Tindersticks
The Something Rain
- City Slang Records
- 2012
- 50 minutes
Des dizaines d’écoutes plus tard, on ne sait toujours pas s’il faut rire jaune ou s’il vaut mieux passer outre cette intro-narrative de neuf minutes racontant une histoire d’un soir sucrée et coquine… qui tourne au vinaigre.
Chocolate ouvre ce neuvième album du groupe anglais Tindersticks, The Something Rain, et a le mérite de surprendre. D’abord, c’est la voix de David Boulter et non celle de Stuart Staples, leader vocal habituel du trio (l’autre membre étant Neil Fraser), qui raconte cette proposition saugrenue, cette histoire où le comique et la tristesse se côtoient, où la mélancolie prend le dessus sur la surprise.
Ensuite, il y a justement cette idée d’une si longue narration en première plage. Pour ceux qui connaissent l’œuvre de Tindersticks (neuf albums studios et près de 20 ans de carrière), on pense immédiatement à My Sister, troisième pièce de l’album Tindersticks II, paru au milieu des années 1990 ; même chanson-narrative, même simplicité des arrangements, même formule… mais pas du tout la même histoire!
On salut l’idée de ce flashback. Par contre, et cette question nous revient à chaque fois qu’on réécoute l’album : pourquoi placer Chocolate en ouverture et non pas en conclusion ?
N’ayant pas encore trouvé de réponse – y en a-t-il seulement une ? – attardons-nous plutôt à l’ensemble de l’œuvre composé par les huit autres éléments de ce nouvel opus.
Au fil des écoutes, on perçoit un changement majeur. Il est clair qu’un glissement s’est effectué depuis les débuts de Tindersticks; outre quelques éléments rock saupoudrés en petite dose ici et là sur tous les disques du groupe, tout comme sur ce nouvel opus, la trame de fond sonore a évolué.
Alors que l’on misait au départ sur une influence de la musique classique dans les arrangements et la structure, c’est vers le jazz-lounge qu’on se tourne sur The Something Rain : les trompettes en sourdine, la batterie battue aux pinceaux, le roulement des doigts sur la basse et les doux maracas accompagnent plus souvent qu’autrement la voix de Stuart Staples.
Si le musical a changé, l’instrument vocal du «baryton-crooner» demeure encore et toujours «LA» pierre angulaire des chansons noires de Tindersticks. Ici, moins en puissance que sur d’autres albums, mais toujours aussi lourde et poignante au cœur. Il y a donc dans ce The Something Rain une continuité… dans le changement. Une évolution qui sera intéressante à suivre, pour voir et entendre où se poursuivra le chemin de Tindersticks.
Ma note : 7/10
Tindersticks
The Something Rain
City Slang
50 minutes
www.tindersticks.co.uk/intro.php
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