La Place Bell, samedi soir dernier, avait des airs de conventum d’une école secondaire alors que l’iconique groupe pop-punk des années 2000, Sum 41, y enflammait la scène dans le cadre de sa tournée d’adieu, Tour of the Setting Sum.

Cette série de concerts, marquant la fin d’une carrière exceptionnelle de près de 30 ans, se conclura le week-end prochain à Toronto par un ultime spectacle.

Formé en 1996, le groupe ontarien a explosé au tournant du millénaire grâce à ses albums cultes All Killer No Filler (2001) et Does This Look Infected? (2002), qui capturent à merveille la rage et l’angoisse adolescentes de l’époque. Un public fidèle s’est formé autour de ces hymnes générationnels. Et, à en juger par l’énergie déployée dans l’amphithéâtre de Laval samedi soir, cette ferveur, même après deux décennies, reste intacte.

Pendant le concert, Deryck Whibley, le charismatique chanteur du groupe, 44 ans, en pleine forme, a demandé à la foule qui avait déjà assisté à un spectacle de Sum 41. La réponse était sans équivoque : une large majorité a explosé d’enthousiasme, témoignant d’une fidélité à toute épreuve.

Un véritable sentiment de communauté émanait de la salle. Deryck n’a cessé d’évoquer sa « Sum 41 Family », remerciant chaleureusement son public, assurant qu’il allait cruellement lui manquer. Avant d’interpréter le puissant morceau War, Deryck confie avoir vécu de gros hauts dans sa carrière, mais aussi de très gros bas. Entre succès fulgurants et moments difficiles – marqués par des problèmes d’alcoolisme, des abus subis par son ancien manager, des agressions, et des hospitalisations qui ont failli lui coûter la vie – Deryck s’est dit profondément reconnaissant envers cette « famille » qui l’a toujours soutenu. Un soutien d’ailleurs réciproque, tant il est évident que la musique de Sum 41 a été, pour de nombreux fans, une échappatoire, un réconfort face à la solitude ou l’aliénation.

Cette « famille » était belle à voir samedi soir : des trentenaires nostalgiques, bras dessus bras dessous, chantant à pleins poumons sur les ballades poignantes comme With Me ou Pieces, et secouant la tête avec passion sur les classiques énergiques, tels que Fat Lip ou In Too Deep. Le groupe a brillamment exploré l’ensemble de sa discographie, offrant un setlist difficile à critiquer. Et que dire du mosh pit presque constant sur le parterre, qui s’est transformé en circle pit endiablé lors des morceaux plus punk et métal? Les agents de sécurité tentaient, en vain, de calmer les plus téméraires qui s’élançaient en body surf, mais l’énergie collective était tout simplement inarrêtable. Le tout se déroulait dans une atmosphère de fête animée par des confettis, des ballons géants rebondissant dans la foule, des jets de fumée et des effets pyrotechniques impressionnants.

Bref, la Place Bell vibrait d’un esprit de célébration extatique, transformant ce conventum en une fête nostalgique particulièrement réussie. En fin de soirée, il était difficile de quitter cette ambiance survoltée, alors que le groupe faisait ses adieux après près de deux heures d’émotions intenses qui resteront longtemps dans le cœur des fans présents.