Les 25 ans de CISM
Pour les 25 ans de CISM, la station a mis la gomme pour célébrer cette radio qui, contre vents et marées, donne du temps d’antenne à des artistes de la relève, aux marginaux de La Belle Province et d’ailleurs. Pour fêter ça en grand, la direction a organisé plusieurs activités: les retrouvailles des animateurs des 25 dernières années et une enfilade de trois concerts plus capotés les uns que les autres. Le 31 mars au Divan Orange, We Are Wolves et leur magie vont partir le party. Le 1er avril, le hip-hop est à l’honneur à la S.A.T. avec Loud Lary Ajust, Brown et Rednext Level (Robert Nelson + Maybe Watson) et finalement, le 2 avril, le Club Soda accueillera Galaxie, Les Hôtesses d’Hilaire et Il Danse Avec Les Genoux. Grosse fin de semaine en perspective. Pour en parler, je me suis assis avec Jarrett Mann, le directeur de la station et mon ancien patron lorsque je sévissais derrière le micro avec Les Nyctalopes.
En 25 ans, CISM a vécu plusieurs métamorphoses, mais la dernière qui s’est mise en branle il y a trois ans est sans doute la plus spectaculaire. Mann a amené une nouvelle philosophie avec lui et, aidé de Benoît Poirier, le directeur musical (et ancien de Bande à Part) ainsi qu’Étienne Dubuc, directeur de la programmation (et geek notoire) il a réussi à changer bien des choses. En commençant par le mobilier et la peinture: «On faisait plein de belles choses ici, mais on le faisait dans un environnement qui n’était pas digne». Et cette dignité, Mann a voulu la redonner à CISM. Nouveaux studios, peinture fraîche, sofa confortable en attendant que tu commences ton émission. Les bureaux de la station sont invitants, chaleureux et sobres. Ce changement plastique s’inscrit dans un plan de révolution de la mentalité.
Dans les dernières années, la station a créé sa propre application pour téléphone. En plus de ça, les gens écoutent les émissions hors d’ondes en mode podcast: «On est écouté en ligne et en podcast. On a atteint 1 million d’écoutes en deux ans. D’octobre 2013 à début janvier 2016, il y a eu 1 000 000 de fois que quelqu’un a pesé sur «jouer», soit par le site ou par l’application. Je trouve ça génial. Et ça va en augmentant». C’est aussi sur le terrain que le combat se poursuit. En effet, CISM a réaffirmé son engagement envers la communauté universitaire en diffusant les matchs des Carabins en plus d’animer le «tailgate» d’avant-match. De plus, la station est présente dans les différents festivals et événements culturels à longueur d’année. Que ce soit au Piknik Électronique ou à Osheaga, la station se présente, prend des photos, anime ses réseaux sociaux. La présence est proéminente et elle sert surtout le mandat de la station.
Jarrett Mann est toujours conscient de l’importance du mandat de CISM qui fait la promotion de la musique émergente, alternative, indie, underground… appelle ça comme tu veux. «Avec Internet, on s’est dit que ça ouvre des portes pour tout le monde, mais la convergence n’est jamais loin. Les multinationales s’emparent de tout et c’est les mêmes radios qui ont les millions de cotes d’écoute à jouer les mêmes 40 tounes. Il faut des médias alternatifs comme CISM (et les autres) pour contre-balancer un tout petit peu ces médias de masse. CISM, c’est une radio de découverte, ce n’est certainement pas une radio de nostalgie. C’est sa force, parfois sa faiblesse, parce que tu ne peux pas mettre tes pantoufles chaque fois que t’allumes CISM. Mais si tu veux savoir ce qui se fait maintenant, il n’y a pas grand-chose d’autre que CISM à la radio». Plusieurs artistes sont d’ailleurs très reconnaissants de la visibilité que CISM leur a offerte. Le disque d’or de Louis-Jean Cormier, affiché dans le lobby, en est un bon exemple.
Jarrett Mann a annoncé son départ à la fin février. Il laisse une station en bonne posture. Il croit qu’à l’avenir ça prendra un responsable des communications qui partagera encore plus ce qui se passe à la radio sur les médias sociaux. Ceux-ci sont incontournables aujourd’hui. L’utilisation de la bande FM n’est pas à nier non plus. Encore aujourd’hui, c’est au volant que les gens syntonisent la station pour découvrir les artistes à l’approche fraîche et originale.
Je suis vendu à CISM depuis longtemps. J’ai toujours trouvé que la station accomplissait une mission importante qui donne de l’oxygène au milieu bouillonnant de la relève musicale. Les membres de la station ont tendance à ressentir un fort sentiment d’appartenance. Entre amateurs de musique audacieuse, on a tendance à se serrer les coudes et tenter de faire connaître les artistes qui nous allument à la majorité. Si CISM trempe dans la marginalité aujourd’hui encore, sa voix et son rayonnement sont plus forts que jamais. Un bon 25e CISM. On vous en souhaite 25 autres belles.