FIJM 2023 : Hermanos Gutiérrez et KOKOROKO, le 29 juin
C’est au Club Soda que Estevan et Alejandro Gutierrez ont offert deux spectacles salle comble en cette seconde journée de la 43e édition du Festival de jazz de Montréal.
Les deux frères et leur indéniable chimie en étaient à leur première visite au festival; un retour bien attendu dans la métropole. Le duo de guitaristes a offert une prestation envoûtante qui, pendant plus d’une heure, a permis aux spectateurs de voyager avec eux dans une atmosphère de road trip désertique.
Vous vous doutez bien que je n’ai pas assisté aux deux performances. En effet, seule la première séance sera décrite ici.
Hermanos Gutiérrez
Paru l’an dernier, leur plus récent album El Bueno Y El Malo, est le sixième des Hermanos Gutiérrez. Bien que ces derniers se soient baladés dans l’ensemble de leur répertoire, c’est surtout cet opus qui fut à l’honneur. Produit par nul autre que Dan Auerbach, le cerveau derrière The Black Keys et The Arcs, l’œuvre demeure dans l’essence spirituelle de leur répertoire. Alors qu’il se pointe parfois le bout du nez pour la chanson Tres Hermanos, Dan, quel dommage, est présentement en Europe.
Concernant le spectacle, c’est en s’agrippant à toutes les subtilités qu’on parvient à s’immiscer dans leur univers magique et planant qui, pour certains, peut sembler redondant. C’est que, dénuées de paroles, leurs mélodies dignes de westerns, presque entièrement composées de guitares électriques et de lap steel, sont à la fois minimalistes et grandioses. En fait, lors de leurs nombreuses interventions vocales entre les chansons, les frères ont partagé quelques histoires, laissant sous-entendre que nous n’avions qu’à laisser notre imagination voguer au son des riffs pour se sentir dans une voiture roulant vers nulle part. Autrement dit, il n’y avait pas de quoi s’ennuyer!
Somme toute, avec l’interprétation notable de Thunderbird, El Bueno Y El Malo, Pueblo Man, Esperanza, El Sol Avenue, El Camino De Mi Alma et plusieurs autres, les Hermanos Gutiérrez ont donné une partie d’eux-mêmes que tous et toutes ont semblé comblé de recevoir.
KOKOROKO
C’est à 20h sous un ciel dégagé que l’ensemble londonien KOKOROKO est venu s’installer à la scène Rio Tinto située en plein cœur du festival. Ce dernier les accueille enfin après avoir dû annuler leur présence en raison d’une certaine pandémie mondiale. Le big band composé de huit membres était cette fois-ci sept, formation observable dans quelques-unes de leurs plus récentes performances. L’alliage du jazz fusion, du funk et d’afrobeat se démarque alors qu’ils citent fréquemment Fela Kuti, Ebo Taylor et plusieurs autres artistes figurant à la racine de leurs inspirations.
Il y a quelques années, le groupe s’est fait connaître grâce à l’incontestable joyau Abusey Jonction, composition de Oscar Jerome, longue trame remplie de solos qui fut interprétée avec passion par tous les membres. Cette énergie festive et rassembleuse est d’ailleurs celle à laquelle on a eu droit pendant ce spectacle théâtral et dansant.
Si c’est la première fois qu’on les voit sur scène, on penserait parfois qu’il s’agit d’un amalgame d’improvisations, ce qui est plausible puisque c’est l’une des bases de leur ensemble. Cependant, lorsque leur répertoire est déjà passé par nos tympans, on se rend compte que la formation s’amuse plutôt à interpréter leurs compositions en y ajoutant des variantes texturées, ce qui leur permet d’habiter et de partager encore plus leur univers.
C’est en 2022 qu’a paru Could We Be More, leur premier opus. Plusieurs compositions y figurant, notamment Tojo, Those Good Times et Something’s Going on été jouées hier soir. La liste des chansons interprétées a donné envie que la soirée ne se termine jamais. Carry Me Home et Baba Ayoola, deux simples, ont également fait bouger le bassin. Somme toute, ce fut un mélange éclectique de ballades et d’improvisations qui, à nouveau, a fait voyager.
Un gros merci aux artistes et au Festival qui, comme à chaque année, présente la crème de la crème.
Crédit photo: Marie-Emmanuelle Laurin