Thus Owls
Turning Rocks
- Secret City Records
- 2014
- 46 minutes
Thus:Owls est un projet qui met en vedette un couple, autant dans la vie quotidienne que professionnelle. En effet, Simon Angell (guitariste de Patrick Watson) et Erika Alexandersson (chanteuse suédoise) fédèrent leur destinée au sein d’un groupe qui allie merveilleusement bien la pop orchestrale, les arrangements touffus, les expérimentations duveteuses ainsi que de franches envolées musicales pourvoyant frémissements et émotions. De plus, le tandem Angell/Alexandersson partage son existence entre Stockholm et Montréal, ce qui confère à l’œuvre de Thus:Owls une sensibilité forte qui s’accointe superbement à un flegme éthéré, évoquant les grands espaces scandinaves.
Ceci dit, la dernière offrande, intitulée Turning Rocks, prend un virage un peu plus accessible que les précédents rejetons, délaissant acceptablement les salves expérimentales. Celles-ci ne sont pas complètement absentes du spectre sonore présenté par Thus:Owls, mais disons que l’accent est plus appuyé sur l’interprétation envoûtante d’Alexandersson; une exécution qui avoisine passablement le travail de Florence Welch (Florence + The Machine)… en moins grandiloquent il va sans dire.
Cette performance tout en retenue de la part de la chanteuse, amalgamée à l’utilisation judicieuse d’une panoplie de claviers vintage (Farfisa, Hammond, Wurlitzer, Mellotron) attribue à ce Turning Rocks un cachet délicieusement rétro, tout en maintenant un certain mysticisme. On y entend définitivement autant du Kate Bush que du Portishead, octroyant à cette sitedemo.cauction une singularité d’exception, tout en demeurant d’une charmante intelligibilité.
Cette mixture prend particulièrement tout son sens sur la pièce-titre, Turning Rocks, où les claviers accentuent élégamment la prestation nuancée d’Alexandersson. On note également ce même mélange des genres sur White Flags Down. Les guitares d’Angell sont moins présentes qu’à l’accoutumée, mais on reconnaît aisément le jeu du guitariste, entre autres sur Smoke Like Bird et Could I Dream That Dream Once More. De plus, Thus:Owls a cru bon conclure ce Turning Rocks avec un invité montréalais de marque. Sans conteste, Taylor Kirk de Timber Timbre livre une superbe performance sur une Thief complètement désarmante.
Cependant, la pièce de résistance de cette élaboration sonore constitue sans contredit la pianistique (se transformant en explosion musicale dissonante) titrée As Long As We Try A Little; une grande chanson! Fait à noter, Alexandersson se lassant d’écrire sur elle-même a tenté de bifurquer vers une direction moins personnelle afin de laisser place à des moments d’écriture plus oniriques et moins narcissiques. On ne peut que s’incliner humblement devant cette prise de risque.
Sans être LE grand disque pour la formation suédoise/canadienne, ce Turning Rocks s’ajoute persuasivement à la feuille de route bien garnie de Thus:Owls. De création en création, lentement, mais sûrement, le groupe rallie de plus en plus de mélomanes à sa cause et c’est de cette modeste manière que la plupart des architectes musicaux devraient envisager la réussite, en misant sur la constance plutôt que sur le foudroyant. Une autre réussite au compteur!
Ma note : 7,5/10
Thus:Owls
Turning Rocks
Secret City
46 minutes
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