FIJM 2018 : Ouri, Kimbra, M Ward et The War On Drugs
Dernier blitz de spectacle au Festival International de Jazz de Montréal avec la Montréalaise Ouri, la Néo-Zélandaise Kimbra, le Him de She & Him, M Ward et finalement la bande à Adam Granduciel : The War On Drugs.
Ouri
La Montréalaise Ouri sévit depuis quelques années avec des compositions savoureuses. On a compris vendredi au Club Soda à quel point la musique lui coulait dans les veines. Construisant ses pièces au fur et à mesure, empilant les couches manuellement, en véritable DJ. Telle une chef d’orchestre multitâche, elle nous a partagé son goût pour les grosses basses et les transitions plus lisses que du papier ciré. Ouri a laissé les bons diables du public danser en évitant habilement le silence. Et lorsque les platines se sont tues, elle a pris le micro pour remercier le public et dédier une dernière chanson à Rouè-Doudou Boicel. Ce dernier était à la tête du Rising Sun, ce club de jazz mythique qui a participé à la scène jazz montréalaise dans les années 70. Puis, elle a lancé Africa de D’Angelo et comme nous tous elle écoute l’américain chanter les paroles avec émotion :
Africa is my descent
And here I am far from home
I dwell within a land that is meant
For many men not my tone
Rappelons que les instances gouvernementales n’avaient pas été très tendres avec Boicel à l’époque lorsqu’il a fondé le Festi-Jazz. Il invitait trop de vedettes étrangères à leur goût. C’est drôle comme les choses ont changé.
Kimbra
Puis, la Néo-Zélandaise Kimbra a pris la scène comme un démon dans l’eau bénite. Sa maîtrise complète de son organe vocal lui permet aisément des sparages en chantant. Elle se promène, danse, harangue la foule, part des échantillons, joue du piano, bref, elle fait tous les temps. Et tout ça avec un immense sourire. La jeune femme s’est exprimée dans un français impressionnant à presque toutes ses interventions. Visiblement, elle était heureuse de se retrouver au Club Soda dans un jumpsuit doré (enfin nous savons où est passé le suit de Laurence Giroux-Do). Décidé à plaire au public, elle a glissé un petit bout de Somebody That I Used to Know de Gotye pendant Settle Down. Elle a offert un bon mélange de chansons de ses derniers albums et une performance parfaitement adéquate.
M Ward
C’est avec l’Américain Matthew Ward que j’ai commencé mon ultime soirée de cette édition du FIJM. Enchaînant rondement les titres, M Ward a prouvé qu’il se débrouille sur un pas pire temps avec une guitare dans les mains. Et c’est de loin la partie la plus intéressante de son spectacle au festival. Son groupe l’appuyait bien, mais des petites ratées ici et là nous faisaient désenchanter. De plus, un reverb exagéré dans son micro créait une bouillie sonore inaudible et déplaisante lorsqu’il frappait les graves. Le problème, c’est qu’il possède une voix passablement grave. Dommage.
Outre les pépins techniques, les compositions de M Ward ne sont pas les plus originales, mais il est si bon avec une guitare qu’on lui pardonne quelques faiblesses lorsqu’il s’emporte et nous joue du blues avec une passion appréciable. On a même vu le batteur de The War On Drugs venir jouer de l’œuf pendant une chanson. Rien de moins.
The War On Drugs
C’était au groupe d’Adam Granduciel de mettre fin à cette édition 2018 du Festival International de Jazz de Montréal. Devant une Place des Festivals bien remplie, l’Américain a livré ses chansons avec une passion et une précision exemplaire. Parcourant l’ensemble de ses albums, il a fait certaines pièces favorites comme Red Eyes, Pain et Under the Pressure. Il a aussi plongé dans son répertoire plus ancien avec Arms Like Boulders et Baby Missiles en plus de faire une reprise de Warren Zevon : Accidentally Like a Martyr. Tout ceci s’est déroulé devant la foule nombreuse de la Place des festivals. C’est vertigineux quand on pense que Granduciel vient de faire l’équivalent de deux Centre Bell. On salue l’initiative du FIJM de le programmer à un moment et un endroit aussi imposant.
C’était un FIJM tout à fait plaisant pour ma part. Oui, oui, la controverse entourant SLĀV a pris beaucoup de place, comme elle se doit d’ailleurs. Ce spectacle a servi à mettre à jour des tensions sous-jacentes et des malaises beaucoup plus important que Betty Bonifassi qui reprend des chants d’esclaves. Il y a eu manque d’écoute de part et d’autre, certains militants de différentes causes se sont empressés de crier plus fort que le voisin et trop souvent, il semble que les personnes qui auraient dû être écoutées n’ont pas pu se prononcer. C’est ce que je souhaite à l’avenir. Un plus grand respect des personnes concernées. Le débat, c’est sain.