En mars dernier, la formation états-unienne MSPAINT lançait un premier pavé dans la mare avec la parution de Post-American. Le quatuor est formé du bourdonnant bassiste Randy Riley, du claviériste et faiseur d’ambiance Nick Panella, du métronome Quinn Mackay et du chanteur-marteleur DeeDee. La formation originaire d’Hattiesburg — petit bled situé dans l’état du Mississippi — propose une mixture sonore assez inventive de punk et de musique industrielle synthétique, recelant par moments quelques ascendants hip-hop.

Plusieurs journalistes musicaux se sont cassé les dents à tenter de classer plus précisément le groupe tant ce qu’il propose est rafraîchissant. Synthpunk, post nü-métal, dance-pop industrielle, faites-en vos propres déductions. Or, la musique créée par MSPAINT ne laisse personne indifférent, et ce, dès les premières auditions de cet excellent Post-American.

La facture sonore de ce long format est bien sûr abrasive. Ce qui singularise la formation est sans contredit ce parfait équilibre entre fureur et optimisme que le quatuor expose. En plus des combinaisons sonores inattendues, souvent dominées par les synthés de Nick Panella, les textes de DeeDee ne versent jamais dans de lourdes doléances sociopolitiques. Si l’auteur est critique envers les abus sociaux et environnementaux commis par les purs et durs du capitalisme, c’est une certaine forme d’espérance qu’il tente de transmettre dans la vaste majorité des textes de l’album. En fait, l’homme refuse obstinément de se laisser pourrir par ces visions anxieuses du passage à l’an 2000… qui se sont finalement concrétisées!

Dans un rap rock titré Titan of Hope, DeeDee s’exprime à cœur ouvert sur ce sincère espoir de changer les choses :

Opening up the way that we feel

The hardest thing to speak are on real

But we’re not scared anymore

We’re not scared anymore

And this mindset is a Titan of Hope

Go!

– Titan of Hope

Sur Acid, il pourfend tous ces extrémistes de droite états-uniens qui, armés jusqu’aux dents, font craindre le pire à plusieurs. Mais le chanteur, lui, n’en a rien à foutre de la peur…

Killers in the street, they appoint to keep us all afraid

Of what may happen, of what they would say

If we rose above action, keep the pressure applied

– Acid

Post-American est solide du début à la fin. Free From the Sun est un vibrant plaidoyer en faveur d’une nouvelle conscience économique qui tiendrait enfin compte de la donne environnementale, qui elle, s’incarnerait dans une sorte d’affranchissement de notre amour du béton, du pétrole et de tous ses dérivés… Le refrain de Think It Thorugh est une véritable bombe. Et que dire de l’explosive conclusion? L’introductive Information est un magnifique brûlot synthpunk. Et on salue bien bas l’intervention d’un des meilleurs hurleurs du punk hardcore américain, Pierce Jordan de l’excellente formation Soul Glo, dans Decapitated Reality.

Si le punk hardcore peut parfois s’avérer répétitif, inutilement colérique et sans espoir, l’écoute de ce Post-American de MSPAINT agit comme un véritable coup de pied au cul à la morosité ambiante, ravivant ainsi la confiance nécessaire à l’avènement d’un monde meilleur… même si les changements tant espérés pourraient prendre un certain temps.