Le quintette mené par Rachel Goswell et Neal Halstead aurait pu se contenter de surfer, bien peinard, sur l’enviable réputation qu’il avait grappillée durant toutes ses années grâce à l’excellence des albums Souvlaki (1993) et Pygmalion (1995). Or, en 2017, Slowdive revenait à la vie avec une création homonyme inespérée pour les admirateurs; un opus qui a obtenu plus que sa part d’approbations tant de la part des irréductibles du groupe que de la presse spécialisée.

Après six ans d’absence, voilà que les Anglais nous proposent une nouvelle aventure en territoire éthérée. Réalisé par le groupe lui-même et mixé par Shawn Everett (The War on Drugs, Alvvays), everything is alive est un long format dédié à la mère de la chanteuse-guitariste Rachel Goswell et au père du batteur Simon Scott, tous deux décédés en 2020.

Pour rendre un hommage émouvant à ces deux disparus, le groupe a misé sur l’utilisation plus accrue de synthétiseurs modulaires et sur des embellissements électroniques, et ce, pendant tout le processus d’écriture des chansons.

Des pièces comme shanty et alfie sont vraiment représentatives de l’espace que le groupe accorde aux atmosphères synthétiques sur l’album. Or, Slowdive ne garde jamais bien loin ses habituelles sonorités saturées et son affection pour les paysages sonores psychédéliques. La mixture harmonieuse de toutes ces approches confère à everything is alive un aspect à la fois vaporeux et lumineux qui sied très bien aux thèmes de la mort et du deuil évoqués sur cet opus.

andalucia plays est le morceau qui symbolise à la perfection l’alliage immatériel / radieux dans lequel Slowdive a imbibé ses chansons; pièce qui s’élève magnifiquement au-dessus de nos considérations terriennes grâce aux superbes guitares « curesques » et à la voix intimiste d’Halstead :

You are my angel

Wearing your favorite shirt

French clot and polka dot

– andalucia plays

Tout en conservant intact le son si emblématique qui lui a permis de fédérer de nombreux passionnés de shoegaze, Slowdive prend également un risque calculé en bonifiant le caractère mélodique de ses chansons. Kisses constitue sans aucun doute la pièce la plus pop de tout le répertoire de la formation. Sur cette chanson, Slowdive réussit à préserver sa pertinence à l’aide des sonorités « shoegaziennes » qui ont fait sa renommée.

Parmi les autres réussites de ce superbe album, vous serez bien sûr en terrain connu avec skin in the game et the slab, mais avec un volume de saturation moins accentuée qu’à l’habitude. La voix de Goswell, plus soul dans chained to a cloud, est un véritable vent de fraîcheur mélodique. Vous vivrez aussi un beau moment contemplatif avec l’instrumental prayer remembered.

everything is alive prendra une place bien particulière dans le cœur de celles et ceux qui ont éprouvé la perte d’un être cher au cours des dernières années. En fait, la magie de ce cinquième long format studio de la formation réside dans ces magnifiques arrangements, subtilement répartis tout au long de l’opus, et qui détournent le regard de l’endeuillé vers la lumière.