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Résumé du mois d’octobre de Kanye West : antisémitisme, White Lives Matter et Adidas

Depuis le début du mois d’octobre, Kanye West multiplie les sorties problématiques et les commentaires racistes. On te démêle tout ça dans cet article.

Chandail écrit « White Lives Matter », commentaires antisémites, liens rompus avec plusieurs compagnies de disques, disons que le mois d’octobre n’a pas été un long fleuve tranquille pour le rappeur Kanye West. Le tout s’est soldé alors qu’Adidas a mis un terme à leur collaboration qui dure depuis 2014. Mais qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là? Le Canal Auditif te démêle toute cette histoire.

Des propos racistes et antisémites

Le lundi 3 octobre, pendant la Paris Fashion Week, Kanye West a organisé un défilé de mode pour sa marque Yeezy. Il s’y est présenté en portant un chandail où on pouvait lire le slogan « White Lives Matter », à l’arrière et le visage de Jean Paul II où on peut lire « Seguiremos tu ejemplo » (« Nous suivrons ton exemple ») (Le Monde) à l’avant. Ce dernier est habituellement véhiculé par l’extrême droite américaine et « détourne le nom du mouvement « Black Lives Matter », qui milite contre le racisme généralisé envers les Afro-Américains. » (La Presse)

Capture d’écran de Twitter / Journal de Québec

Quelques jours plus tard, soit le 8 octobre 2022, le rappeur a publié un tweet où on pouvait lire qu’il s’apprête à « death con 3 » les Juifs. Il faisait fort probablement référence à un defcon, un terme militaire de menace. Le lendemain, il était suspendu de Twitter. Sa publication a depuis été supprimée par le réseau social. Il a aussi été suspendu d’Instagram après avoir partagé une capture d’écran d’une conversation qu’il a eu avec Sean « Diddy » Combs, dans laquelle il affirmait qu’il allait utilisé Combs « comme un exemple pour montrer aux juifs qui t’ont demandé de m’appeler que personne ne peut me menacer ou m’influencer » (Forbes).

Capture d’écran d’Instagram / XXL / Journal de Québec

La même semaine, soit le 6 octobre, Kanye West était en entrevue avec Tucker Carslon sur Fox News. L’entrevue a été présentée en deux parties. Le 11 octobre, Vice présentait des passages qui ont été coupés au montage où l’on pouvait entendre Kanye West avoir des propos antisémites et haineux. Suite à ce passage à Fox News, le rappeur N.O.R.E. a invité le rappeur à son podcast Drink Champs. Une fois de plus, celui qui se fait désormais appeler Ye y est allé de « nombreux commentaires incendiaires », notamment « que les juifs contrôleraient les médias, et qu’ils seraient riches parce qu’ils préféraient être quasiment tous avocats en droit familial pour gérer les divorces et donc faire le maximum de profits. » (Journal de Québec)

Selon le rappeur, il ne peut pas être antisémite, « car tous les noirs sont juifs », idée tirée d’une théorie « assimilant les noirs au sang du Christ. » (Journal de Québec). Toujours pendant son passage à Drink Champ, il a soutenu que George Floyd ne s’est pas fait tuer par le policier Derek Chauvin, mais qu’il est plutôt mort d’une surdose de Fentanyl. La famille du jeune homme décédé a intenté une poursuite en diffamation contre le rappeur, lui réclamant 250 millions de dollars (Journal de Québec).

Le 19 octobre, le rappeur américain de 45 ans était en entrevue avec Piers Morgan, et lui a indiqué ressentir « aucun remords pour son antisémitisme. » (Journal de Québec) Il s’est pourtant excusé du même souffle aux « gens que j’ai blessés avec le commentaire sur le « death con » » et aux « familles des personnes qui n’ont rien à voir avec le traumatisme que j’ai subi. » (Forbes)  Pendant la fin de semaine du 22 octobre, une banderole a été affichée en haut d’une autoroute « très fréquentée » dixit La Presse où l’on pouvait lire « Kanye a raison à propos des Juifs » et « Klaxonnez si vous êtes d’accord. »

Le 17 octobre, Kanye West faisait part de son envie de racheter le réseau social Parler. « Dans un monde où les opinions conservatrices sont jugées controversées, nous devons nous assurer que nous avons le droit de nous exprimer librement », a déclaré Ye dans un communiqué publié par Parler. Le tout survenait quelques jours après son bannissement de Twitter et d’Instagram. « Ye fait un pas révolutionnaire dans l’espace médiatique de la liberté d’expression et n’aura plus jamais à craindre d’être retiré des réseaux sociaux », soutient le directeur général de Parler, George Farmer.

Les conséquences de ses actes

Le 24 octobre, l’agence CAA qui représente le rappeur a mis un terme à leur partenariat. La société de production MRC, qui avait en banque un documentaire sur le rappeur, a annoncé qu’elle allait le tabletter. « Nous ne pouvons soutenir aucun contenu qui élargisse son auditoire », a déclaré l’entreprise au Los Angeles Times.

Ari Emanuel, le président de l’agence californienne Endeavor, a demandé aux entreprises de rompre leur lien avec le rappeur. « Ceux qui continuent à faire des affaires avec Kanye West donnent à sa haine malavisée un public », a indiqué Emanuel dans le Financial Times. « Il ne devrait y avoir aucune tolérance, où que ce soit, pour l’antisémitisme de Kanye West. »

La maison de mode Balenciaga a mis un frein à sa collaboration avec West. Même son ex-femme, Kim Kardashian, a pris position. « Les discours haineux ne sont jamais acceptables ou excusables », peut-on lire sur ses réseaux sociaux. « Je suis solidaire de la communauté juive et je demande que la terrible violence et la rhétorique haineuse à leur égard prennent fin immédiatement », ajoute-t-elle.

Adidas a finalement pris la décision le 25 octobre de rompre tous ses liens avec Kanye West. Depuis 2014, le rappeur et la compagnie allemande font ensemble la collection de baskets Yeezy. Ce partenariat a permis à l’artiste de devenir milliardaire (La Presse). Au début du mois, la compagnie dont les fondateurs étaient membres du Parti nazi (La Presse) a indiqué qu’elle allait revoir sa relation avec le rappeur. La rupture entre le rappeur et Adidas a été annoncée officiellement le 25 octobre suite à un « examen approfondi » (Les Affaires). Dès lors, la production de la gamme de produits Yeezy était arrêtée et les paiements destinés au rappeur et ses compagnies étaient gelés. (Les Affaires)

« La séparation avec le rappeur est un nouveau coup dur pour l’équipementier allemand qui a déjà revu en baisse ses objectifs annuels, à cause d’un chiffre d’affaires plombé par la politique zéro Covid en Chine et la baisse du pouvoir d’achat sur les marchés occidentaux. » (Journal de Québec) D’ailleurs, le mardi 25 octobre, le titre d’Adidas perdait près de 4% à la Bourse de Francfort. (Journal de Québec)

Au début de cette histoire, nombreux sont ceux qui ont demandé à Adidas de sortir du silence. Josef Schuster, le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, avait déclaré : « En tant qu’entreprise allemande, j’attends d’Adidas une attitude claire sur l’antisémitisme. » Jonathan Greenblatt, le directeur général de l’Anti-Defamation League, une ONG qui lutte contre l’antisémitisme, avait quant à lui tweeté « Votre silence est un danger pour les juifs » à l’intention d’Adidas.

Crédit photo: David Shankbone