Pour les 10 prochains jours, Bruxelles est animée par le festival Francofaune qui donne un panorama de ce qui se passe en Belgique francophone à travers des concerts qui sont donnés dans différents quartiers.

Je m’étais ennuyé de Bruxelles et de ses gens, de ses bars qui ne ferment jamais, de son esprit de fête qui ne semble jamais tarir au soleil comme sous les nuages. On sait d’un peuple qu’il est bon vivant quand sa bière est si bonne. Et croyez-moi, les Belges sont de bons vivants! À travers les nombreuses rencontres avec les amis qui font vivre la musique de ce côté-ci de l’Atlantique, il y a des concerts qui ont assuré qu’on passe des soirées endiablées. Retour sur les deux premiers jours du festival Francofaune 2024.

MHO, Jean-Paul Groove et ses amis

Mon premier arrêt était dans le quartier Molenbeek, au Vaartkapoen ou VK pour les intimes, pour la soirée inaugurale du festival. La première artiste à prendre la scène était MHO, une autrice-compositrice-interprète qui fait un mélange de pop, de chanson française et de rap. Ses trames sont accrocheuses et dynamiques et elle a une bonne présence sur scène. Par contre, côté débit, c’est assez linéaire et manque de variété. Elle a tout de même montré de bons flashs notamment sur Les oiseaux. Un concert intéressant qui présente cette jeune figure de la scène belge.

Puis, Jean-Paul Groove a pris la scène. Pour vous donner une idée, les trois garçons du groupe sont entrés en bedaine pour venir jouer. J’ai soudainement eu peur de me retrouver dans un concert des Red Hot Chili Peppers. Heureusement, mes inquiétudes ont été rapidement dissipées par le rock électronique du trio de musiciens fort habiles avec leurs instruments. Parfois, ça fait penser à Ratatat ou à Valaire dans ses moments les plus électroniques. Le trio se débrouillait très bien seul, mais le concept de ce concert était qu’ils avaient créé de nouvelles pièces avec des invités : le rappeur Peet, la chanteuse Charles, Julie Rens et le toujours très sympathique Pierres.

Avec tous ces grooves infectieux, ça n’a pas pris de temps avant que le VK soit transformé en piste de danse. Les invités ont aussi brillé, particulièrement Julie Rens qui est arrivée avec une approche complètement différente et plus intime que les trois gars de Jean-Paul Groove ont épousé sans rechigner, puis avec le légendaire Pierres qui a mis le feu à la salle avec sa pièce simple, répétitive, mais ô combien efficace! Il a fait le tout en body surfant sur les gens comme la meilleure des stars du rock. C’était un excellent concert.

Chaton Laveur

Belle découverte pour ma part du côté de Chaton Laveur, un duo de multi-instrumentistes multitâches qui crée des trames intéressantes. Le groupe est né parce que deux colocs, Pierre Lechien et Julie Odeurs avaient une conversation. La seconde qui est ingénieure de son explique au premier qu’elle aurait aimé être musicienne, mais qu’à son âge, il est trop tard. Le premier répond : il n’est jamais trop tard. C’est ainsi que le duo nait dans cet apprentissage et ça fonctionne très bien. Pierre Lechien bat la mesure en plus de pianoter sur un synthétiseur et de chanter, Julie Odeurs joue de la basse, de la guitare, pianote aussi sur des synthétiseurs et chante. À deux, ils créent des pièces franchement intéressantes qui flirtent avec le krautrock. Julie joue parfois de sa basse comme si c’était une guitare, ce qui donne de beaux moments musicaux. Pierre est une machine à batterie. Vraiment, une belle découverte.

Noor et Meril Wubslin

Noor est une autrice-compositrice-interprète qui de son propre aveu fait de mauvais choix lorsqu’il est temps de tomber en amour. Elle présentait les pièces qui allaient se retrouver sur son premier EP à paraître le 18 octobre. Elle fait une pop mélancolique qui chante ses échecs amoureux avec habileté. C’est généralement agréable, quoiqu’il y a un peu petit côté trop théâtral dans la livraison qui fatigue. Un peu plus de retenue serait la bienvenue, étant donné que le texte traduit déjà bien les émotions. Ça donne l’impression que les émotions sont soulignées aux traits gras, alors qu’elles sont déjà bien là.

Meril Wubslin est un trio en partie belge et en partie suisse qui fait un rock alternatif qui joue beaucoup sur les répétitions et sur les pièces qui se construisent par étape en prenant le temps. Parfois, c’est très efficace et à d’autres moments, ça tombe un peu à plat. C’est le risque de l’improvisation sur le moment. Par contre, dans la majeure partie du concert, ça allait dans le bon sens. La balance de son jouait peut-être aussi un peu sur ça. Alors que Christian Garcia-Gaucher jouait de la guitare de manière appliquée, elle se retrouvait un peu trop à l’arrière-plan pour livrer l’énergie qui était déployée sur scène. Certains moments sont chantés, d’autres laissent la place à un spoken word qui sied bien à l’esthétique généralement un peu expérimentale du trio.

Gros Cœur

Gros Cœur a livré une solide prestation en fin de soirée. Le groupe qui fait dans le rock psychédélique dansant avec des petites touches de musique latine en utilisant des percussions typiques de cette musique. J’avais pu en attraper une partie de concert au Phoque OFF l’an dernier, mais j’ai mieux aimé les voir chez eux avec leur foule. Je n’ai pas compris certaines blagues destinées aux Belges présents, mais je peux dire que l’atmosphère était à la fête et ça faisait chaud au cœur à voir.

Le groupe a livré une performance très réussie où les tubes se sont enchaînés avec peu de pauses. Les sourires étaient au rendez-vous et ils étaient contagieux. Le Pianofabriek de Saint-Gilles était complice du groupe et la moitié de la salle était une piste de danse énergique. J’ai même vu un cercle de danse se créer à un certain moment. Bref, une très belle manière de terminer cette deuxième soirée de Francofaune.