The Dillinger Escape Plan
Dissociation
- Party Smasher
- 2016
- 51 minutes
«I gave you everything you wanted/You were everything to me» sont les mots que répète Greg Puciato à la toute fin de la chanson Limerent Death qui ouvre Dissociation. Lorsqu’on replace les paroles dans le contexte qui entoure la sortie de l’album, ils prennent une nouvelle dimension. Près de 20 ans après ses premières notes, The Dillinger Escape Plan accrochera ses instruments et sa hargne à la fin de la tournée pour leur sixième album. Cela fera peut-être de la peine à certains mélomanes, mais lorsqu’on lit sur les nombreuses blessures des membres à travers les tournées, on comprend qu’à l’aube de la quarantaine, ils regardent leurs corps meurtris et se disent qu’il est temps de partir alors qu’ils peuvent toujours se mouvoir seuls.
Animé depuis les débuts par une attitude DIY allant même jusqu’à encore rentrer et sortir leur propre équipement de la fourgonnette de tournée, DEP mérite entièrement de se retirer encore dans la gloire. Est-ce que le son de la formation aurait pu garder sa violence longtemps? Probablement pas. Depuis la sortie d’Option Paralysis, on sentait que l’agressivité laissait la place à des chansons mieux construites, mais moins hargneuses. Ce n’est pas comme si la formation était devenue monotone pour autant et Dissociation à plusieurs égards le démontre encore une fois.
L’électronique Fugue fera sans doute sursauter le mélomane habitué aux riffs décapant de la formation. DEP ne ramollit pas pour autant, à travers des échantillons de cordes passées au tordeur, on a droit à une basse légèrement dissonante et un boîte à rythmes hyperactive. Nothing To Forget nous rappelle cependant que la formation n’est plus la machine bruyante et excitée de jadis. C’est plus posé, parfois même un peu à regret.
Cependant, n’ayez crainte, les riffs décapants sont toujours présents sur l’ultime album de la formation. Low Feels Blvd est bruyante à souhait alors que Honeysuckle nous rappelle que les guitares ont toujours été un peu incontrôlables chez DEP. Avec le temps, la formation a trouvé une manière de créer des chansons mélodieuses qui gardent un aspect de danger et de surprise malgré tout. Symptom Of Terminal Illness est un excellent exemple de cet aspect de leur personnalité.
Dillinger Escape Plan fait bien de se retirer maintenant. Le quintette va se retirer en pleine gloire, laissant les fans éplorés, mais chez lesquels la déception de la dégringolade n’aura pas entaché l’amour. Merci, Dillinger, pour les années de musique qui décape mieux que du Varsol. Merci pour les concerts explosifs et merci pour le dévouement.
Ma note: 7/10
Dillinger Escape Plan
Dissociation
Party Smasher
51 minutes