Chroniques

Une entrevue avec Navet Confit

photo_nom762Navet Confit fait paraître son septième album et nous l’avons rencontré pour en parler. On en a profité en même temps pour jaser de la vie, de théâtre, de ce que représente aujourd’hui le monde musical.

LP: Comment ça s’est passé pour la composition de l’album? Est-ce que ce sont des pièces que tu avais accumulées avec le temps ou est-ce que tu t’es arrêté pour composer? Parce que Mannequin de magasin, ça fait un petit bout de temps que tu la joues en spectacle.

NC: Ouais, y’a des tounes qu’on avait déjà monté depuis un bout de temps. L’année passée, j’ai eu un été vraiment occupé et à l’automne je me suis réservé une semaine dans un chalet sans internet, sans téléphone pour préparer l’album et écrire les chansons. J’étais tout seul avec une basse, une guitare, un micro et mon «pro-tools». C’était vraiment minimal, mais j’ai quand même réussi à faire du punk avec ça. C’était un défi que je m’étais lancé, un genre d’exercice de style.

LP: Parce que c’était vraiment un choix que l’esthétique sonore plus crade? T’as toujours été bruyant, mais là, c’est le ton qui est punk.

NC: Oui, c’est particulièrement plus radical. Mon booker m’avait appelé pour un spectacle dans un festival ou j’étais dans une série découverte alors que ça fait dix ans que je la fais et ça m’a un peu découragé. C’est comme si je me rendais compte qu’il ne s’est rien passé depuis dix ans et que j’étais encore à la même place. C’est comme si on n’allait jamais être considéré comme «émergé» ou respecté pour le sérieux de notre démarche. C’est là que j’ai répondu à mon booker: c’est correct, je vais faire un show punk. C’est comme une joke devenue réalité. C’est souvent ça mes albums d’ailleurs… Mais j’avais quand même un peu de Mannequin de magasin, de Février (pas comme la chanson de Vincent Vallières) et ça s’est tout réuni sur l’album. Pis Carl-Éric avait des chansons qu’on a «grungisées» et Annie-Claude (Deschênes) avait un texte d’écrit. On a commencé par monter ça pour le spectacle punk et la transition pour l’enregistrer a été super simple à faire.

LP: Butterscotch Nuts, est-ce que c’est le début de ton virage à la Céline Dion?

NC: Non.

LP: T’es sûr que tu ne veux pas conquérir l’Amérique et avoir un show à Vegas?

NC: Arrête de niaiser cr****

LP: Ok. Crisse que t’es conne, ça vient d’où?

NC: C’est un monologue intérieur avec moi-même et puis je suis accompagné de la chorale féministe de Mansonville qui est composée de mes ami(e)s qui se sont fait niaiser aussi un moment donné. T’sais quand tu te fais niaiser pour vrai. Ce qui est le fun c’est que c’est quelque chose qu’on est habitué de se dire à soi-même tout bas, mais là c’est amplifié et crié tout haut.

LP: Ça rentre au poste.

NC: Ça a été un album demandant, mais pour ceux qui n’aiment pas ça, ça ne restera pas de même, c’est juste une phase. Par contre, c’est vraiment le fun pour la tournée le trip «noisy». C’est le fun de partir en power-trio, sur la route, pour faire du grunge. C’est le fun. On est des vieux amis, on se connaît, on a du fun. C’est léger. Mais là, je vais peut-être me mettre à triper jazz, ou je vais peut-être faire un album avec Les Sœurs Boulay. Full folk. J’aimerais ça faire des collaborations inusitées.

LP: Dans ma critique, je dis que je te trouve post-moderne dans tes textes.

NC: Ah oui, je ne savais pas que je l’étais. Mais ça veut dire quoi?

LP: C’est surtout que tu fais la réappropriation de symboles culturels pop comme Kevin Bacon, Vincent Vallières et que souvent c’est lié à un humour absurde. Je fais surtout référence à l’utilisation des symboles culturels que tu vires à l’envers, à l’absurde.

NC: C’est important sinon, j’aurais enregistré Février à la SOCAN pis ça aurait été super mêlant pour eux si je n’avais pas ajouté la parenthèse (pas comme la chanson de Vincent Vallières) pis les paroles ont un peu découlé de ça. Je ne cherchais pas tant que ça à «name-dropper» Vincent Vallières. Puis, là je me suis rendu compte qu’il y avait aussi une toune de Félix Leclerc, c’est pour ça que je précise dans le dernier paragraphe que c’est vraiment MA chanson. Ça vient souvent de jeu que je fais avec Géraldine ou encore tout seul dans ma tête. Ce qui est encore pire. Mais je ne tiens pas à ce que j’écris soit intemporel, j’aime mieux prendre ce qui m’entoure et l’utiliser. En même temps, plus ça va et j’essaie d’avoir le moins de mots possible. J’essaie de faire des grandes images avec très peu de mots.

LP: Et la radio commerciale?

NC: Oui?

LP: «Ça me donne envie de fumer du crystal dans mon vomi, de me tirer une balle entre les sourcils»?

NC: Mais ça, c’est réel. À chaque fois que je vais à l’épicerie et que la radio joue, ça me fait capoter. Je me demande souvent comment les caissières font pour ne pas devenir suicidaires. Je trouve que c’est une insulte à l’intelligence humaine, les chansons, surtout les publicités et le ton lobotomisé des présentateurs. C’est incompatible avec moi même si j’ai étudié en radio au Cégep de Jonquière. J’ai même travaillé momentanément à la radio commerciale, mais j’ai été incapable longtemps. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas une job plus loin de la musique que de travailler à la radio.

LP: Et puis, comment t’es-tu retrouvé au théâtre?

NC: Guillaume (Tremblay) m’a approché pour les Gerrys puis il y a eu Clotaire Rapaille. On se connaissait depuis le Cégep et on s’est retrouvé à Montréal. Sarah Berthiaume? Elle a tripé sur la musique de Géraldine et elle voulait travailler avec moi. Maintenant, j’ai même une compagnie de théâtre avec Guillaume et Olivier (Morin). Eille, c’est Kiss From A Rose qui joue? J’aimerais ça que tu parles de Seal dans ton entrevue.

LP: D’accord.

NC: Ah oui et je voulais dire que je suis vraiment fier de la pochette et que de mettre des faces de chats sur des êtres humains c’est fou. Quand j’ai vu la pochette pour la première fois quand elle est arrivée de l’imprimerie, j’étais excité comme une jeune fille après son premier baiser.

LP: Merci beaucoup Navet.

NC: Merci à toi.

http://navetconfit.com

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