En 2020, BACKXWASH est rapidement passée d’un projet très marginal, principalement basé à Montréal. à une artiste reconnue mondialement avec l’excellent GOD HAS NOTHING TO DO WITH THIS LEAVE HIM OUT OF IT qui lui a valu un prestigieux prix Polaris. Dans les dernières années, BACKXWASH y allait de manière « un peu cowboy » avec les échantillons; une des raisons pour laquelle son album n’est pas disponible sur les plateformes d’écoute en ligne. Voici que près d’un an plus tard, et après un EP où elle échantillonnait des groupes de métal chrétiens, elle nous revient avec I LIE HERE BURIED WITH MY RINGS AND MY DRESSES.

L’album est une expression brutale de la douleur que BACKXWASH exprime avec peu de pudeur. Plus intime que le dernier album, moins ésotérique, l’artiste plonge dans des émotions difficiles en y trouvant peu de réconfort. Malgré cette absence de solution, une certaine catharsis s’opère et on sort de l’écoute d’une trentaine de minutes avec un sentiment de paix. PURPOSE OF PAIN qui ouvre la marche donne rapidement le ton : un peu de douleur est bon puisque c’est un indicateur qu’une plus grande est en gestation et qu’il est temps de prendre soin de soi.

Là où les pièces classiques de rock issu du répertoire de Led Zeppelin et Black Sabbath sont absentes, BACKXWASH nous propose plutôt des trames fortes créées par des artistes établis : deux membres de Code Orange y apparaissent sous le nom NOWHERE2RUN et les deux membres de Clipping., qui s’occupent de la composition, y sont aussi sur l’excellente BLOOD IN THE WATER. Sur cette dernière, BACKXWASH mélange le style de Clipping. sans non plus trahir sa propre façon d’aborder le rap. Les échantillons sont toujours présents, comme le démontre BURN TO ASHES qui pige un morceau de World Police And Friendly Fire de Godspeed You! Black Emperor.

Ada Rook (Black Dresses) a été très impliquée dans la création de l’album. En plus de fournir des trames, de prêter sa voix à deux pièces, elle a assuré la majeure partie du matriçage. On la retrouve dans toute sa force sur la chanson-titre où sa voix se fait black métal et brutale. Entre ces moments, BACKXWASH distribue les coups de gueule et cible tous les idiots : les racistes, les antiféministes, etc.

My only reason for being locked in submission
Or caught off religion
Is born as part of the system, I see the
The holy scriptures
Politics on the women
The prodigies and ambition
Their fallacies are forgiven, I see
Lost in addiction
Exiled from my sisters
The colonies and their vision
Robbing me of my diction

— I LIE HERE BURIED WITH MY RINGS AND MY DRESSES

Cette pièce qui semble incarner un mauvais rêve frappe dans le mille. SONGS OF SINNERS est franchement réussie. La trame est signée par BACKWASH et invite Sadie Dupuis pour l’appuyer vocalement et Ada Rook à la guitare. Censored Dialogue rejoint BACKXWASH sur l’excellente TERROR PACKET qui traite de la difficile transition et de la réaction des proches à ce changement. Celle-ci est une des meilleures pièces de l’album. NINE HELLS est aussi une pièce forte avec sa thématique de la perdition à travers les substances qui altèrent les perceptions.

Sur son précédent, BACKXWASH surprenait par le mélange de rap et de métal. Si cette surprise est estompée, elle est rapidement surpassée par la qualité des trames qui lui servent de terrain de jeu pour sa parole franche et puissante. I LIE HERE BURIED WITH MY RINGS AND MY DRESSES pourrait réussir l’exploit de prendre la première position des tops de fin d’année pour une deuxième année consécutive. BACKXWASH est au top de sa game.