Critiques

Alabaster DePlume

A Blade Because A Blade Is Whole

  • International Anthem Recording Co.
  • 2025
  • 43 minutes
7,5

Annoncé depuis l’an dernier avec la parution d’un EP de trois pièces (Cremisan: Prologue To A Blade) et un livre de poésie (Looking For My Value: Prologue To A Blade), le nouvel album du Mancunien Alabaster DePlume soulève des questions pour le meilleur et pour le pire.

Déjà, l’idée derrière les parutions multidisciplinaires de l’an dernier marquait. Alabaster DePlume, de son vrai nom Angus Fairbairn, a toujours été un activiste. Ouvertement marxiste et politisé, il avait enregistré son EP à Bethléem avec deux artistes palestiniens en plus de s’inspirer de poésie locale pour faire valoir leur courage et leur détermination, en plus de témoigner de son expérience d’allié occidental face aux agressions israéliennes des derniers mois.

Ce qui reste de tout ça sur A Blade Because A Blade Is Whole, outre les textes des chansons tirés de son recueil, c’est une ode à la guérison mentale et spirituelle, toutefois au sein d’un corpus d’œuvres nettement moins mordant que le précédent. L’ambiance y est plus céleste, cajoleuse, subtile, portée à nous faire dire carpe diem plus de nous engager à l’insurrection. Alabaster est en recherche de paix intérieure et nous amène dans ce voyage avec lui en nous tenant la main une pièce à la fois.

Parlons des textes en premier, parce qu’ils sont l’une des déceptions ponctuelles de l’album. Régulièrement ampoulé et angulaire, le message se retrouve dilué à force d’images plus ou moins efficaces. Form a V en est le meilleur exemple : le jazzman nous y parle de sa pratique du jiu-jitsu, sujet dont on, en bon québécois, se crisse un peu.

C’est réellement par la musique que Fairbairn s’exprime le mieux, surtout aussi bien entouré qu’il l’est sur cet opus. La fantastique Macie Stewart, autre incontournable signature d’International Anthem, signe les arrangements de cordes de la majorité de l’album en plus d’y être premier violon, que l’on remarque avec délectation dès les premières mesures de l’introductive Oh My Actual Days. Autre performance notable : la percussionniste et vocaliste Donna Thompson, aussi efficace que nécessairement effacée.

Mais la star reste évidemment le saxophone d’Alabaster, qu’il soit ténor ou baryton. Souvent doublées par des voix, amicalement chevrotantes, tantôt langoureuses, les lignes de sax restent claires et centrales sur la majorité des pièces de l’album. Et ce sont les rares fois où elles ne le sont pas que l’on assiste à des temps morts. La chanson A Paper Man est aussi confuse que touffue. Même constat sur Salty Road Dogs Victory Anthem, qui détonne un peu trop entre les deux pièces où elle est placée.

Quand ça va, ça va très bien par contre. Sur Prayer For My Sovereign Dignity, on découvre un ensemble opulent et triomphal; Oh My Actual Days, pleine de promesses, nous berce tranquillement vers l’éveil; aussi fragile qu’émouvante, Invincibility justifie tout à fait son statut de simple; et la conclusive That Was My Garden, point culminant de l’album, offre une magnifique synthèse de ce que l’on vient de s’écouter pendant 42 minutes en nous laissant avec un délicieux arrière-goût, excusant presque entièrement les quelques faux pas croisés sur la route.

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