POP Montréal 2023 : Tangerine Dream à l’Olympia de Montréal
C’est dans le cadre d’une vaste tournée mondiale et de la clôture du festival Pop Montréal que la mythique formation allemande de musique électronique a eu lieu.
Photos par Charles-Antoine Marcotte
Au plus grand dam de la personne censée m’accompagner hier soir (resté cloitré à la maison – covid oblige), à la prestation de Tangerine Dream, le concert était épique. Le groupe qui n’avait pas joué à Montréal depuis 2012 a offert une performance mémorable à la salle presque comble de l’Olympia. Durant près de deux heures, le trio nous a fait voyager dans le temps avec une sélection de leurs meilleures pièces tout aussi planantes qu’électrisantes.
Si je ne suis pas une grande connaisseuse de cette formation aujourd’hui légendaire, j’en avais bien sûr déjà entendu parler. Formé en 1967 à Berlin par le seul membre stable de la formation, feu Edgar Froese, le groupe est considéré comme un véritable pionnier dans le vaste monde de la musique électronique. Fasciné par la technologie qui faisait alors irruption dans certaines scènes musicales, Froese s’immerge profondément dans cet environnement. En créant ses propres instruments et en utilisant le synthétiseur modulaire (créé en 1963 par Robert Moog), il construit un univers sonore jusqu’alors inédit et qui marquera le développement de ce genre. Au cours des cinq dernières décennies, malgré les nombreux changements de membres (plus d’une vingtaine de musicien.nes ce sont succédé.es), Tangerine Dream a fait paraitre près d’une centaine d’albums dont le premier album commercial à utiliser un séquenceur musical, Phaedra (1974), qui définira bien plus que le son du groupe.
De la dernière constitution du groupe avant la mort de son créateur, seuls subsistent Thorsten Quaeschning, le nouveau leader du groupe, et Hoshiko Yamane au violon. Sur scène, s’ajoutait à ses deux membres, Paul Frick, au piano et au synthétiseur, le seul nouveau membre depuis la disparition de Froese.
Dès le début du concert, on est happé par le charisme de Thorsten Quaeschning. Chose plutôt rare, il s’adresse à la salle pendant quelques minutes, partageant notamment sa joie d’être de retour sur la scène montréalaise après plus d’une décennie d’absence. Puis, il annonce que le concert se déroulera en Ré mineur. Pour expliquer ce choix, il joue une note sur son clavier qui fait vibrer fortement la salle au plus grand bonheur du public. C’est sur cette note que le concert débute et la qualité sonore restera impeccable jusqu’à la fin du concert. À l’exception de quelques pièces pour lesquelles nous aurions préféré être debout, la performance se prêtait bien au format de concert assis qui était proposé. Les visuels simples n’avaient rien d’exceptionnel, mais ils rappelaient étrangement le caractère intemporel et insolite de Tangerine Dream. Un autre élément remarquable durant le concert a été d’observer la foule être happée par les longues pièces atmosphériques du groupe : plusieurs silhouettes, yeux clos, se mouvaient assises au rythme des mélodies oniriques. Il y avait décidément quelque chose de nostalgique dans le concert d’hier soir et les différentes générations présentes étaient là pour en témoigner.
Il y a toujours ceci de particulier dans l’idée d’aller voir des légendes dont les membres ne sont plus les mêmes qu’à l’époque : nous ne savons pas à quoi nous attendre. Cette fois, le pari a été réussi.
Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte