The Soft Moon
Deeper
- Captured Tracks
- 2015
- 44 minutes
Luis Vasquez est un type qui écrit, joue et réalise toutes les pièces qui se retrouvent sur les albums portant le sceau The Soft Moon. Trent Reznor fonctionne également de cette façon depuis 1986. Ce n’est d’ailleurs pas le seul lien que l’on peut faire entre Vasquez et le cerveau de Nine Inch Nails: la principale muse de The Soft Moon étant également la folie et la perte de contrôle sur soi-même. C’est juste que l’univers peint par Vasquez est légèrement plus cauchemardesque.
Si vous débarquez un jour dans un show du projet solo de Vasquez (qui devient lui aussi un groupe sur scène), dites-vous que c’est exactement ce à quoi vous êtes en droit de vous attendre en écoutant un album. Des musiciens jouant très fort dans un épais nuage de volutes de fumée aveuglante et des stroboscopes. La musique évoque exactement une esthétique de mystère et de sophistication sombre que l’on retrouvait par exemple dans le bar Technoir (du premier Terminator) ou aux Foufounes Électriques dans les années 1980 (ou dans Cruising Bar)…
Le titre de l’album décrit parfaitement le cheminement du projet. On va encore plus profondément dans le glauque et la froideur. Si bien que le groupe se fait désormais décrire par le terme un peu pompeux de «néo-post-punk». Ça les amis, c’est goth pas à peu près. Y’a pas un magasin Cruella qui est capable d’endosser ça!
Trêve de plaisanterie, ce serait bien mal servir l’album que de le décrire comme un objet gothique unidimensionnel et cliché. La musique de Vasquez a plein de surprises agréables à offrir à l’auditeur qui ne l’écoute pas qu’en arrière-plan dans un party de vampires. Far évoque un mélange très étrange entre les Cure de l’époque Pornography et Depeche Mode ou Flock Of Seagulls. Wasting commence tout en ambiance lugubre pour rapidement devenir une excellente pièce émotive que Tears For Fears n’aurait pas reniée. Desertion est construite sur un beat «trance» assez hypnotique et on retrouve ici et là des pointes de Skinny Puppy et de NIИ. Il faut attendre la rythmée Feel pour entendre une première pièce vaguement dansante et accrocheuse. La pièce titre est une attaque de percussions ponctuée de voix chuchotées et criardes qui se démarque assez du reste pour justifier le fait qu’elle donne son nom à l’album. Le tout se termine avec sa plus longue pièce, Being, et ses phrases réconfortantes répétées ad nauseam (I can’t see my face/I don’t know who I am/What is this place?/I don’t know who I am) et une finale noise de deux minutes et demie. Bref, rien de trop réconfortant pour quelqu’un qui n’est pas trop habitué à la musique moins gentille. Ce n’est pas du Tame Impala, mettons!
En gros, c’est un disque moins violent que son prédécesseur (le menaçant Zeroes de 2012), mais aussi moins unidirectionnel et plus aventureux. Il est également un brin moins chuchoté et plus verbeux, malgré le fait que l’ensemble des textes tient probablement sur deux ou trois «post-its». À consommer avec modération (pour ne pas devenir fou), mais avec des écouteurs et beaucoup de volume.
Ma note: 8/10
The Soft Moon
Deeper
Captured Tracks
44 minutes
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