement et d’agression sexuelle. « Les enquêtes sont classées sans suite » en l’absence d’élément permettant de caractériser une infraction pénale » ».
Ces stories paraissent le 21 février, et Safia Nolin en fait une publication afin qu’elles ne s’effacent pas après 24h, le 22 février. Le 23 février, la chroniqueuse Sophie Durocher publie un papier intitulé « Nommons Safia Nolin ministre de la Justice. » Elle y dénonce la sortie de Nolin.
Si la justice française exonère Bruel, qui est donc Nolin pour en décider autrement ? Elle a assisté à l’enquête policière, rencontré les plaignantes ? Elle était cachée derrière une plante verte au moment où les infractions alléguées auraient eu lieu ? Elle sait quelque chose que les policiers, les avocats et les juges français ne savent pas ? Pourquoi Safia Nolin se permet-elle de salir la réputation de monsieur Bruel (qui devrait la poursuivre pour diffamation) ? Pourquoi a-t-on besoin de la police ? De toute façon, Safia Nolin pense que tous les policiers sont des bâtards ! Pourquoi faire des enquêtes ? Pourquoi recueillir de la preuve ? Bruel n’a fait face à aucune accusation et il n’a subi aucun procès : l’affaire a été classée. Mais avec la méthode Nolin, où toute allégation est la preuve que la personne visée est coupable, on n’a plus besoin de procès, d’avocat de la défense, de juge ni de code criminel !
Sophie Durocher dans Nommons Safia Nolin ministre de la Justice
À noter que lorsque Durocher écrit « De toute façon, Safia Nolin pense que tous les policiers sont des bâtards ! », elle fait référence au fait que l’artiste, en performance sur les ondes d’Ici musique, ait porté un chandail sur lequel on pouvait lire ACAB (all cops are bastards, tous les policiers sont des salauds en français). Le tout survenait quelques jours après que La Bronze (Nadia Essadiqui) ait publié une photo d’elle en uniforme de police pour son rôle dans Doute raisonnable sur Instagram avec la description ACAB. Sophie Durocher en avait alors publié une chronique intitulée Policiers salauds : Safia frappe encore!
Safia Nolin avait d’ailleurs dénoncé cette chronique en story, puis en publication sur Instagram. « Je voulais aussi montrer à quel point c’est de un du harcèlement et de deux un incubateur à haine. » En effet, dans ce carrousel de neuf images, trois images représentaient des commentaires ou des graffitis apparus suite à cette chronique dans laquelle les gens insultaient la musicienne, allant juste qu’à lui proposer de se pendre. « Pends toi ou arrête de te montrer en public, mais fait en sorte que je te vois pu ta crisse de face de gros bonhomme écoeurant! », peut-on lire dans une de ces images tirées d’un message privé sur Instagram.
Après la publication de Nommons Safia Nolin ministre de la Justice, l’artiste avait fait une autre publication en accusant Richard Martineau et Sophie Durocher (ou l’ensemble des médias de Québecor, ce n’est pas clair) d’être « dangereux. » « À quel point vous vous crissez de la sécurité du monde? Combien de fois j’ai demandé que ça arrête? […] Si jamais il m’arrivait de quoi (parce qu’avec le nombre de menaces que je reçois après vos articles, y’a de quoi avoir peur), j’espère que vous arriverez à dormir sur vos deux oreilles », peut-on lire dans ladite publication datée du 25 février 2022.
Presque au même moment, soit le 24 février, la maison de disque de Safia Nolin, Bonsound, publiait eux aussi sur les réseaux sociaux pour demander à Québecor, le Journal de Montréal, Richard Martineau et Sophie Durocher « de faire preuve d’humanité et de réfléchir aux conséquences qu’ont vos mots et vos actions sur la santé mentale et la sécurité de Safia [Nolin]. » Il y indiquait que « depuis bientôt deux ans, Safia Nolin, une artiste représentée par Bonsound, reçoit des menaces de mort à une fréquence alarmante. »
Plutôt que de mener les chroniqueurs à cesser, ces publications ont mis de l’huile sur le feu. Le chroniqueur Richard Martineau a publié plusieurs statuts visant Safia Nolin personnellement le 25 et le 26 février. Entre autres, le 25 février 2022, sur sa page Facebook personnelle publique, Richard Martineau publiait un statut où il créait l’expression Faire sa Safia Nolin, assortie d’une photo du dictionnaire Larousse des débutants.
Le 3 mars 2022, Safia Nolin annonce qu’elle retire son matériel de la plateforme QUB musique appartenant à Québecor. « Chaque fois qu’une chronique négative est publiée à mon sujet, je reçois un déferlement de haine. Un post sur les réseaux sociaux du Journal de Montréal peut faire naître jusqu’à 500 commentaires haineux à propos de moi. Ces commentaires vont jusque dans ma boîte de réception et jusque sur les murs du Plateau Mont-Royal. Ils atteignent les personnes de mon entourage et créent chez moi un sentiment de peur constante », peut-on y lire.
L’artiste indique une fois de plus qu’elle a demandé à plusieurs reprises que les chroniques à son sujet cessent. « Je me sens absolument impuissante face à cette haine, mais une chose que je peux faire, c’est de me dissocier complètement de Québecor et de l’écosystème QUB. C’est le dernier recours qu’il me reste, comme artiste, pour reprendre un peu de pouvoir sur la situation », évoque l’artiste.
QUB musique, la plateforme de musique en continu de Québecor, est née en 2020. On y retrouve près de 75 millions de chansons (Le Devoir). L’objectif est de mettre de l’avant la musique d’ici.
Crédit photo: New Nostalgia