Osees
Drop
- Castle Face Records
- 2014
- 33 minutes
Au mois de février dernier, l’hyperactif créateur rock John Dwyer présentait une sitedemo.cauction électro-rock aux exhalaisons de krautrock sous le pseudonyme de Damaged Bug. Puisque Dwyer déteste se tourner les pouces, le voilà de retour avec sa formation coutumière nommée Thee Oh Sees, en nous offrant une dixième, onzième ou douzième offrande studio (on ne sait plus et on ne les compte plus!) titrée Drop. Des rumeurs de rupture ont fait surface en début d’année, Dwyer annonçant sur scène qu’il mettait fin, pour un moment, à la vie de tournée de Thee Oh Sees.
En même temps, il semblerait que le groupe sera de la partie, cet été, dans quelques festivals. Bref, hiatus ou non, on s’en fout éperdument! Voilà que survient ce Drop qui fait suite à l’excellent Floating Coffin paru l’an dernier. Si sur Floating Coffin, la pédale garage-rock rugueuse et salopée était sublimement enfoncée au plancher, cette fois-ci, Thee Oh Sees présente un joyeux foutoir brinquebalant, jouissif et intègre évoquant tous les genres musicaux visités au cours des dix-sept dernières années de leur florissante carrière. Le garage-rock décoiffant côtoie astucieusement la pop-psychédélique, qui elle, fraye avec un space-rock/krautrock délicieusement synthétique.
Aux premières écoutes, on note un penchant hallucinogène accentué, accessible et psychédélique comparativement à la facette abrasive/échevelée de la précédente tentative. En même temps, ce Drop demandera quelques auditions afin d’en apprécier toute sa substance, car la bande à Dwyer arpente différentes atmosphères sonores; ce qui pourrait déstabiliser le mélomane friand de constance et de cohérence absolue.
Fait à noter, le songwriter multi-instrumentiste Mikal Cronin vient porter main forte à Dwyer sur quelques morceaux. Est-ce qu’on est surpris? Pas du tout, puisque Cronin, Ty Segall et Dwyer galèrent souvent ensemble au sein de différents projets musicaux aléatoires et sont les fiers porte-étendard de la scène garage-rock narcotique de San Francisco. Si vous aimez les guitares encrassées hypnotiques, les synthés vintage (mellotron, clavecin, wurlitzer etc.) les mélodies parfois fédératrices, à d’autres moments noyées dans la réverbération, et par-dessus tout, les ambiances lysergiques directement transplantées des sixties, vous serez particulièrement ravis par ce Drop.
Sur ce disque, Thee Oh Sees sitedemo.caigue un amalgame de brûlots rock et de ritournelles pop-psychédélique de qualité supérieure: la superbe Sabbath/Stooges/White Stripes intitulée Penetrating Eyes, l’anesthésiante rythmique dans Savage Victory, la salopée pièce-titre évoquant The Who nommée Drop, le riff imparable fertilisant Camera, l’utilisation judicieuse du clavecin dans The King’s Noise, la quasi noisy Transparent World de même que la beatlesque The Lens constituent les morceaux phares de cet album.
Que dire de plus au sujet de Thee Oh Sees? On peut penser que le rythme de travail effréné de la formation l’empêche de créer des conceptions sonores avoisinant ce que le mélomane averti considère comme de grands disques. Du même souffle, cet empressement à catapulter autant de créations (souvent d’une indiscutable qualité) dans un laps de temps aussi réduit, commande un respect sans réserve. Nul doute, c’est encore une fois réussi!
Ma note : 7/10
Thee Oh Sees
Drop
Castle Face
33 minutes
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