Quand The Dodos a attiré l’attention de la presse musicale en 2008 avec l’album Visiter, le duo de San Francisco venait combler un espace qui se devait d’être rempli entre l’indie rock mélodieux et le psych-folk tribal. Le chanteur et guitariste Meric Long combinait ses phrasés rythmiques africains aux influences métal du batteur Logan Kroeber, et y ajoutait une généreuse couche de mélodies pop et de mélodrame adolescent. Le résultat faisait penser à une version plus propre et plus sobre d’Animal Collective.

Une fois le buzz de Visiter éteint, The Dodos ont poursuivi leur chemin sans trop faire de vagues et ont perdu un peu de l’intensité dramatique de leurs débuts. La dernière fois que le duo était dans les actualités musicales, c’était en 2012 après la mort surprenante du guitariste canadien Christopher Reimer, qui avait rejoint ses rangs après avoir sabordé son groupe Women. On sera tenté de voir là l’explication de la fascination pour la mort et l’incertitude dans les textes de Long, mais ces thèmes étaient déjà bien présents sur les albums précédents des Dodos. Le décès de leur ami explique peut-être cependant le ton un peu plus mélancolique et maussade sur la deuxième moitié de l’album (ou peut-être est-ce simplement l’âge qui fait son œuvre).

Carrier possède les mêmes défauts et les mêmes qualités que l’album précédent, No Color. Quelques chansons particulièrement réussies en début d’album font gonfler et dégonfler votre cœur avec des mélodies très inspirées et des structures polyrythmiques pleines de dynamiques; le reste est bien fait sans être particulièrement marquant. Les mélodies idiosyncrasiques s’enchaînent sur fond de rythmiques tendues culminant en de subites résolutions explosives. S’il ne régnait pas une atmosphère de lassitude sur autant de chansons, on aurait une galette gagnante entre les mains.

N’enlevons cependant rien au puissant trio de chansons en ouverture, particulièrement la triomphante Confidence, qui se classera assurément parmi mes chansons de l’année. Ces chansons nous montrent que quand Long et Kroeber font plus que simplement combiner les ingrédients de base de leur musique, quand ils sont particulièrement animés par la mélodie et le rythme qu’ils ont trouvés, la pâte lève sans problème.

Ma note : 6,5/10

The Dodos
Carrier
Polyvinyl
41 minutes

www.dodosmusic.net/

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